NETTALI.COM - Des députés français se mêlent au débat sur une éventuelle troisième candidature de Macky Sall. L’affaire supposée des 12 millions d’euros qui seraient donnés à Marine Le Pen, aussi, interpelle ces élus français. Ils ont saisi la ministre française de l’Europe et des affaires étrangères sur ces deux questions.

«La situation politique au Sénégal est de plus en plus dangereuse à mesure que s'approche son élection présidentielle», soulignent les députés André Chassaigne et Jean Paul Lecoq  dans leur document adressée à Catherine Colonna, ministre française de l’Europe et des affaires étrangères. Le premier est président de la gauche démocrate et républicaine et le second est vice-président de la commission des affaires étrangères.

Ils indiquent dans leur document que la menace d'un troisième mandat du Président Macky Sall apparaît, selon de nombreux acteurs au Sénégal, comme une mise à mal de la démocratie du pays, et créerait des tensions durables au sein de la société, menaçant la stabilité du pays et de la région.

Deuxièmement, ils estiment que «les tentatives d'intimidation, les menaces et les actions judiciaires contre les opposants politiques du Président Macky Sall, dont Ousmane Sonko qui est issu de la coalition  Yewwi Askan Wi, contribuent à créer des tensions qui pourraient, au moindre accident, dégénérer de manière violente.»

Les deux élus n’ont pas oublié d’inscrire dans leur correspondance la question de Hadjibou Soumaré sur les supposés 12 millions d'euros que Macky Sall aurait remis à Marine Le Pen. Question qui a valu à l'ex-premier ministre une brève détention et un placement sous contrôle judiciaire.

«Il nous semble que la France a tout intérêt à s'inquiéter de la présente situation», indiquent-ils. Pour eux, Paris doit impérativement vérifier que le Président Macky Sall «ne s'ingère pas dans la politique française en finançant un parti politique français.»

Ensuite, disent-ils, la France doit amener les autorités sénégalaises à respecter le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par le Sénégal en 1978 et de tous les engagements internationaux et nationaux afférents.

«Il apparait fondamental que la France soit attentive au respect de l'opposition et œuvre, dans un cadre multilatéral incluant les instances africaines, à garantir des élections crédibles, c'est-à-dire sans la présence de l'actuel président Macky Sall», indiquent-il.

Seydou Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la république (Apr), la coalition présidentielle, n’a pas tardé à réagir.  “Le Sénégal est un pays souverain, qui gère ses affaires intérieures et qui ne s'immisce pas dans la vie intérieure française. Donc, les députés de la France n'ont pas le droit de venir s'immiscer dans notre vie intérieure pour avoir un point de vue sur notre dispositif.” Poursuivant, il soutient que la plupart des gens qui en parlent ignorent tous les faits. “Parlons des faits. Nous avons un homme (Ousmane Sonko) qui se croit au-dessus des lois et des hommes. Pour une affaire de procès, il veut mettre le pays à flot et à sang. Personne ne le laissera faire”, déclare Seydou Guèye.

Au sujet de l'éventuelle candidature de Macky Sall, il a apporté des explications sur la question : pourquoi Macky dit qu'il s'adressera à ses partisans avant de s'adresser au peuple ? “Les temps ne sont pas les mêmes. Le temps de la candidature, c'est celui de ses partisans. Mais le temps de l'élection, ce sera le temps du peuple sénégalais, puisque l'élection présidentielle est la rencontre entre un homme et son peuple. Ce temps viendra. Mais la première étape est de parler avec ses partisans”, soutient Seydou Guèye.