NETTALI.COM - Alors que toutes les oreilles étaient scotchées à Louga pour savoir le sort qui sera réservé aux six sages-femmes de l’hôpital régional impliquées dans la mort de Astou Sokhna, une affaire presque similaire était en train d’être jugée au tribunal correctionnel de Dakar. Une sage-femme et une gynécologue, inculpées en 2015, étaient poursuivies pour homicide involontaire.

Nadia Atinouke Tehevidemi Maliki Raimi et Marieme Gueye, respectivement gynécologue et sage-femme au moment des faits ont été jugées, ce jeudi, à la barre du tribunal correctionnel de Dakar pour les faits d’homicide involontaire sur Aminata Cissé. Mais il n’y avait que la sage-femme à la barre. La gynécologue Nadia Atinouke Tehevidemi Maliki Raimi, n’ayant pas déféré à la convocation, le parquet a requis deux ans d’emprisonnement ferme et un mandat d’arrêt contre elle.

Selon les faits, Aminata Cissé décédée en 2014 à l’hôpital Nabil Choucair, devait subir une césarienne à cause du poids de son bébé mais a, par négligence, accouché par voie basse avant de rendre l’âme. A la barre du tribunal correctionnel l’époux éploré, Amsatou Diallo est revenu sur les circonstances de la mort de sa femme. A l’en croire, c’est vers les coups de 6 heures du matin que cette dernière, se tordant de douleur, a été acheminée dans ledit hôpital pour son accouchement. Mais, la sage-femme qui les a accueillis leur a demandé de patienter sans aucune autre explication. Et, c’est vers 13h qu’on lui a fait part de la naissance par voie basse de son fils qui n’a pas survécu. Pire, il avait constaté que sa femme avait une inflammation au niveau des lèvres, causée par des sévices qu’elle aurait subis au moment de son accouchement.

"Elle m’a dit que deux individus lui tenait les jambes pendant qu’une sage-femme poussait sur son bassin pour faire sortir le bébé. Ce dernier qui avait commencé à sortir la tête avait les épaules coincées du fait de son poids (5kg400)", a expliqué le mari de la défunte devant le prétoire. Sa thèse a été confortée par sa belle-mère par ailleurs mère de la victime, Fatoumata Mbaye. Cette dernière a fait savoir qu’aucune information ne leur a été donnée et c’est usant de la force qu’elle a pu accéder dans la salle d’accouchement où se trouvait sa fille. "Quand je suis arrivée dans la salle, ma fille pleurait. Elle m’a dit qu’elle a failli mourir en salle d’accouchement. Elle m’a raconté que deux gaillards tenaient ses jambes alors que la maïeuticienne appuyait sur son ventre. Quand on m’a remis les habits qu’elle portait au moment de l’accouchement, je les ai jetés car ils étaient imbibés de sang. Elle était en position assise et elle a rendue l’âme étant toujours assise en se tordant de douleur", a raconté la dame qui renseigne que sa fille a laissé 4 orphelins. Les prévenues ont nié les faits.

La sage-femme Marième Gueye, comparaissant libre, a soutenu que le bloc où la défunte devait être opérée n’était pas opérationnel. C’est par la suite dit-elle que la dame qui avait le col dilaté a commencé à accoucher. Face à cela, poursuit-elle, elle avait l’obligation de l’assister car la tête du bébé était déjà sortie.

"Quand j’ai vu que le bébé était coincé, j’ai préparé la table de réanimation car je savais qu’il allait souffrir. On avait mentionné dans le carnet qu’elle ne devait pas accoucher par voie basse. Mais elle est arrivée dans notre structure quand elle a commencé le travail. Ce qui est tard pour son cas. Car la patiente présentait quatre pathologies. Elle était diabétique, obèse hypertendue…Elle devait être prise en charge à 36 semaines", s’est défendue la sage-femme qui avait au moment des faits, fait 20 ans de services. Sur les complications de la dame suite à son accouchement, elle renseigne que Nadia qui était en spécialisation en gynécologie et stagiaire au moment des faits a essayé de contacter le sous astreinte mais en vain.

Venu témoigner, Dr Biaye explique que si le diagnostic de la déchirure utérine était fait précocement, elle pouvait s’en sortir. Les parties civiles réclament 200 millions de francs CFA en guise de dédommagement.

Le parquet requiert 2 ans d’emprisonnement ferme contre Nadia et la relaxe pure et simple de Marième Gueye. Selon le maître des poursuites, la responsabilité de la sage-femme Marième Gueye n’est pas pénale. Celle-ci, à son avis, obéissait aux ordres de la gynécologue même si elle était plus expérimentée qu’elle. Me Demba Ciré Bathily a formulé la même demande et plaidé la relaxe pour sa cliente.