NETTALI.COM - Mouhamadou Makhtar Cissé a été coopté parrain de la 2e édition de la Conférence internationale des professionnels en Secrétariat qui a pour thème «l’assistanat de direction face à la révolution digitale : l’intelligence artificielle». A cet effet, il  a prononcé un discours lourd de sens ce mardi 20 mai 2022 au théâtre National Daniel Sorano. Voici l’intégralité de son speech.

Mesdames et Messieurs,

En faisant de mon humble personne, le parrain de la deuxième édition de la Conférence internationale des Professionnels en Secrétariat (CIPROSEC), sous le Haut patronage du Président de la République, Macky Sall, vous me placez dans une position bien inconfortable en m’obligeant de sortir d’une certaine réserve. En effet, depuis que j’ai quitté ma dernière fonction ministérielle au sein de l’Etat, celle du Pétrole et des Energies, je me suis astreint à une certaine discrétion, évitant fora, conférences, etc. Je dois avouer qu’il y a un certain charme, que dis-je, un confort, à la fois physique et intellectuel dans le fait de ne plus s’exposer aux projecteurs, devant micros et caméras, pour s’adonner au travail oh combien utile mais discret de fonctionnaire au service exclusif de l’Etat et donc du citoyen.

Mais, je suis heureux d’être là, avec vous, venant de divers pays – Côte d’Ivoire, Togo, Angola, Tchad, Cameroun, Maroc, Nigéria, Congo Brazzaville, Ghana, Cameroun, Burkina Faso, Guinée Conakry, Mali ; – membres de la Fédération africaine en Secrétariat et Assistanat de Direction d’Afrique (FAPROSAD). Je vous salue toutes et tous et vous souhaite un bon séjour au pays de la Téranga.

Ma présence est une prime à la fidélité.

Dans ce temps bouleversé des hommes pressés, la lucidité est un héroïsme.

Madame Sock vous êtes une héroïne ! Vous m’avez convaincu par votre rigueur morale sans mots, sans fards. Juste une attitude qui devrait être la norme bon marché, mais devenue une denrée si rare.

Merci pour cette leçon de grandeur. Merci à Mbakhé, à Seyda, à Gnagna, à Ndèye Victor, à Anta, à Fatou Diop et à toutes celles qui se reconnaîtront et que je ne pourrai citer.

‘’L’Assistanat de Direction face à la révolution digitale : l’Intelligence artificielle’’, c’est la thématique que vous avez choisie. Le sujet me paraît bien difficile, en même temps qu’il est d’une grande ouverture, tout connecté qu’il est, à ce qui fait débat aujourd’hui : la révolution digitale.

Je me suis amusé à visiter google en inscrivant ‘’assistant de direction, histoire’’ dans ce moteur de recherche, le plus puissant qui existe aujourd’hui. Et voilà ce que google nous dit : ‘’La fonction d'Assistant(e) de direction tire ses origines de l'Egypte Antique. Le métier de scribe est ainsi l'ancêtre le plus évident de la profession d'assistant(e) de direction. Les scribes étaient chargés de rédiger les textes officiels des pharaons, les décrets, cadastres et autres contrats’’. Cette généalogie, bien chargée, renseigne bien sur la dimension stratégique de l’Assistanat de Direction, dans la vie sociale.

Qu’elle se soit aujourd’hui complexifiée du fait des Nouvelles technologies de l’information et de la Communication, n’est pas en vérité une surprise en soi. Qui connaît un seul secteur de la vie, qui ne soit pas impacté par la Révolution numérique.

Vous êtes aujourd’hui constamment rappelés à la réalité d’un monde qui bouge. Et vous êtes réellement astreints à vous adapter aux révolutions du nouveau monde. Cela peut se traduire par un gain de temps réel dans le travail, mais cela est aussi source de réajustements continus. Vous êtes aujourd’hui obligés de rédiger des supports de communication interne (rapport, compte rendu, note...) en utilisant des outils collaboratifs (planning partagé, web conférence, réseau…). Ce qui n’était pas le cas de vos aînés il y a à peine 30 ans.

Vous pouvez gérer le programme de votre Directeur, Ministre ou Président de la République, en ne restant point à votre poste, mais en transportant votre base de travail sur votre ordinateur ou téléphone portable. Plus on avance dans le progrès, plus les notions de distance et de temporalité s’évanouissent pour laisser place à un paradigme nouveau. Paradigme né au 19ème siècle, vers 1830, avec l'invention des premières machines à écrire, des machines mécaniques qui permettent d'écrire en caractères imprimés. Et de façon plus franche, plus tard, lorsque des entreprises commencent à fabriquer des machines en grand nombre.

On aurait remonté l’échelle du temps pour rechercher le temps à partir duquel, le mécanisme qui a enfanté les dynamiques actuelles que nous continuons à vivre, a vu le jour. Plusieurs noms, de femmes d’ailleurs comme Ada Lovelace (1815-1852) qui a écrit le premier langage de programmation en 1843 et mère de la machine analytique de Babbage, ancêtre de l’ordinateur).

Vous conviendrez avec moi que c’est à partir de la fin des années 1970, que les innovations dans l'informatique et les télécommunications se diffusent à grande échelle, notamment l'ordinateur personnel et la téléphonie mobile. Si l'invention de l'ordinateur remonte à la seconde guerre mondiale, il ne se diffuse véritablement qu'à partir de 1977 avec la commercialisation d'ordinateurs personnels (lancement de l'Apple II).

