NETTALI.COM - L’Assemblée nationale est décidément devenue une vraie arène de gladiateurs ! Cette affaire de violence sur une femme députée qui défraie la chronique, a suscité une vive indignation chez les Sénégalais et certainement au-delà de nos frontières, montrant à tous ceux-là qui ne savent pas ce qui se passe réellement dans l’hémicycle, la réalité crue de l’ambiance qui y règne. Ils doivent décidément se demander, ces Sénégalais, surtout ceux-là qui galèrent au quotidien, pourquoi on devrait verser des salaires à coups de millions et autres avantages en véhicules et carburant, à d’autres Sénégalais censés les représenter et qui passent leur temps à rivaliser d’insanités et à se battre ?

Cette 14ème législature n’a jusqu’ici montré qu’un visage de parlement violent, teinté de tiraillements sans fin et d’échanges de propos aigre-doux.  C’est désormais la norme à l’assemblée. On y distribue, tel Jackie Chan, des coups et des gifles ! On y prend en otage des urnes, on y arrache des micros, on y chahute, dénigre, insulte, humilie ! Tout ceci montre qu’il y a vraiment du chemin à faire avant de trouver la bonne posture du député sénégalais et cette honorabilité que l’on attend d’un représentant du peuple. Et même dans ce contexte de coude à coude en termes de nombre de députés, majorité comme opposition (83 à 82), avec des non-inscrits arbitres, l’on se disait enfin une occasion formidable pour faire éclore des débats de haute facture dans le but de départager nos représentants.

En lieu et place, l’on a finalement droit qu’à des déballages dignes de querelles de chiffonniers. Comme lorsque le député Abass Fall a cherché à dénoncer le fonctionnement du système éducatif, lors des débats du vote du budget du ministère de l’éducation nationale qui a connu une hausse de plus de 171 milliards. Devant les parlementaires, Cheikh Omar Hann, pour riposter, a balancé une boule puante à l’endroit du député Abass Fall de Pastef. L’ancien ministre de l’enseignement supérieur l’a en effet accusé d’avoir « créé une école et d’avoir été audité et épinglé en 2021 ». De quoi faire réagir le député de l’opposition qui a qualifié cette accusation de « mensonge grotesque du champion de la surfacturation de haut vol qui a écrit l’une des pages les plus sales de l’histoire de la gestion du COUD dévoilée par l’OFNAC » et qui montre à suffisance « la personnalité de l’homme ». Le manque de déférence et de courtoisie est à son comble. En quoi ces accusations et contre-accusations font-elles avancer le débat ?

Si ce n'est pas Guy Marius Sagna qui voit ses interventions perturbées par la nommée « Coura Macky », devenue députée, suite à la démission de Sokhna Dieng, c’est Thierno Alassane Sall ou Aminata Touré qui subit les diatribes de leurs ex-camarades de l'Alliance pour la République (Apr). Mame Mbaye Niang en a aussi pris pour son grade avec cette histoire de Prodac pour laquelle certains ont affirmé qu’il a été épinglé. Une affaire qui a finalement abouti à une conférence de presse au cours de laquelle ce dernier s’en est pris à Ousmane Sonko en portant plainte et en lui demandant de produire les preuves de ce rapport. Dans le lot, c’est aussi Farba Ngom qui invite l’affaire de supposé de viol concernant Ousmane Sonko. Bref, une assemblée où le débat vole tellement bas !

N’oublions pas qu’il n y a guère longtemps qu’on a assisté à une incursion de gendarmes dans l’hémicycle, alors qu’y régnait une vive tension.

Et ce fameux dimanche-là, un nouveau pas a été franchi par la députée-maire Amy Ndiaye Gniby de Benno Bokk Yakaar qui a profité de son temps de parole, lors du vote du budget du ministère de l'Intérieur pour tenir des propos jugés irrespectueux à l'endroit de Serigne Moustapha Sy, président du Parti de l'unité et du rassemblement (Pur), formation politique membre de la coalition Yewwi askan wi.  Bref, on est loin de l’élégance de nos députés d’une certaine époque. Loin également de leurs débats épiques.

La vérité est que l’Assemblée est devenue un lieu de provocation, d’attaques et de contre- attaques, comme l’a si prouvé cette récente plénière dédiée au budget 2023.

Il y a,  en effet, de quoi se demander si l’objectif de ce vote de budget se résume en des séances de dénigrements, de déterrements de cafards supposés ou avérés ? Difficile en effet de savoir où est l’essentiel et le résultat que l’on cherche à atteindre.

