NETTALI.COM - Pour une qui se terminait, période festive par excellence durant laquelle les Sénégalais devaient avoir la tête à la fête et aux nouvelles résolutions, celle de 2022 a été une fin d'année bien électrique, de crispations, chargée d’événements malheureux. 

Beaucoup d’affaires ont en effet empesté la fin d'année. Le fameux marché d’armement de 45 milliards contracté sous le sceau du secret défense, notamment et la publication du rapport de la Cour des comptes qui a alimenté une vive polémique qui ne s'estompe toujours pas d'ailleurs, remettant du coup sur la table, la question de la transparence et de la bonne gouvernance, objet d'une grande préoccupation sous nos cieux.

Une atmosphère de fin d’année en tout cas bien délétère qui a débordé sur l’année 2023. On s’y attendait, surtout après ce rassemblement de la société civile en faveur de la poursuite des gestionnaires épinglés dans le rapport de la Cour des comptes et ce concert de casseroles du 31 décembre. Le tout sur fond de contestations contre la gouvernance de Macky Sall.

Il faut dire que ce rapport de la Cour des comptes a engendré beaucoup de frictions. Les séances d’explications, comme pour minimiser les montants en cause, soient « 6 milliards seulement sur 1000 milliards seulement », n’ont pas beaucoup arrangé les choses. La tentative visant à entacher l’honorabilité des vérificateurs traités de « petits juges » et de politiciens encagoulés, non plus. Mansour Faye et Moustapha Diop, dont les ministères sont fortement cités dans ce dossier, étaient à la manœuvre. Amadou Ba aura même tenté un rétropédalage, en louant par la suite, la qualité et la compétence des vérificateurs, le mal était déjà fait. La preuve que la cacophonie dans la communication gouvernementale, a de beaux jours devant elle.

Les bailleurs qui ont octroyé le plus gros du financement de ces fonds covid, ne resteront pas, au finish, indifférents. L’on a bien compris qu’ils ont été à l’origine de la publication de ce rapport pour avoir mis la pression sur les autorités. L’on a aussi appris, que le dossier a été transmis au parquet par le biais des bailleurs.

Bref, une pression qui semble finalement porter ses fruits au regard de l’évolution de la situation face à un gouvernement qui a cherché vaille que vaille à amoindrir la portée d’une affaire ô combien embarrassante et à user de la carte de la communication pour noyer le poisson. Quelle honte ! Une affaire en tout cas qui entache considérablement le bilan de Macky Sall.

Il semble d’ailleurs que les Sénégalais soient partis vivre des émotions, des polémiques infinies et même de la confrontation, au fur et à mesure que l’on avancera dans 2023 pour se rapprocher des échéances de 2024. 2024 est effet une année charnière où le Sénégal opérera un virage, la présidentielle constituant un enjeu considérable.

La présidentielle 2024 est en tout cas dans les esprits et sur toutes les lèvres. Dans les rangs de  l’opposition, c’est la débandade avec les déclarations de candidature tous azimuts. Celles de Malick Gackou, khalifa Sall, Ousmane Sonko, Bougane Guèye Dany, Abdourahmane Diouf, Karim Wade etc. avec en plus, ces nombreuses tournées déjà engagées. Celle de Ousmane Sonko notamment le « Némekou tour ». l'on nous annonce en effet que le parti Pastef de Ousmane Sonko qui a procédé ce dimanche 15 janvier au lancement d’une levée de fonds avec un objectif de 250 millions de F CFA, les a réussi à réunir la somme de 333.032.897 FCFA avec la participation de plus de 168.000 personnes et groupes de personnes. En 2021, le même exercice avait permis de réunir 125 millions. Ce qui avait poussé le ministère de l’Interieur à s’interroger sur la légalité de ce mode de financement.

De même Khalifa Sall est allé à l’assaut du pays profond avec son "Dokh Mbook". L’on apprend aussi que Déthié Fall n’est pas resté les bras croisés puisqu’il a pris le même chemin. Bref toute l’opposition est sur les starting-blocks sans que cela ne pose un gros problème d’unité puisqu’en fait d’alliances, l’échéance au sein de la coalition et de l’inter-coalition Yaw Wallu était bel et bien fixée aux législatives. Et même si des observateurs pensent que la multiplication des candidatures est une bonne chose, puisqu’elle permet à l’issue de voter pour le candidat de l’opposition arrivé 2ème, le choc des ambitions au sein même de l’opposition, est une réalité dont il faut tenir compte. Il plane toujours le mystère des amnisties dont pourraient bénéficier Karim Wade et Khalifa Sall, évoquées lors d’un conseil des ministres par le président de la république qui a demandé au ministre de la justice de mettre cela en œuvre, même si depuis lors, plus rien n’a évolué dans cette affaire. Ils sont toujours en train de faire des calculs sur notre dos, ces politiciens !

