NETTALI.COM - Il y a beaucoup de choses à dire et à redire sur cette affaire d’interdiction de faire la revue de presse par Ahmed Aidara sur Sen TV et Zik Fm dont le patron n’est autre que Bougane Guèye Dany. Le fait est qu’elle a fini de créer la polémique : d’aucuns soupçonnant des dessous politiques ; là où d’autres y voient une œuvre de salubrité publique.

Une affaire d’interdiction qui peut être vue comme difficile à trancher, mais qui est pourtant simple. Il aurait juste fallu au préalable tracer la ligne de démarcation entre l’orthodoxie journalistique et ce qui peut être constitutif de dérives. En d’autres termes, il s’agit pour le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (Cnra) d’appliquer les textes à tout le monde sans distinction. Ceci voulant dire, ne pas laisser prospérer certaines pratiques en tuant toute velléité de dérives dans l’œuf. C’est certainement ce qui fait défaut dans cette mission et qui conduit sans nul doute à cette impression du deux poids, deux mesures qui aux yeux de certains ne serait qu’une chasse à l’opposant emmerdeur.

Ahmed Aïdara a toujours animé la revue de presse de cette manière-là. C’est-à-dire en commentant les titres de presse de manière un peu trop folklorique, l’agrémentant à sa manière, en y mêlant des mots pour rire, sans oublier parfois des pas de danse, - façon « ndjap ». Les amateurs de lutte comprendront.  Un impact d’une revue de presse sur le grand public qui est loin d’être négligeable.

Mais ce qui a fini par fâcher le régulateur, c’est qu’Aidara qui avait en ligne de mire, la mairie de Guédiawaye et se faisait même appeler « monsieur le maire de Guédiawaye » par Mambaye, son collègue sur le plateau de Zik Fm et Sen TV. Il n’hésitait pas à lancer volontiers des piques à ses adversaires politiques, à régler ses comptes et parfois à encenser des personnes citées dans les journaux. C’est selon. Et sa cible de choix du moment, n’était personne d’autre que le frère du président de la République, Aliou Sall, adversaire politique à Guédiawaye qu’il dézinguait à la fin de ses émissions avec l’expression : « soul gaz dou ko téré xeegn » (rien ne peut empêcher l’odeur du gaz de se faire sentir). La référence à l’affaire Petrotim dans laquelle Aliou Sall a été cité par ses accusateurs, était claire.

Et c’est justement ce qui est devenu aux yeux du Cnra, un conflit d’intérêt lié à ses activités politiques et l’irrespect de certaines normes, qui ont été finalement pointés du doigt et finalement abouti à cette injonction d’arrêter de faire la revue de presse sur les supports de D-Média, suite à des mises en demeure. Mais faut-il le préciser ces mises en demeure n’étaient jamais allées aussi loin.

Par rapport à ses activités politiques, la campagne des locales a été le point de départ de l’injonction de suspendre sa revue de presse, dans le but de ne pas avoir à utiliser les médias dans une logique de les utiliser à son profit. Mais, il convient de souligner que Mamadou Ndoye Bane du « Groupe Futurs Médias » était aussi concerné, candidat qu’il était à l’époque à la mairie de Pire. Il y a encore d’autres journalistes dans le cas de figure…

Mais avec cette dernière mise en demeure qui a suivi son élection à la tête de la mairie de Guédiawaye, le Cnra avait cette fois-ci décidé de mettre ses menaces à exécution. Il avait tout simplement coupé le signal de la Sen Tv qui a violé l'interdiction faite à Ahmed Aïdara de faire la revue de presse et la revue des titres, pour une durée de 3 jours, soit la période allant du 31 Mars à 18 heures au 3 avril à 18 heures. Babacar Diagne était ainsi déterminé à en découdre avec Bougane Guèye Dany et son groupe de presse, suite à une première mise en demeure datant du 14 mars 2022. Dans l'article 2 de son texte, le CNRA ajoutait que "la Sen Tv et la Zik Fm sont tenues de respecter scrupuleusement la présente décision". Mieux, l'article 3 indiquait : "en cas de récidive, après la reprise de la diffusion des programmes de la Sen Tv et de la Zik Fm, lesdites chaines peuvent faire l'objet de sanctions plus lourdes, conformément à la réglementation. ". Ce qui avait poussé la Sen Tv à ne diffuser que sur ses plateformes numériques.

