NETTALI.COM - Le chef de l’Etat, Macky Sall,  a réuni ce lundi la communauté des Daaras. Plusieurs sujets ont été évoqués. La question des maîtres coraniques et autres responsables de mosquées emprisonnés a été au centre des discussions. Sur cette question, le chef de l’Etat s’est voulu clair : il n’emprisonne personne, dit-il.

«Au Sénégal,  quand quelqu’un est emprisonné, on dit que c’est le président qui l’a emprisonné. Quand vous êtes accusé aussi, on dit que c’est le président qui l’a accusé. Le président n’emprisonne pas, il ne libère pas. Ce qu’il peut faire, c’est de gracier au terme du processus judiciaire.
Je ne citerai pas de cas. Mais, quand vous êtes emprisonné, c’est qu’il y a quelque chose. Si vous vous limitez à enseigner, vous ne risquez pas d’être accusés de quoi que ce soit. J’ai la situation, région par région. J’ai entendu vos doléances. S’il s’agit de dossiers administratifs qui ne sont pas graves, on peut voir comment faire pour faciliter les choses»,
a déclaré le chef de l’Etat qui répondait à une doléance des fédérations des daaras qui veulent qu’il intercède en faveur des maitres coraniques et autre administrateurs de daaras emprisonnés.

Macky Sall de se montrer plus explicite. «Il y a des situations sérieuses pour lesquelles la Justice doit faire son travail. Si c’est de l’escroquerie, c’est pardonnable ou arrangeable. Mais certains sont arrêtés avec des armes de troisième degré, sans autorisation. Il y a, par contre, des affaires administratives. C’est quand il y a des oppositions entre idéologies qui conduisent à la fermeture d’une mosquée par exemple. Ce sont des choses que l’administration peut régler sans recourir à l’emprisonnement. Il y a aussi des cas d’abus de confiance. Il y a aussi des cas de séquestration de mineur,  d’association de malfaiteurs et de violences. Là, la justice ne  regarde pas si l’accusé est un maître coranique ou pas. Elle s’intéresse à ceux qui sont cités et le tribunal fait son travail. Il y a aussi les coups et blessures volontaires, les actes de torture sur des enfants talibés. Je pense que si on en discute, des solutions seront trouvées et qu’il y aura peut-être moins des cas de ce type, tout en renforçant la formation. Le garde des sceaux est là. Pour ce qui est de son ressort, il peut voir comment faciliter les choses. Que ceux qui doivent être jugés le soient. Il peut voir les cas de longue détention préventive de sorte qu'ils puissent être jugés ou voir comment les libérer. Je pense que c’est faisable", a ajouté le chef de l’Etat.

Le président de dire qu’il y a aussi des cas où des talibés trouvent la mort dans des conditions tragiques. «Là, il faut faire la lumière. Et ce n'est pas parce qu’on combat les "serigne daara". La vie humaine est sacrée. Il y a aussi des cas de pédophilie. Moi-même j’ai fait en sorte que les lois soient plus sévères en ce qui concerne la pédophilie et le viol. Car on doit protéger les enfants et les femmes. C’est pourquoi pour ce genre de cas, il faut que la Justice fasse son travail. Ce qu’il faut comprendre, c’est que les auteurs de meurtre et de viol ne font pas partie de ceux qui peuvent bénéficier de la grâce présidentielle. Pour tout le reste, le président de la République peut les gracier», fait comprendre Macky Sall.