L’écueil de la candidature d’Ousmane Sonko est aussi à prendre en compte, surtout que son dossier d’instruction transmis au procureur de la république, a reçu une réponse favorable en vue d’un procès, suspendu à la réponse du Doyen des juges. Une suite qui pourrait empêcher Sonko d'être candidat, seraient assurément source de tensions, si l'on en croit sa déclaration selon laquelle "aucun procureur et aucun juge" ne peut l'"empêcher d'être candidat" . Bref une situation bien confuse qui assombrit davantage l’horizon.

Mais au-delà, se pose la question de la rivalité Pds et Yewwi Askan wi qui a pourtant beaucoup ragaillardi le PDS en l’aidant à revenir au premier plan, suite au triomphe de l’inter-coalition. Depuis lors, les deux entités ne sont plus d’accord sur rien. Yaw dépose une motion de censure, le PDS ne serait pas au courant. Yaw organise un concert de casseroles, les libéraux ne sont pas de la partie. Bref un vent de scission semble souffler, et il se susurre même que le Pds chercherait à donner des gages au pouvoir pour mieux négocier la candidature de Karim Wade.

Mais il faudrait déjà que celle du président Macky Sall soit une certitude, même si ce dernier campe encore et encore sur un « ni oui, ni non » qui devient de moins en moins crédible, au regard des nombreux appels dans ses rangs pour le pousser à poser sa candidature avec à la clef ce leitmotiv : «  la durée du mandat est de 5 ans, nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ».

Une posture de son camp et de ses alliés, vue comme une manière d’imposer à l’opinion, la légitimation d’un mandat. La suite, on la connaît, les jeunes de la Convergence des Jeunesses Républicaines emmenés par Moussa Sow, Mame Mbaye Niang et Thérèse Faye, ont récemment organisé une cérémonie d’investiture en faveur de la candidature du président Macky Sall. Posture bizarre, il ne s’en est pas offusqué. Il n y a que ceux qui disent non à sa candidature qui sont inquiétés et limogés. Il en fait des victimes, ce cher Macky !

Mais rebondissement, la sortie d’Abdoulaye Wilane, porte-parole du Parti socialiste et de la coalition Benno Book Yaakaar, sur la RFM, n’est pas pour arranger les affaires de Macky Sall. Wilane a en effet estimé qu’ «aux termes de la constitution, personne n’a droit à un troisième mandat. Surtout quand on a fait deux mandats».

Le porte-parole du parti socialiste a aussi souligné que «d’ici la fin de ce mandat (de Macky Sall), chaque parti, chaque composante de cette coalition (Benno) a le droit, a l’obligation de faire des évaluations» pour voir la conduite à tenir pour la présidentielle de 2024. En tout cas, fait-il remarquer, le Parti socialiste, tenant compte de ses procédures, ses statuts et ses règlements fera ce qu’il devra faire le moment venu.

De même, Idrissa Seck, un autre compagnon de Macky Sall, n’est pas aussi très clair dans sa posture,. Même s'il reçoit Macky sal; très prochainement à Thies, la question est de savoir s’il partira seul sous la bannière Rewmi ou s’il restera dans la logique Benno. Récemment en effet, des membres de son parti avaient fait une sortie pour réclamer sa candidature.

Mais avec un président Sall qui ne fait rien pour ne pas émettre de signaux contraires à ceux de quelqu’un qui veut rempiler, ses conseils de ministres décentralisés, sorte de campagne déguisée et d’autres actes similaires, ont fini de convaincre une certaine opinion qu’il va y aller, sans toutefois être sûre à 100%. La raison est simple, les politiciens sous nos cieux, sont passés, maîtres du brouillage des cerveaux !

Une année 2023-2024, la présidentielle ayant lieu en 2024, décidément partie pour être celle de toutes les incertitudes, de tous les calculs et de tous les affrontements. Pour beaucoup d’observateurs, le seul problème de Macky Sall demeure la candidature d’Ousmane Sonko, populaire au sein d’une frange jeune et de la diaspora et qui va maintenant à l'assaut du pays profond. Ce qui pourrait sans nul doute compromettre ses plans, surtout au regard de sa percée continue lors des différentes élections. Tout cela pour dire que l’année 2024 pose maintes équations et finalement 1000 inconnues !