Une décision du Cnra qui n’a évidemment pas été du goût du patron du groupe D-média. C’est ainsi que dans une missive adressée aux membres du Collège du Cnra, Bougane Guèye Dany avait tenu à dire ses vérités au gendarme de l'audiovisuel sénégalais. La teneur de celle-ci en dit long sur l’amertume de Bougane. "Mr le Président du CNRA, M. Babacar Diagne votre décision contre Ahmet Aidara est illégale. Le collège du CNRA a décidé de d'interdire la revue des titres et de presse par Monsieur Ahmed Aidara sur la SEN TV et la ZIK FM. Je suis surpris par cette décision non motivée, abusive et donc infondée. D’emblée, je m'y oppose de la manière la plus forte parce qu’à ma connaissance, Ahmed Aïdara jouit encore de tous ses droits civiques et politiques. Il demeure un salarié du Groupe D-média dont je suis le Président du conseil d'administration et promoteur. Que lui reproche-t-on ? - D’être devenu maire de la ville de Guédiawaye, chasse gardée de l’intouchable Aliou Sall ?  - De conserver son emploi après avoir vaincu le frère du tout puissant Président de la République ? ….

Curieusement, le lendemain de cette sortie musclée, Ahmed Aidara démissionne du groupe D-médias. Après une interruption brusque de sa revue de presse de ce matin-là, au moment où il évoquait l'affaire des audios de la dame Adji Sarr et Mamadou Mamour Diallo dans le cadre de l'affaire "Sweet beauty".

Mais comme l’avait écrit « nettali.com » citant des sources dignes de foi, ce qui s'est passé ce mardi matin, n'était en réalité que la goutte de trop dans les relations devenues tumultueuses entre Bougane Guèye Dany et son désormais ex-collaborateur. D’ailleurs l'attitude de Bougane Guèye défendant bec et ongles Aïdara, avait surpris jusqu'au sein du groupe de presse. "Bougane est en train de jouer, mais tout le monde sait qu'il ne s'entend plus avec Ahmed", confiait un journaliste de D-Médias. Et notre interlocuteur de poursuivre en ces termes : "Il voulait se débarrasser d'Ahmed, mais ne savait pas comment faire."

L’on a appris aussi que le maire de Guédiawaye avait décidé de quitter D-Médias depuis longtemps. Bien avant les élections locales de janvier 2022, il confiait à des proches : "Quel que soit le résultat des élections, je retournerais pas à D-Médias." En fait, Ahmed Aïdara avait le sentiment d'avoir été trahi par Bougane Guèye. En privé, il confiait : "Même si je suis élu maire, je continuerais d'exercer mon métier, mais ailleurs qu'à la Sen Tv." Et les péripéties de l'installation du bureau municipal de Guédiawaye n'a rien facilité.

L’équité en question 

Loin de dire que Aïdara est exempt de reproches, la raison pour laquelle la pilule a du mal à être avalée, est liée à la posture de Babacar Diagne qui est assimilable à du deux poids, deux mesures. Des exemples foisonnent pour montrer que Diagne a un boulevard d’incompatibilités, de conflits d’intérêt et de dérives dans le travail des médias s’il veut être équitable dans sa mission de régulation.

Racine Talla, par exemple, en tant que militant de l’Alliance pour la République et Directeur général de la RTS, est un parfait exemple. Et, il est hélas bien difficile de ne pas pointer du doigt le traitement de l’information bien trop favorable au pouvoir en place, au Triangle sud. Il se résume tout simplement à de la propagande et à de l’ostracisme vis-à-vis de l’opposition sur une chaîne pourtant financée par les deniers du contribuable sénégalais. Le cahier des charges de la RTS, ne lui impose-t-elle pas d’organiser une émission plurielle tous les 15 jours ? On peut dès lors raisonnablement se demander où est le traitement équitable dans cette mission de régulation ? N’oublions quand même pas que Babacar Diagne a été directeur de la RTS, donc au cœur de ce système d’ostracisme de toujours contre les opposants.

