NETTALI.COM - Initialement prévu pour ce samedi à 12 heures, le gouvernement du Premier ministre Amadou Ba a mis des heures avant de révéler ses contours. Un accouchement douloureux dont les causes sont à chercher dans la volonté de Macky Sall d'éviter une dislocation de l'Alliance pour la république (Apr), mais aussi de contenter ses alliés de Benno Bokk Yaakaar. 

Nos sources sont formelles. Amadou Ba n'a jamais été le choix numéro un du président de la République pour s'asseoir sur le fauteuil de chef du gouvernement. L'ancien ministre de l'Economie et des Finances semble le confirmer quand il déclare que c'est ce samedi matin qu'il a appris que le Président Macky Sall avait porté son choix sur sa personne pour conduire les destinées du gouvernement. D'ailleurs, ce choix a été l'une des raisons du retard accusé par l'officialisation de la nomination des membres du gouvernement. De sources généralement bien informées, c'est Idrissa Seck, actuel président du Conseil économique, social et environnement (Cese) qui était pressenti pour occuper le poste de Premier ministre. Selon les mêmes sources, le président du parti Rewmi aurait été très déçu d'apprendre qu'il n'était pas le choix final du chef de l'Etat. "Il (Idrissa Seck, ndlr) a confié sa déception à son ami et marabout Serigne Moussa Nawel Mbacké", révèle un responsable politique établi dans la cité religieuse de Touba.

Mais qu'est-ce qui a poussé Macky Sall a finalement porté son choix sur l'ancien ministre des Affaires étrangères? Tout serait lié à la "fronde" d'Aminata Touré à l'Assemblée nationale. Le chef de l'Alliance pour la république (Apr) qui peine à enlever l'épine Aminata Touré de son pied ne voudrait surtout pas ouvrir un nouveau front. Or, laisser Amadou Ba et Aly Ngouille Ndiaye à l'Assemblée nationale aurait été le chemin le plus court pour créer une large fronde dans son parti. D'où le choix d'envoyer Amadou Ba à la Primature. C'est ce dernier qui aurait convaincu Aly Ngouille Ndiaye à accepter le ministère de l'Agriculture.  Ce problème réglé, Macky Sall a dû s'employer à éteindre un autre feu. Les relations entre Amadou Ba et Abdoulaye Daouda Diallo n'ayant jamais été des meilleures, leur cohabitation était quasi impossible au sein du même attelage gouvernemental. Résultat : Abdoulaye Daouda Diallo atterrit à la présidence de la République comme directeur de cabinet de Macky Sall. Et comme pour calmer une éventuelle colère, le chef de l'Etat lui donne le titre de ministre d'Etat. Mais le désormais ancien ministre des Finances n'était pas la seule raison du retard de la formation du gouvernement du Premier ministre Amadou Ba.

Selon nos informations, le cas Mactar Ba n'a pas du tout été des plus simples. Le désormais ex-ministre des Sports ne voulait pas quitter le département des Sports pour un autre ministère. Finalement, le chef de l'Etat s'est résolu à se séparer de celui qui fait partie de ses plus fidèles lieutenants. Autre difficulté à laquelle Macky Sall et Amadou Ba ont dû faire face pendant cette journée du mardi, c'est celle liée à la présence dans le gouvernement de ses alliés. Si le Parti socialiste (Ps) a gardé "ses" deux portefeuilles ministériels, il était question que les noms des occupants changent. Peine perdue. Selon nos sources, Serigne Mbaye Thiam a tenu à rester dans le gouvernement malgré un début de rébellion au sein de la formation dirigée par Aminata Mbengue Ndiaye. Toutes choses qui ont abouti à la formation d'un gouvernement de 38 membres dont des ministres issus de l'Apr, mais aussi de l'Afp de Moustapha Niass, du Rewmi d'Idrissa Seck, du Ps ou encore du Pit. Ce, après de longues heures d'attente.