NETTALI.COM - Le Chef du service des maladies infectieuses du Centre hospitalier national universitaire (CHNU) de Fann a décliné le poste de ministre de la Santé et de l’Action sociale qui lui a été proposé par le Chef de l’Etat.

“Docteure Marie khémesse Ngom Ndiaye n’était pas le premier choix du Chef de l’Etat, lorsqu’il s’est décidé de se séparer d’Abdoulaye Diouf Sarr. C’est plutôt sur le Professeur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses du CHNU de Fann, que Macky Sall avait jeté son dévolu”, confie une source autorisée digne de foi du journal Enquête. Et cette source d’ajouter que “le professeur Seydi a décliné poliment cette proposition. Il a dit sa préférence de poursuivre son aventure d’enseignant chercheur et de formateur des futurs médecins. Il n’a pas voulu couper le cordon ombilical qui le lie à ses apprenants, surtout en ces périodes où la denrée se fait rare, avec le départ à la retraite de plusieurs professeurs et qu’il se pose un problème de relève’’.

Ainsi, n’ayant pu enrôler l’infectiologue, le président de la République qui voulait coûte que coûte se séparer d’Abdoulaye Diouf Sarr, a ainsi joint et convaincu le désormais ex-directeur général de la santé d’accepter le portefeuille très stratégique. En acceptant la demande, Marie Khémesse Ngom Ndiaye est devenue la 25ème ministre de la Santé du Sénégal et la septième femme à occuper ce poste.

Les raisons du refus Comment alors comprendre le refus du professeur Moussa Seydi ? Il faut rappeler qu’il dirige, depuis près de neuf ans, le centre des maladies infectieuses de l’hôpital de Fann à Dakar. Après des études au Sénégal, il a poursuivi son cursus en France et aux États-Unis. Il n’y a pas longtemps, il confiait : “Ma priorité, c’est de voir et de traiter les malades, avant tout. Je ne suis pas politique, les autorités me font confiance’’. Les Sénégalais ont découvert l’enseignant chercheur, avec la menace du virus Ebola, mais surtout, durant la “guerre’’ contre la Covid-19.

Même si beaucoup soutiennent qu’il a l’oreille du Président, lui est jaloux de sa liberté. D’ailleurs, c’est cette liberté qui explique sa mésentente avec l’ancien ministre Abdoulaye Diouf Sarr qui voulait lui faire des misères. Ne disait-il pas, lors de l’inauguration du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de Fann : “Il (Macky Sall) a toujours respecté notre liberté et notre indépendance… Vous ne l’avez pas vu se mêler des traitements, il faut donner tel médicament et pas tel médicament. (…) Est-ce que vous avez une fois vu le président de la République faire quelque chose qui met mal à l’aise les praticiens ?”

Sur les qualités de Seydi, son collègue Professeur Babacar Diao, confiait à EnQuête : “J’ai une grande admiration pour ce monsieur qui s’est battu pour rester au Service des maladies infectieuses de Fann, à une époque où rien ne lui était favorable. Professeur Seydi est un homme qui a pris de la hauteur que ni les titres universitaires ni la recherche de la célébrité ne sauraient ébranler. C’est un guerrier. Son intégrité morale et son éthique ne souffrent d’aucun doute. Il fait partie des rares professeurs qui ne cherchent pas la célébrité, qui travaillent pour leur pays et se taisent. S’il ne s’était pas battu, il ne serait jamais resté aux Maladies infectieuses. Il sait ce qu’il veut et personne ne peut l’intimider’’.