Et pourtant, dans le cas de la RTS, un minimum de jugeotte aurait pu permettre de voir que l’ouverture d’une fenêtre aux opposants, est un moyen de doper l’audience de cette chaîne, en la rendant de fait fréquentable. La conséquence, c’est évidemment une chaîne désertée par bon nombre de télespectateurs qui préfèrent s’orienter vers la presse privée où ils peuvent trouver cette information plurielle. C’est d’ailleurs même une illusion que de croire qu’il est aujourd’hui possible de bâillonner la presse avec le pluralisme en cours.

Maïmouna Ndour Faye à l’émission « Ramadan Show » sur la 7 TV, la semaine dernière, a fait savoir que Babacar Diagne a posé, avec cette affaire, « un précédent dangereux en écrivant directement à un patron pour lui faire savoir que son employé ne peut plus faire la revue de presse ». Selon elle, : « s’il y a des entorses à l’exercice du métier, il peut saisir le patron de manière à lui demander d’apporter des rectificatifs. Il y en a qui disent qu’on lui a demandé cela, mais que ça n’a pas été fait. Vous ne pouvez pas vous lever du jour au lendemain et prendre une décision aussi extrême. Je pense que le Cored sert à ça. »

Pour la patronne de 7 TV, « C’est bien que le CNRA sévisse, mais il y a deux cas de figures pour lesquels je vais critiquer Babacar Diagne. Lors de la coupe d’Afrique par exemple, il a publié des tas de communiqués en insistant pour dire que les autres chaînes n’avaient pas le droit de prendre les images ; mais lorsqu’on note un médium, quel que soit son bord qui commet des abus en empêchant les autres de faire leur travail, on n’a nullement entendu Babacar Diagne. (…) Une loi est d’ordre général et impersonnel, qu’on soit du privé, comme du public. Si on empêche à Ahmed Aïdara de faire ce qu’il fait, qu’est-ce qu’on fait des chroniqueurs qui, à l’écran,  sont avec le pouvoir et l’affichent ? Dans cette affaire, on lui demande d’être juste. Je réserve mon jugement sur le travail d’Ahmed Aïdara car j’ai apporté un soutien de principe et j’ai dénoncé l’incursion de Babacar Diagne dans la gestion de nos maisons  de presse. Il a sauté des paliers. »

Sadikh Diop fondateur de Limédia n’a pas pu s’empêcher d’exprimer « sa honte » et « sa surprise ». « Le Cnra est le gendarme de l’audiovisuel. Il est là pour voir si vous respectez votre cahier des charges et si vous faites le travail comme il se doit. Mais depuis qu’il est là, il est le pire des dirigeants. C’est la pire des gestions. », lance celui-ci à la suite de MNF. Il ne manque d’ailleurs pas de le comparer à feu Babacar Touré, l’ancien président du Cnra à partir de 2012 qui avait eu à poser des actes forts. Comme par exemple le refus aux policiers de récupérer des cassettes de monitoring liées à des émissions de Walf TV incriminées ; ou encore le refus de fermeture de la chaîne et la mise en demeure qu’il avait servie à la RTS, alors que « lors du référendum de 2016, elle faisait du n’importe quoi » ; ajoutant à cela, l’interview dans « jeune Afrique » pour dénoncer le refus de se conformer à cette mise en demeure par la RTS.

Pour Sadikh Diop, « Babacar Diagne doit faire son autocritique. Il fait du zèle. » « En 2011, on m’a mis en contact avec lui, je ne le connaissais pas et j’avais pas demandé à être en contact avec lui. C’est lui qui m’avait sollicité. J’étais tellement déçu car tout le temps que j’ai passé dans son bureau, il a passé son temps à me dire que le président Wade est son ami… qu’il voyage avec lui. De la courtisanerie en somme. Je ne m’occupe pas de ses relations, ça ne m’intéresse pas. C’est cet esprit de courtisan qui l’empêche de prendre de la hauteur et d’assumer sa mission. Tout ce qu’il attend, c’est de faire plaisir à Macky Sall. La régulation des médias, c’est important pour la démocratie. Si on avait de bons médias, on n’aurait pas tous ces problèmes et les débats seraient très relevés. Les membres du CNRA et les conseillers doivent aussi assumer leurs rôles et leurs responsabilités », relate Diop de l’observatoire des médias.