La transformation digitale touche aujourd’hui tous les secteurs, toutes les activités, tous les processus et tous les métiers ; qu’ils soient techniques, commerciaux ou administratifs. Ce faisant, elle induit des changements. Or, par nature, la plupart de nous autres, êtres réfléchis et conscients avons peur du changement ou y sommes réticents diront certains. On parle ainsi souvent de résistance au changement pour qualifier cette peur de l’inconnu, de la nouveauté ou de l’évolution majeure. Je comprends que notre instinct de vie ou de survie influe sur nos comportements et attitudes face à l’inconnu, particulièrement dans le monde professionnel.

En effet, face à l’inconnu on peut être habité par un sentiment de peur :

- peur de perdre sa place ;

- peur de perdre des revenus alors même que nous avons de multiples engagements par ailleurs ;

- peur de perdre son influence ;

- peur d’avoir le sentiment de ne plus être aussi utile qu’on a pu l’être jusqu’ici.

Ces peurs, avec tout ce qu’elles peuvent induire - quand on sait ce que le travail représente dans l’histoire de l’humanité et encore plus dans nos sociétés modernes, où tout se monnaye, tout s’achète ou se vend, beaucoup sinon tout repose sur l’argent - peuvent devenir des freins à la découverte, à l’évolution, à l’enrichissement professionnel, au développement des connaissances et des compétences, à la transformation positive, à l’élévation, bref à un plus grand accomplissement de soi.

L’Assistante ou la Secrétaire, constitue pour moi, par le rôle qu’elle joue, un acteur majeur dans la réalisation des plus grandes missions des personnes qu’elle assiste. En effet, l’Assistante est une porte d’entrée et de sortie au cœur du protocole, de la communication, de l’agenda, du secret de l’information et même de la mémoire.

L’Assistante n’est pas un à côté mais une extension, une continuité de la personne qui bénéficie de son soutien. L’Assistante est une personne de confiance, une proche, une partenaire professionnelle et un soutien dans la vie professionnelle comme nos épouses le sont dans la vie sociale.

Alors oui, comme énoncé dans mon introduction, la transformation digitale touchera également les métiers liés à l’assistanat, comme c’était déjà le cas avec l’introduction des ordinateurs, mais je suis convaincu que le digital ou l’intelligence artificielle ne pourra jamais se substituer à l’Assistante (l’intelligence artificielle n’est-elle pas un processus d’imitation de l’intelligence humaine ?).

Au contraire, je vois plutôt une formidable opportunité pour mieux assister vos partenaires professionnels. Le digital et l’intelligence artificielle peuvent aider à faire mieux et plus, tout en gagnant du temps qui pourra être mis à profit pour une meilleure qualité de vie. En effet, on a vu des assistantes travailler de nombreuses heures, voire les week-end, pour finaliser ou préparer des dossiers pour leurs partenaires professionnels. Cela influe sur leur qualité de vie, sur leur relation avec leurs partenaires de vie sociale, sur leur relation avec leurs enfants, sur leur santé physique et mentale.

Si l’intelligence artificielle permet de retranscrire un texte dicté par une assistante qui n’aura qu’à repasser dessus pour corriger les fautes et omissions à la marge ;

si l’intelligence artificielle permet de vérifier un texte rédigé par une assistante pour plus grande satisfaction du destinataire final;

si l’intelligence artificielle permet d’enregistrer les rendez-vous de partenaire professionnel, tout en gérant les conflits d’agenda potentiels et en les lui rappelant au moment opportun ;

si le digital permet de scanner des volumes importants de documents et de les archiver sans avoir à se poser des questions sur leur rangement ;

si le digital permet de créer des groupes et des canaux de communication et d’échange avec tous les acteurs avec lesquels votre partenaire professionnel interagit ;

si l’intelligence artificielle permet de disposer d’outils de recherche documentaire suggestifs plus sophistiqués que ceux qu’on a connus jusqu’ici ;

alors, je pense que nous devons accueillir ces outils avec beaucoup d’ouverture, de pragmatisme et d’opportunisme dans la bonne acceptation du terme pour tous ces impacts positifs que nous avons indiqués.

Je vous invite donc à saisir l’opportunité que vous offrent ces journées de réflexion pour :

- diagnostiquer les opportunités et menaces offertes ou soulevées par la digitalisation de vos activités ;

- évaluer vos forces et faiblesses au regard de cette nouvelle dynamique ;

- identifier les enjeux liés à cette transformation ;

- élaborer le plan d’actions qui vous permettra d’aborder ce virage sans remous, en insistant sur la formation et l’accompagnement.

Nous avons besoin de la transformation digitale car nous sommes dans une nouvelle ère économique, l’ère de la donnée, l’ère de l’analyse, l’ère de la prédiction et de la décision orientée par les données massives, l’ère des start-up ! Au-delà de l’impact de la transformation digitale, je pense que nous devons, d’un point de vue de politique publique, poser la question de la souveraineté digitale et de la maîtrise de tout ce qui tourne autour du digital en termes de solutions, de cybersécurité, de données, d’écosystèmes…

Pour moi, le digital sera un des piliers du développement économique et social du Sénégal, une des plus grandes opportunités de création de valeur, d’emplois et de champions, donc d’influence économique et politique dans un monde où les rapports de force se définissent aussi sur ce terrain.

J’appelle ainsi notre jeunesse à se tourner massivement vers la science, plus particulièrement la science des métiers liés à la transformation digitale.

Je ne saurai terminer sans vous remercier mes chères sœurs et amies de l’insigne honneur que vous m’avez fait, en me choisissant comme parrain officiel de la Conférence internationale des Professionnels en Secrétariat et Assistanat de Direction.

Je vous souhaite, Mesdames et Messieurs, une excellente conférence inaugurale et de fructueux échanges au cours de vos discussions.

Puisse Allah bénir vos actions et veillez sur vous.