CONTRIBUTION - Il est inacceptable que nos jeunes civils et des forces de défense et de sécurité continuent de mourir, que les blessés recommencent à affluer dans les structures sanitaires, que les biens publics et privés soient détruits, que la psychose sur la sécurité immédiate des enfants gagne toutes les mères de famille, que nous assistons impuissants aux spectacles inadmissibles de villes défigurées par les incendies, avec des routes calcinées par des pneus brûlés, dans une atmosphère irrespirable de gaz lacrymogène.

Nous courrons tout droit vers la fin de la paix, notre havre de paix tant vanté à travers le monde.

La paix n’a pas de prix. Elle est la protectrice de ce petit bout de terre qu’est le Sénégal, du peuple de la teranga, du teddungal, de la convivialité.

La paix est le meilleur atout diplomatique, culturel, social et économique que les trois Présidents de la République Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et leurs oppositions d’alors nous ont léguée.

Lorsqu’un pays africain perd la paix, il sacrifie sa stabilité politique, économique et sociale. Il ouvre ses frontières aux infiltrations mortifères de tous les fauteurs de troubles et d’instabilité.

Rares sont les pays africains qui ont pu sainement se relever après avoir perdu la paix. Ce sont des pays divisés, aux populations déchirées qui se regardent en chien de faïence, prêtes à s’entretuer à la prochaine occasion que nous observons dans notre environnement immédiat et à travers toute l’Afrique.

C’est pourquoi j’appelle toutes les autorités institutionnelles de l’État, toute la classe politique sénégalaise, toute la société civile, toutes les autorités religieuses, coutumières et traditionnelles à un grand dépassement pour une introspection salutaire afin de poser immédiatement les actes incontournables, indispensables pour qu’un climat propice au dialogue inclusif et sincère s’installe et que la voie vers la paix s’ouvre.

Le Sénégal est plus important que tout Sénégalais, qu’il soit le Président de la République, le leader d’un parti politique, un chef religieux, une autorité traditionnelle, etc.

Le Sénégal est le trésor dont la préservation doit valoir tous les sacrifices, tous les renoncements surtout lorsqu’on prétend porter sincèrement ce pays adorable dans son cœur, qu’on dit se battre pour ce peuple à nul autre pareil pour sa bonté et son élégance, qu’on affirme urbi et orbi qu’il est la prunelle de ses yeux.

Le temps nous est compté.

Avant qu’il ne soit trop tard, que nous n’ayons que nos yeux pour pleurer, j’appelle toutes les parties à des décisions urgentes et immédiates :

- Monsieur le Président de la République déclare publiquement qu’il renonce à une troisième candidature,
- Monsieur le Président de la République et les autorités judiciaires libèrent tous les détenus dans les affaires politico-judiciaires en cours,
- Les autorité judiciaires renvoient à une date ultérieure tous les procès aux relents politiques,
- Le Président du PASTEF et le PASTEF fassent un appel à la paix et mettent fin à toutes les manifestations et actes de désobéissance civile.

J’appelle à l’issue de ces décisions courageuses au choix consensuel par le Président de la République de deux autorités religieuses reconnues et respectées, une musulmane et l’autre chrétienne, en vue de présider à l’organisation au mois d’août de la Conférence nationale souveraine pour la paix et la stabilité du Sénégal.

La Conférence nationale souveraine pour la paix et la stabilité devra trouver des solutions consensuelles :
- à toutes les affaires politico-judiciaires ;
- à la participation aux différentes élections ;
- aux modalités de candidatures aux différentes élections ;
- à l’organisation et au contrôle des élections ;
- à la sécurisation du Président de la République actuel après son départ du pouvoir ;
- au respect des décisions consensuelles par toutes les parties prenantes.

Que chacun d’entre nous accepte de payer le prix fort pour le rétablissement de la paix et la sauvegarde de la stabilité de notre cher Sénégal.

Je présente mes sincères condoléances aux Forces de Défense et de Sécurité et aux familles des victimes.

Prof Mary Teuw NIANE