NETTALI.COM - L’ancien Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré était face aux enquêteurs de la Sûreté Urbaine de Dakar,  ce jeudi 10 mars. En compagnie de ses avocats, notamment Me Mame Adama Guèye, il a été entendu sur procès-verbal, suite à sa lettre ouverte dans laquelle il interpellait le président de la République Macky Sall sur un supposé don de plus de 7 milliards cfa à la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale française, Mme Marine Le Pen, lors de son récent séjour à Dakar.

« Le Témoin » a livré quelques extraits de l’interrogatoire au cours duquel Habjibou Soumaré a assumé ce qu’il avait dit dans la lettre qui lui a valu sa convocation, son interrogatoire puis son placement en garde-à-vue par la Sûreté urbaine !

Convoqué par la police et placé en garde à vue, l’ancien Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré était face aux enquêteurs de la Sûreté Urbaine de Dakar. En présence de ses avocats, il lui a été demandé s’il disposait d’éléments probants pouvant attester ses propos selon lesquels le président de la République aurait offert un don en espèces à la dame Mme Marine Le Pen. « Je suis dans le questionnement, je ne suis pas dans la preuve. C’est à lui d’apporter des preuves», a répondu l’ancien président de la Commission de l’Uemoa, rapporte « Le Témoin». Pouvait-il donner la date de la rencontre entre le président de la république et la personnalité française ainsi que le montant exact de la somme offerte ? ont demandé les enquêteurs. L’ancien Premier ministre répond qu’il ne sait pas exactement la date et le lieu de l’audience. « Néanmoins, je peux préciser que tous les Sénégalais sont au courant que le président de la République a reçu cette personnalité politique française. Je suis toujours dans le questionnement en ma qualité d’homme politique et chef d’un mouvement politique. C’est dans ce cadre que j’ai interrogé le président de la République pour qu’il accepte d’éclairer les Sénégalais sur les questions posées », a-t-il répondu, en insistant sur sa position de questionnement.

Compte tenu des hautes fonctions qu’il a eu à occuper au sein de l’appareil d’Etat, pourquoi n’a-t-il pas donné des informations sûres au lieu de verser dans des suppositions jetant ainsi le discret sur une institution ? ont relancé les policiers. «J’ai seulement interpellé le Président de la République pour qu’il me réponde. Je n’essaye pas de créer la confusion et de manipuler les Sénégalais, j’ai seulement posé des questions», a-t-il persisté face aux enquêteurs de la Police. Lesquels lui ont demandé si l’Assemblée nationale n’était pas le lieu le plus indiqué pour des questions orales.

Réponse de l’ancien Premier ministre : « Je n’ai pas choisi d’aller à l’Assemblée nationale parce que j’estime que le président de la République est en mesure de répondre à mes questions. Vous savez, le montant de 7 milliards 900 millions que j’ai avancé est juste une hypothèse d’école. Comme tout citoyen, j’ai le droit de poser simplement des questions au président de la République, et non de poser des questions pour inciter les jeunes à faire quoi que ça soit. Et si mes questions ont soulevé une polémique à l’étranger, ce n’est ni ma faute, ni ma préoccupation. Je pense que vous enquêteurs de la police, vous avez bien lu ma lettre ! Dans ma lettre, je n’ai cité aucun nom ! Même pas celui auquel vous faites allusion (Ndlr : Marine Le Pen).D’ailleurs, je ne connais pas personnellement cette personnalité politique française et je n’ai cité de nom », a précisé Hadjibou Soumaré, rapporte encore « Le Témoin».

Autre remarque des policiers : « En soutenant que l’argent appartient à un pays pauvre très endetté, vous sortez du cadre du questionnement. Pouvez-vous dire d’où vous tenez l’information selon laquelle le président a donné 12 millions d’euros qu’il aurait remis à une personnalité politique française ? Réponse de Hadjibou : « Je suis toujours dans l’interpellation ». D’où tenez-vous l’information selon laquelle cet argent, si vos propos sont avérés, appartient à un pays pauvre très endetté ? Réponse de Hadjibou : « je vous renvoie à la question 3 de ma lettre où j’ai dit que si cela était avéré, qu’il éclaire le peuple sénégalais s’il a agi en tant que président de la République ou en tant que chef parti. » Et ainsi de suite…

« J’assume les propos contenus dans ma lettre ».

Dans ma lettre, je suis toujours dans l’interpellation et je resterai dans l’interpellation voire le questionnement. Je le dis et le répète, je suis toujours dans l’interrogation et non dans l’affirmation. Encore, je persiste et signe, j’assume les propos contenus dans ma lettre et j’attends toujours des réponses à ces interrogations », a indiqué Cheikh Hadjibou Soumaré aux policiers de la Sûreté Urbaine de Dakar, rapporte «Le Témoin».