NETTALI.COM - Le parquet du tribunal de grande instance (TGI) de Diourbel (centre) a déclaré mardi avoir demandé au juge d’instruction de la même juridiction d’ouvrir une information judiciaire concernant 69 personnes arrêtées lors d’un rassemblement de Pastef (opposition), vendredi dernier, à Mbacké (centre).

"L’ouverture d’une information judiciaire a été requise pour les individus arrêtés vendredi par les forces de l’ordre’’, affirme le substitut du procureur du TGI de Diourbel, Mamadou Saïdou Diao, dans un communiqué.

Il ajoute que les personnes concernées auraient ‘’pris part à des faits d’une particulière gravité ayant profondément troublé l'ordre public et porté atteinte à la sécurité des personnes et des biens’’.

Les personnes arrêtées lors de cette manifestation non autorisée par l’administration territoriale ont été déférées lundi au parquet, selon la même source.

Elles sont poursuivies en justice pour des faits présumés de ‘’participation à un rassemblement et à des actions diverses’’, de ‘’dégradation de biens’’ et de ‘’dommages’’ causés ‘’à la propriété mobilière et immobilière d’autrui’’.

Les prévenus sont également accusés d’‘’actions diverses ayant causé des dommages aux biens ou à des personnes’’ et de ‘’manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves, ou simplement à enfreindre les lois’’.

‘’Des membres du parti politique dénommé Pastef ont adressé une demande de tenir un meeting à Mbacké au préfet du département’’, lequel ‘’décidait d’une interdiction basée sur une inobservation de certaines conditions de forme légalement requises’’, affirme le communiqué.

‘’Avant même que la Cour suprême, saisie pour un référé administratif par les préposés à l’organisation de la manifestation, ne se prononça, certains cadres du parti dans le département [de Mbacké], dont Serigne Assane Mbacké, ont proclamé publiquement que, même sans autorisation, leur manifestation aura lieu’’, ajoute Mamadou Saïdou Diao.

Il rappelle que ‘’pour parer à toute éventualité, les éléments des forces de défense et de sécurité, dans le cadre de leur mission de maintien de l’ordre public et de protection des personnes et de leurs biens, avaient mis en place un dispositif sécuritaire pour le respect strict de l’arrêté préfectoral’’.

Des ‘’propriétés publiques et privées endommagées’’

‘’Dans la matinée du 10 février, des groupes de personnes ayant décidé de braver l’interdiction administrative érigeaient des barrières et commençaient à brûler des pneus sur certaines artères de Touba et de Mbacké’’, relate l’autorité judiciaire.

Le même jour, ‘’dans l’après-midi, aux environs de 15 heures, poursuit-elle, les manifestants, de plus en plus nombreux, se sont attaqués aux forces de l’ordre et se sont livrés à des actes de vandalisme et de pillage […] de trois stations d’essence, dont l’une a été incendiée, outre le saccage de l’agence Sonatel de Ndam et de la boutique Senchan’’.

‘’D’autres propriétés publiques et privées ont été également endommagées au […] poste de perception de Touba’’, ajoute le substitut du procureur du TGI de Diourbel, affirmant que ‘’des véhicules de police et de [la société] Senico ont été caillassés’’.

L’opposant Ousmane Sonko, leader de Pastef, a été accueilli vendredi après-midi par des militants et sympathisants à Mbacké, malgré l'interdiction de son meeting par le préfet de ce département.

Empêché d’accéder au boulevard où devait se tenir sa rencontre avec ses partisans, le maire de Ziguinchor (sud) est allé rendre visite au khalife des Baye Fall, Serigne Amdy Fall, l'une des personnalités religieuses de la ville.

Des manifestants ont dressé des barricades sur plusieurs rues de Mbacké en guise de protestation contre l’interdiction du rassemblement de Pastef, dont le leader est candidat à l'élection présidentielle de 2024.

Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes pour les disperser.