NETTALI.COM - La cérémonie d’ouverture de la 63e session de la conférence des chefs d’Etat de la Cedeao s’est tenue hier à Bissau, en présence d’une dizaine de Présidents. L’occasion a été saisie pour aborder la question sécuritaire dans la sous-région avec la mise en place d’une Force d’intervention africaine pour lutter contre le terrorisme avec le retrait de la Minusma au Mali. 

L’idée n’est pas nouvelle. Elle est encore revenue sur la table lors de la 63e session de la conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afriques (Cedeao), tenue ce 9 juillet 2023, à Bissau (Guinée Bissau). C’est une initiative louable. Elle est fédératrice et pourrait à terme contribuer grandement à pacifier la sous-région et le continent africain miné par des conflits de diverses natures (terrorisme, coups d’Etat, crises entre Etats…). Depuis les indépendances, l’Afrique qui peine à régler ses problèmes internes, fait appel très souvent aux Nations-Unies ou à l’ancien colonisateur pour le règlement des différends ou pour accompagner des transitions politiques. Près de 60 ans après les indépendances, la pacification du continent préoccupe les dirigeants africains et reste un objectif majeur pour la Cedeao. C’est dans ce cadre que le Président Macky Sall avait réaffirmé son appel pour la mise en place d’une Force africaine en attente, lors de la cérémonie de passation de témoin de la Présidence de l’Union africaine (Ua) à son collègue des Comores, Azali Assoumani, le samedi 18 février 2023, à Addis Abeba, en Éthiopie. Président sortant en exercice de l’Union africaine, Macky Sall avait appelé à la mise en œuvre des engagements du Sommet extraordinaire de Malabo (Guinée équatoriale) de mai 2022, à savoir rendre opérationnelle la Force africaine en attente, créer une Unité de lutte contre le terrorisme et financer de façon plus conséquente et plus prévisible les efforts de lutte contre ce fléau. Ainsi, si au niveau international, la sécurité collective est prise en charge par l’Organisation des Nations-Unies (Onu), sur le plan continental, elle incombe d’abord à l’Union africaine et dans le cadre régional à la Cedeao. Mais au vu des difficultés d’assurer la sécurité collective en Afrique, la Cedeao a-t-elle les capacités à mettre en place la Force d’intervention ? Avec le départ de la Minusma au Mali, quels sont les défis à relever pour que la Force soit opérationnelle ?

La problématique du financement et du leadership de la Force

La menace terroriste qui sévit de plus en plus dans la sous-région ouest africaine inquiète au plus haut niveau les autorités étatiques. Ainsi, face au terrorisme et aux changements anticonstitutionnels, la conférence des chefs d’Etat de la Cedeao a réfléchi sur la mise en place d’une Force d’intervention. «Les acteurs ont travaillé sur le document. On va vers la mise en place d’une Force d’intervention pour la sous-région. Aujourd’hui avec le départ de la Minusma au Mali, il faut aller vite pour pouvoir faire face à la menace. Et l’objectif c’est d’avoir 5 000 hommes, mais dans l’immédiat on mise d’abord sur une brigade de 1 600 hommes», confie une source à L’Observateur.

Consultant en relations internationales, Aly Fary Ndiaye juge que l’initiative est bonne et l’opportunité d’une Force d’intervention africaine peut s’expliquer avec le contexte de retrait de la Minusma au Mali qui est plus considérée comme une force extérieure à l’Afrique. Et cette volonté de faire quitter les forces françaises un peu partout dans les pays où on a un régime militaire. Alors qu’une Force d’intervention de la Cedeao serait vue comme une force africaine. Pour le consultant en relations internationales, cette force sera plus acceptée par les pays où elle interviendra. Seulement Aly Fary Ndiaye fait savoir que la question du financement et du leadership de la Force reste le grand problème. «Est-ce qu’on va vers des forces traditionnelles comme dans le passé où ceux qui payaient le plus commandaient ces forces. Dans le passé, c’est le Nigeria qui assurait le commandement des forces africaines d’intervention. On va reproduire le même schéma ou on sera dans une force en dépit des différents financements, on arrivera à un commandement rotatif en fonction des zones d’intervention. Par exemple, si le conflit intervient dans une zone anglophone, la force pourrait être dirigée par un pays anglophone qui est sociologiquement et géographiquement en mesure d’intervenir plus rapidement. Et pareillement pour les autres zones. La question du financement doit être clarifiée et que chaque Etat respecte ses engagements financiers. La question du leadership doit être aussi discutée», explique-t-il.

Bola Tinubu, nouveau Président en exercice de la Cedeao

Pour ce qui est de la question des troupes, il fait savoir que c’est un bon début que la Cedeao table d’abord sur 1 600 hommes parce qu’une bonne partie des pays ont des problèmes internes liés au terrorisme et qu’ils se basent sur leurs forces militaires pour faire face aux attaques terroristes. Et cela peut impacter sur le nombre d’hommes disponibles. Mais pour lui, l’important c’est que les chefs d’Etat soient d’accord sur le principe et discutent des modalités de mise en œuvre de la Force, même s’il faut démarrer avec un embryon cellulaire et penser à terme atteindre 5 000 hommes.

La 63e session de la Cedeao a été aussi l’occasion pour le Président Umaro Sissoco Embalo de passer le témoin Bola Tinubu. Le Président du Nigeria a été désigné hier à Bissau, Président en exercice de la Cedeao. Bola Tinubu, Président du Nigeria depuis le 29 mai 2023, qui participait à son premier sommet pour la Cedeao, est revenu sur les questions sécuritaire et économique.