NETTALI.COM - L'appel au dialogue lancé à la classe politique par le chef de l'Etat a fini de diviser l'opposition en deux camps. Celui du "Non catégorique" et celui du "Oui, mais...". Et pour le moment, c'est bien le camp du "Non" qui prend plus de poids.

Profitant de la fête de Korité, le samedi 22 avril dernier, le Président Macky Sall a lancé à la classe politique un appel au dialogue. Une main tendue qui intervient dans un contexte marqué par de fortes tensions politiques. Le principal opposant au régime est devenu le client privilégié des tribunaux sénégalais. Ousmane Sonko doit faire face à au moins trois procès dont deux en diffamation et un pour viol et menaces de mort. Et le chef de Pastef n'a pas du tout de laisser conduire à l'abattoir sans se défendre.

A cette tension politico-judiciaire, il faudra ajouter celle que pourrait engendrer une déclaration de candidature du président sortant. Un large front de l’opposition dénommé F24 est d'ailleurs né pour s'opposer à une éventuelle candidature de Macky Sall. Dans un tel contexte, le dialogue semble nécessaire entre les différents acteurs politiques. Toutefois, au rythme où vont les choses, tout semble indiquer que le dialogue auquel appelle le président de la République se fera sans les ténors de l'opposition. Le camp du "Non catégorique" s'élargit de jour en jour au moment où il est quasi impossible d'identifier un partisan du dialogue tel que voulu par Macky Sall.

Dans le camp du "Non", on peut trouver Ousmane Sonko de P1stef, Malick Gackou du Grand parti, Bougane Gueye Dani, patron de Gueum sa bopp, Déthié Fall du Prp, Dr Cheikh Tidiane Dièye de la Plateforme "Avenir Sénégal bi ñu bëg", Boubacar Kamara du Parti de la construction et de la solidarité (Pcs), Mamadou Mamadou Lamine Diallo du Mouvement Tekki, Aminata Touré, Pr Mary Teuw Niane, Dr Babacar Diop, maire de Thiès, Thierno Alassane Sall, Maïmouna Bousso, Dr Abdourahmane Diouf... Des noms qui, il faut le connaître, constituent l'essentiel de l'opposition actuelle. Il s'agit que le F24 a clairement indiqué qu'il n'était pas intéressé par le dialogue.

Pis, les rares forces politiques ouvertes au dialogue posent d'ores et déjà leurs conditions. Il s'agit de ceux qu'on pourrait appeler le camp du "Oui, mais...". Dans ce lot, on trouve principalement Khalifa Ababacar Sall et le Parti démocratique sénégalais (Pds). Lancé maire de Dakar et tête de file de "Taxawu Sénégal" a récemment déclaré : "J'ai horreur de la politique de la chaise vide. Il faut que le dialogue se tienne." Autrement dit, il est ouvert au dialogue. Quant au Pds, son dernier communiqué dans lequel il vante sa culture du dialogue laisse supposer qu'il acceptera la main tendue de Macky Sall. Fait remarquable : le Pds et Taxawu Sénégal sont les deux entités qui ont le plus intérêt à dialoguer avec le chef de l’Etat. Ne serait-ce que pour permettre à Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade de redevenir éligible.

Ainsi, en attendant de mesurer l'effet qu'aura son appel au dialogue, Macky Sall peut au moins se targuer d'avoir réussi à semer les graines de la division dans les rangs de l'opposition. En atteste la vive polémique des photos des échanges de civilités entre Macky Sall, Khalifa Ababacar Sall, Barthélemy Dias et Habib Sy lors de la cérémonie d'ouverture du Forum mondial sur l'économie solidaire et sociale.