L’Assemblée nationale sous nos cieux, n’a, à vrai dire, jamais été à la hauteur de la représentation que le peuple attend d’elle, en termes de défense de ses intérêts et de ceux des localités d’où sont issus les députés. Mais un bémol toutefois, les législatures passées étaient bien plus apaisées, plus intelligentes que cette 14 ème, même si les députés n’ont jamais été, et de tout temps d’ailleurs, que les représentants des majorités qui ont jusqu’ici hissé ces générations de députés au sein de l’hémicycle.  Bref, tout cela pour dire qu’on n’est pas encore sortis de l’auberge !

Une affaire de gifles, de coup de pied sur une femme que l’on dit en plus enceinte, qui n’aurait en tout cas jamais dû avoir lieu dans ce lieu à haute charge symbolique et à plus forte raison ailleurs. Elle ne grandit pas ces hommes (Massata Samb et Mamadou Niang) qui ont exercé ces violences sur cette dame au « matay » (je l’ai fait exprès et je réitère mes propos) qui a fait monter la moutarde au nez, alors que le député de Pur était revenu sur l’intervention de Amy Ndiaye, après une suspension de séance.

Rien ne doit, à la vérité, pouvoir justifier des échanges de coups, à fortiori de lever la main sur une femme. Et même sur un homme d’ailleurs.

Une violence sur une femme qui n’est d’ailleurs pas une première. L’on se souvient en effet de celle exercée sur Mame Diarra Fam, lors du vote de la loi sur l’introduction du parrainage. Celle-ci avait en effet reçu un coup du député Kader Ndiaye qui l’avait mise Ko, avant qu’elle ne se relève et tente de riposter.

Cette violence qui a eu lieu, est certes à condamner. Mais il sera tout aussi difficile d’ignorer la situation qui a prévalu, à savoir ces propos inutiles et sans intérêt d’Amy Ndiaye Gniby sur le marabout Moustapha Sy et qui ne devait pas avoir lieu dans cet espace de représentation, car ce sont des sujets qui n’ont a priori aucun lien avec le vote des budgets, même si l’on est dans un contexte d’adversité politique et de logique de groupes parlementaires.

La question qui se pose, est de savoir pourquoi l’on devrait s’intéresser à des personnalités politiques absents de l’hémicycle ? Quel est l’intérêt dans le contexte d’un vote de budget, alors qu’il y a tant de choses à dire pour parfaire les contenus de ces budgets, sans oublier les montants en jeu qui se chiffrent en milliards. L’on connaît bien les relations d’affection qui existent entre les marabouts et leurs talibés. A partir du moment où on en critique un, certains talibés ne se contrôlent plus. Moustapha Sy n’est pas député. Tout comme Ousmane Sonko. Où est dès lors l’intérêt de parler de lui, voire de traiter le leader de Pastef de violeur et de lui reprocher de fréquenter un salon de massage. Des propos déplacés signés Farba Ngom. De même l’on peut bien parler du président de la république dans une logique d’évoquer des actes posés dans le cadre de sa fonction. Mais pourquoi diable, tomber dans des attaques ad hominem ?

Le choix des députés en question

C’est à la vérité l’ensauvagement de l’espace public qui est transposé à l’hémicycle puisque de nos jours le paradigme musculaire structure le débat politique. Que l’on ne s’y trompe point, l’opposition frontale entre Macky Sall et Ousmane Sonko dans cette affaire de supposée viol et cette question du 3ème mandat et bien d’autres sujets de désaccord, qui semble ne jamais vouloir prendre fin, s’y prolonge avec ses excroissances qui se manifestent au grand jour.

Tout cela n’est finalement que la résultante d’un espace politique loin d’être apaisé, d’où est absent un débat sérieux et un dialogue franc. Le clivage est à un niveau tel que rien ne de bon ne peut en sortir, puisque ce sont des logiques d’opposition, voire d’imposition systématiques d’agendas ou encore des logiques de groupes parlementaires qui prévalent sur l’intérêt et l’utilité pour le pays et les populations.

Ce bordel ambiant semble à ne point en douter, être la faute à des processus électoraux chaotiques et à des modes de scrutin qui ne produisent pas de bons résultats, en plus de créer des crispations inutiles qui ne manquent pas de conséquences fâcheuses dans le fonctionnement de la démocratie. Entre parrainages, listes invalidées et députés inscrits d’emblée sur des listes électorales sans toutefois avoir le profil requis et la bonne moralité qui sied pour représenter le peuple. Voilà entre autres causes.

Comment peut-on par exemple choisir un député qui ne sait pas lire ou n’a pas un certain niveau d’instruction ? Comment vouloir qu’il comprenne la complexité des textes soumis à lui, les contradictions cachées et certaines subtilités et vouloir qu'il fasse un vote efficace ? Ce dernier va plutôt servir à  autre chose, voire à faire les sales besognes, qu’à permettre d'enrichir un débat dans lequel, il ne comprendra pas grand-chose.

Le cas inquiétant Coura Macky !

