CONTRIBUTION - Le régime de de Macky Sall est en train d’abattre ses dernières cartes. Au moment où s’ouvre la campagne électorale des législatives du 31 juillet 2022, des informations font état du recrutement par les services de la Présidence sénégalaise, d’un cabinet de lobbying américain pour préparer le terrain à une troisième candidature de celui qui, comme Paul Biya, semble nourrir l’ambition secrète d’une présidence à vie.

UNE ATMOSPHERE DE FIN DE REGNE

Le mode de gestion clientéliste du pouvoir politique basé sur un Parti-Etat, en vigueur dans notre pays, depuis l’indépendance de 1960, semble avoir atteint ses limites, obligeant nos gouvernants à user de méthodes plus agressives et coercitives.

Rien que dans les dernières semaines, le peuple a pu être témoin et se convaincre, pour de bon, que ce pouvoir est capable de remettre en cause certains de nos acquis démocratiques pour atteindre les objectifs, qui lui ont été assignés par ses maitres à penser, qui convoitent ardemment nos nouvelles ressources pétrolières et surtout gazières.

Passons sur les rafles injustifiées et lourdes de sens politique de manifestants pacifiques et sur l’arrestation arbitraire et illégale de députés en session, en dehors d’une procédure de flagrant délit, sans levée de leur immunité parlementaire …, qui rappellent les pratiques ayant eu lieu au Chili des années 70 !

A côté de ces atteintes aux libertés, il y a remise en cause totale du code électoral consensuel de 1992. Ainsi, faisant fi du jugement de la CEDEAO, le conseil constitutionnel a évincé une quinzaine de listes par le biais de la loi illégale, illégitime, inéquitable et obscure sur le parrainage citoyen, laissant le ministère de l’intérieur finir le job, en fractionnant et en estropiant la liste de la principale coalition de l’opposition.

Malgré ces décisions qui devraient heurter la sensibilité de tout véritable démocrate, on a vu comment le ban et l’arrière-ban des personnalités (dont certaines se réclamant encore de gauche) et de ce qui reste de la base sociale du pouvoir ont été mobilisés pour entériner les forfaitures évoquées précédemment et réanimer un régime à bout de souffle.

Heureusement que face à cette loyauté à toute épreuve rappelant le code d’honneur des mafias, la coalition Yewwi Askan Wi et l’inter-coalition quelle partage avec Wallu, sont en train de poser les jalons d’une future et prochaine victoire électorale.

UNE PROPAGANDE AUX RELENTS FASCISTES

Dans son message au peuple sénégalais, a l’occasion de la Tabaski, Ousmane Sonko a de nouveau fait la preuve qu’il n’était pas homme à se laisser impressionner par les campagnes médiatiques orchestrées par le pouvoir basées sur la désinformation et la manipulation. Dans le cas d’espèce, il s’agissait de sortir une phrase de son contexte et d’en modifier le sens pour accuser le leader du PASTEF d’ethnocentrisme, alors qu’au contraire, la quasi-totalité de son discours préconisait le vivre ensemble de toutes les communautés de notre pays.

Ces accusations sont ridicules, venant d’un régime connu pour ses frasques ethnocentristes, depuis les appels aux meurtres par coupe-coupe d’un certain député jusqu’aux "titres fonciers politiques" attribués au président et où les leaders de l’opposition seraient interdits de séjour par le député-maire milliardaire.

C’est pourquoi, les hurlements lupins, ayant pu leurrer quelques personnalités probablement abusées, de bonne foi, ne doivent pas nous faire oublier qu’il s’agissait, ici, surtout de faire la lumière sur la mort de jeunes sénégalais tués par balles, parce qu’ayant prétendument enfreint des arrêtés illégaux d’autorités administratives déniant abusivement à l’opposition le droit de manifester.

LA COHABITATION COMME PHASE DE TRANSITION

L’expérience a prouvé que la propagande agressive doublée de la diabolisation de certains leaders de l’opposition avait une portée indéniable sur certains segments de la petite bourgeoisie. Mais les résultats des dernières locales et le grandiose meeting du 8 juin 2022 ont démontré, que de très nombreux citoyens sénégalais ont maintenant adopté une posture de défiance face à un pouvoir, qui use de plus en plus de mesures répressives et anti-démocratiques.

C’est pour cette raison, que la cohabitation parlementaire, pourrait être l’occasion rêvée de concertations apaisées pour remettre tous les enjeux prioritaires à plat, entre un président, à la fin de son dernier mandat et une opposition plurielle en phase de montée en puissance.

On espère seulement que les nouvelles orientations politiques, qui sortiront de ce nouveau Parlement et qui devront nécessairement prendre en compte les préoccupations des larges masses populaires iront dans le sens indiqué par les Assises nationales, confirmé par la CNRI.

La cohabitation, qui pointe à l’horizon, pourrait servir de phase de transition vers une nouvelle république où l’hyper-présidentialisme obsolète va progressivement céder la place à un équilibre plus harmonieux entre les différentes Institutions.

Ce sera également le moment tant attendu pour baliser la voie au processus devant mettre fin à la domination des puissances étrangères impérialistes et permettre l’accession de notre pays à une pleine et entière souveraineté économique.

NIOXOR TINE

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