NETTALI.COM - Le ministre des Transports n’est pas prêt à tous les sacrifices pour mettre fin à la grève du secteur. En négociations avec l’Intersyndicale des Transports routiers du Sénégal (Itrs), Mansour Faye a catégoriquement refusé la refonte des 23 mesures prises par le Conseil interministériel sur la sécurité routière. Une exigence de la plateforme revendicative des transporteurs qui continue la grève débutée mercredi dernier.

Le communiqué, tombé au lendemain des pourparlers, démontre l’inflexibilité avec laquelle le gouvernement a décidé de traiter ce dossier. Malgré 6 heures de négociations avec l’Intersyndicale des Transports routiers du Sénégal (Itrs), le ministère des Transports terrestres n’a pas lâché du lest concernant l’application des 23 mesures relatives à la sécurité routière. «Le Gouvernement reste déterminé à les faire appliquer, en raison de la nécessité urgente et impérieuse de réduire les accidents de la route», dit laconiquement le texte. En clair, les négociations pour mettre fin à la grève des transporteurs ont échoué une fois de plus dans cette crise qui s’est annoncée au lendemain du drame de Sikilo à Kaffrine le 8 janvier dernier. Une collision entre deux bus, causée, selon les premiers éléments de l’enquête, par l’éclatement d’un pneu, avait entraîné la mort de 42 personnes. Un des bilans les plus lourds qui a incité l’État à mettre le holà avec la mise en place sans délai de 23 mesures pour renforcer la sécurité routière. Entre autres décisions, celle d’interdire le transport interurbain entre 23 et 5 heures, l’interdiction d’importer des pneus usagés, la limitation de la durée d’exploitation à 10 ans pour les véhicules de transport de personnes et à 15 ans pour ceux de marchandises. De tous, les points les plus discutables pour les transporteurs restent cependant les 10 et 11 qui traitent expressément de l’interdiction « de toute transformation des véhicules visant à augmenter les places assises pour les passagers» et incitent au «démantèlement de porte-bagages fixés sur les véhicules de transport de personnes».

Deux mesures qui ont pour conséquence d'entraîner une baisse des revenus pour des transporteurs déjà confrontés à l’inflation sur le carburant. Dans l’impossibilité d’augmenter les tarifs, refusé par la tutelle, ces derniers ont donc misé sur une paralysie du secteur pour obliger le Gouvernement à les écouter. Peine perdue, du moins pour le moment, puisque le point le plus important de la plateforme revendicative déposée par l’Intersyndicale n’a pas trouvé un écho favorable auprès du ministre des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, Mansour Faye qui, lui-même, se fait l’écho de la détermination du Président dans ce dossier. Ce, même si le Gouvernement se dit ouvert au dialogue. «Il manifeste son ouverture au dialogue, sa disponibilité constante et celle de tous les services de son département ministériel à discuter avec les partenaires sociaux du secteur», précise le communiqué. Montrant sa bonne foi, le ministère des Transports terrestres a rappelé aux acteurs les dérogations consenties par l’État dans la mise en œuvre des 23 mesures avec, en exemple, le délai d’un an accordé pour le démantèlement des porte-bagages sur les véhicules de transport public.

Le Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal qui devait dans un premier temps rencontrer la tutelle le 19 janvier, avait fait renvoyer la date au lendemain le temps de leur permettre d’avoir de larges concertations avec la base afin d’adopter une position commune. Réunis sous l’Intersyndicale des transports routiers du Sénégal principalement composée du Syndicat national des travailleurs des transports routiers du Sénégal dirigé par Alassane Ndoye et l’Union des routiers du Sénégal conduite Gora Khouma, les transporteurs ont remis lors de ces négociations une plateforme revendicative qui comprend trois points.

La poursuite des discussions sur les points ouverts lors de la grève des transporteurs routiers de décembre 2021, la refonte des 23 mesures prises par le Conseil interministériel sur la sécurité routière du 09 janvier 2023 et la mise en place d’un comité permanent de dialogue entre le ministère en charge des Transports et les syndicats des transporteurs routiers, pour le suivi régulier et l’évaluation permanente des accords entre les deux parties. Si Mansour Faye a balayé le deuxième point, il a lâché du lest sur les deux autres tout en encourageant les transporteurs à se regrouper au sein du Conseil national des transports terrestres créé en juillet 2020 pour mieux faciliter les échanges entre les deux parties.