Le choix de certaines femmes à l’Assemblée, laisse souvent à désirer. Le dire ne peut nullement être assimilé à du machisme, mais plutôt au fait de traduire une réalité. Certaines sont dans bon nombre de cas utilisées dans une logique d’instrumentalisation en portant des combats très peu honorables qui les enferment dans des postures de femmes de borne-fontaine, juste pour alimenter des polémiques, attaquer certains députés d’en face. On en fait des bouffons et des mégères qui vont faire montre de leurs stupidités.

La star de cette législature reste sans aucun doute celle qui se fait appeler de façon grotesque Coura Macky. Quand elle l’ouvre, tout parent soucieux de l’éducation de son enfant, devrait aussitôt zapper sa télé. A l'entendre dire de certains hommes de l'assemblée qu'ils sont "diongoma" (coquets), montre qu'elle est à côté de la plaque. Quelle honte que d'élire un tel personnage, députée ! Les inepties qu’elle sort, les stupidités et la vulgarité qui émanent de son discours, doivent faire souffrir certaines oreilles sensibles. Cette parlementaire représente en effet tout ce qu’il y a de plus hideux dans la tenue et le vocabulaire. Tout chez elle, renvoie à l’insolence. Elle ne fait montre d’aucun respect et encore moins de courtoisie vis-à-vis de ses collègues et du public.  Qu’est-ce qu’elle manque de tenue et de classe, cette femme qui n’ouvre la bouche que pour dire des vacuités et des inepties ! Difficile de savoir comment Macky Sall a pu admettre que celle-ci figure sur une liste au point de pouvoir remplacer Sokhna Dieng. C’est sans doute une récompense pour sa fidélité et sa loyauté à toute épreuve ! Bizarre. En même temps une assemblée qu’on tire vers le bas et une démocratie à laquelle on empêche de faire un saut qualitatif.

A l’opposée, Mame Diarra Fam se distingue certes par son extravagance et son excentricité, mais elle au moins, dit des choses censées, même si elle devrait s’attacher les services d’une conseillère pour adopter davantage de sobriété dans le choix de ses tenues qui vont mieux coller à son statut de députée du peuple.

L’équation Farba Ngom !

C’est le cas Farba Ngom qui n’étonne plus personne. Tant on l’a vu enchaîner des déclarations incendiaires, détenir des sommes énormes à domicile et s’attaquer à l’honorabilité de certaines personnes. Ce qui est surtout sidérant et étonnant, c’est de se rendre compte qu’on a affaire à un député qui a prétendu avoir reçu des enveloppes en compagnie d’un autre ministre, Thierno Alassane Sall en l’occurrence. Comment peut-il se prévaloir d’une honorabilité ! Dans un pays normal, il aurait eu affaire à un juge. L’on doute d’ailleurs de la véracité de ses propos qui ne devaient être servis que pour salir un ancien camarade qui leur a tourné le dos et refusé de signer certains contrats.

La bonne moralité ne compte-t-elle pas pour être député ? Même si l’on ne peut pas ne pas souligner les postures différentes de Farba Ngom, il y a en tout cas à se poser des questions sur le rôle qu’on lui fait jouer. Lors de la législature passée, il se faisait plutôt remarquer par son absentéisme et son mutisme et s’asseyait au dernier rang pour se sauver dès qu’il en avait l’occasion. Avec cette 14ème législature, il a complément changé de posture puisqu’il est devenu le chef de file de la majorité en même temps l’instigateur de tout ce qui se fait au sein des rangs de la majorité. Assis au 1er rang, il donne désormais le ton et montre les postures à adopter. N’est-ce pas lui qui était en charge des procurations lorsqu’il a fallu verrouiller le vote du président de l’assemblée pour ne pas avoir des surprises au dernier moment ?

Avec cette législature, il n'y a décidément presque jamais de séance sans perturbations surtout depuis le début du marathon budgétaire. Et ce qui ne devait point arriver, arriva. Le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, a finalement convoqué les dispositions de l’article 53 alinéa 4 du règlement intérieur pour saisir le procureur de la République, à la suite de l'incident survenu à l'Assemblée nationale, après avoir informé les membres du bureau de sa démarche. Ce qui a poussé le Procureur de la République à déclencher des poursuites. Aussi, après avoir reçu cette dénonciation de l’Assemblée nationale, le Procureur a saisi la Division des investigations criminelles (Dic) pour l’arrestation des députés Massata Samb et Mamadou Niang, tous deux membres du Pur, au sein de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW), mis en cause. Ils sont présentement recherchés.

Cette assemblée nationale est assurément à revoir dans sa composition, tant dans le choix de ses députés que dans le vote qui permet d’opérer leur choix. Ce qui signifie qu’il faille aller dans le sens de dresser des profils appropriés et d’opter pour un mode de scrutin qui permettrait davantage d’élire de vrais et dignes représentants du peuple, plutôt que des députés d’un président de la république.