NETTALI.COM - Ce sont 3 ans d'emprisonnement que le représentant du ministère public a requis contre Mor Guèye Sine. Ce chef de l’agence Yup de Touba, une filiale de la Société Générale Sénégal, est attrait à la barre du tribunal correctionnel pour avoir grugé à hauteur de 371millions de francs CFA, des commerçants établis dans la ville religieuse.

Sous mandat de dépôt depuis décembre 2020, Mor Guèye Sine a finalement fait face, jeudi 12 mai, au juge du tribunal correctionnel de Dakar. Employé depuis 2017 comme chef de l’agence Yup, une filiale de la Société Générale Sénégal (SGS), il est poursuivi pour faux et usage de faux en écriture de banque, escroquerie et blanchiment de capitaux. Les parties civiles Rama Diop, Mame Aminata Lo, Bara Seck, Abdoul Ahat Diouf et Thierno Fall estiment ainsi le montant de leur préjudice à 371 millions F CFA. Toutes ces personnes ont été roulées dans la farine par le prévenu qui, selon elles, a usé de subterfuges pour les amadouer.

En effet, pour arriver à ses fins, Mor Guèye créé une campagne de crédit fictive durant l’année 2019. Il proposait à ses victimes un contrat dans lequel, elles devaient gagner 10 %. Dans ce dessein, Mor Guèye Sine avait ainsi utilisé un document régulier établi par le directeur de Yup qu'il a eu à falsifier en faisant des modifications. Après l’avoir imprimé, il le remettait aux victimes toujours dans le cadre de ce projet. C'est dans ces circonstances que Rama Diop (100 millions F CFA), Mame Aminata Lo (130 millions F CFA), Bara Seck (13 millions F CFA), Abdoul Ahat Diouf (70 millions F CFA) et Thierno Fall (91 millions F CFA) lui ont respectivement versé des sommes d'argent. Ce qui fait un total de 371 millions F CFA. Mais, une fois l'argent encaissé, Mor Guèye Sine l'utilise à d’autres fins. Il s'offre quatre véhicules dont trois Peugeot 404 et une Honda.

N’ayant rien obtenu, suite leur investissement, les plaignants saisissent ainsi la justice pour recouvrer leurs fonds. Ces derniers tombent alors des nues, lors de leur confrontation avec le mis en cause devant le magistrat instructeur. Puisqu'il leur révèle avoir créé cette campagne fictive de crédit pour sauver son travail et couvrir le détournement qu'il avait commis au sein de Yup où il travaillait à l'époque. Il a aussi soutenu avoir mis en place, sans l'aval de la SGS et de Yup. Ses supérieurs, interpellés, ont confirmé n'avoir jamais mis ce produit sur le marché. C’est ce qui a conduit à son inculpation pour escroquerie, faux et usage de faux en écritures de banque et blanchiment de capitaux.

Face au juge du tribunal correctionnel, Mor Guèye Sine a reconnu le faux et usage de faux. “Je travaille à Yup Sénégal qui est une filiale de la SGS.On a créé un portemonnaie électronique. Grâce au produit, on fait des paiements de salaires. J'envoie les registres de commerce et ninea des parties civiles à la direction’’, a-t-il renseigné.

Pour paraître plus crédible auprès de ses victimes, il utilisait un feuillet qui comportait la signature du directeur général qu’il joignait aux contrats. Pour Aminata Lo, il a imité la signature du directeur et son cachet et a minutieusement mis du blanco pour masquer la date. Sur l’inexistence du produit qu’il a présenté aux plaignants, l’accusé s'est justifié en ces termes : “J'avais créé une campagne de crédit et j'avais le droit de le faire. La SGBS était au courant. Les parties civiles versaient leur argent dans le compte de Yup, domicilié à la SGS. Les fonds sont directement logés dans leur terminal mobile. Ensuite, je passais à l’agence pour récupérer l’argent.’’

Pour justifier son acte, il renseigne qu’il voulait masquer les manquants qu’il avait au début du projet. À l’en croire, tous les individus qui avaient des manquants ont été arrêtés. “J’ai créé ce nouveau produit pour rembourser ce qu'on me reprochait de manière injustifiée. Je n'ai jamais eu l'intention de commettre des malversations’’, s’est-il défendu.

En outre, il reconnaît avoir acheté ses véhicules avec une partie de l’argent soutiré aux parties civiles. Ces dernières réclament ainsi la somme de 540 millions de francs CFA en guise de dédommagement. Les avocats des parties civiles ont sollicité que Yup soit responsable en tant que commettant. Ils ont fait la même demande en ce qui concerne la Société Générale qui doit être poursuivie sur les fondements du Code des obligations civiles et commerciales.

À la suite du représentant du ministère public qui a requis trois ans d’emprisonnement ferme contre le prévenu et la confiscation de ses biens, les avocats de la défense ont demandé une application bienveillante de la loi pénale. La date du délibéré est fixée au 23 juin prochain.