Mounirou Sy, conseiller spécial du président et constitutionnaliste, présent à la même émission, a lui, un avis différent : « Ce que je sais de Babacar Diagne, mais de loin, il est généreux, professionnel et a l’amour du savoir. Ceux qui l’ont choisi, ne sont pas des fous. Le Cnra prend des décisions collégiales. Pour ce qui est du cas d’Ahmed Aïdara, j’ai essayé de le joindre pour lui expliquer (…). A un moment, c’était à lui de faciliter les choses pour son entreprise et pour ses collègues. On ne peut pas faire un commentaire des titres de la presse à la place de la revue de presse. Tout le monde sait qu’à un moment donné, il s’en prenait à certains. Quand vous n’étiez pas maire, on ne vous interdisait pas cela, mais il y a entre temps une situation qui a changé et qui fait qu’on vous l’interdise. La presse doit être régulée, surtout la presse en ligne quant à la véracité, la légèreté dans l’information, tant dans l’oral que l’écrit et le style. »

Et le constitutionnaliste Ngouda Mboup de prendre son contrepied : « la presse a un rôle à jouer. Dès lors qu’on ne régule pas, on affaiblit sa démocratie. Babacar Diagne et le Cnra ne font pas leur travail. Il ne faut pas être tendancieux lorsqu’on cherche à réguler. L’opposition ne passe pas à la RTS. Les discours de Barthélémy Dias et Ousmane Sonko y ont été occultés le 4 avril passé. Cela prouve une chose. Dans son cahier des charges, il est dit qu’il doit y avoir une émission plurielle tous les 15 jours, mais ça n’existe plus. Il regarde la RTS faire ce qu’elle veut. Le DG de la RTS est maire de Wakhinane Nimzatt ( …) Il faut que le président accepte d’initier des réformes. Le problème du Cnra est loin d’être terminé. Ahmed Aïdara peut par exemple aller lancer sa revue de presse sur les réseaux sociaux…»

Et aux dernières nouvelles, c’est cela qui s’est produit puisqu’on a appris que ce dernier a créé une chaîne Youtube dénommée 2 A TV pour poursuivre sa revue de presse. Sur facebook, l'heure et le nombre d'abonnés sont annoncés. Une manière de contourner le champ de compétence du Cnra dont ne font pas partie l'internet et les réseaux sociaux.

Un boulevard de dérives à corriger

Au-delà de la polémique, il s’agit de réfléchir aux orientations à donner à la presse si l’on veut que le nouveau code de la presse qui décèle des innovations intéressantes, puisse permettre de régler des problèmes importants qui gangrènent le 4ème pouvoir dans ce pays.  L’équité et la promotion des normes devraient par exemple être mises au centre des préoccupations du Cnra qui va prochainement se muer en une Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Harca). Cette dernière aura des pouvoirs plus étendus en ce sens qu’elle aura la compétence de réguler le secteur de la presse (radios, télévisions, presse écrite, presse en ligne). C’est en effet l’occasion ou jamais de faire respecter les normes et de limiter les dérives dans le travail journalistique.

La vérité est que s’il y a de plus en plus de dérives, c’est parce que beaucoup de personnes n’ayant pas la qualification requise pour exercer le métier de journaliste, ont font irruption dans le secteur du journalisme qui est devenue depuis, une sorte d’armée mexicaine, alors que la profession de journaliste est d’une telle sensibilité qu’elle ne peut pas ne pas requérir, un niveau d’études solide, de la culture générale, des aptitudes de langue et un bon niveau d’écriture. L’information sert à éveiller le citoyen et à l’éduquer dans le sens d’une bonne compréhension des sujets de son environnement dans lequel il vit.

Mais, à la vérité, de nos jours, trop de chroniqueurs essaiment les plateaux télés, au grand dam du public qui attend des explications factuelles sur les sujets et non des opinions. En réalité, le chroniqueur n’est pas monsieur tout le monde. Contrairement à ce qu’on voit, il doit avoir une expertise avérée dans son domaine, sans oublier un background suffisant qui lui permettent d’apporter une véritable valeur ajoutée informationnelle sur des sujets pointus. Il suffit de voir le traitement de l’actualité internationale liée à la guerre en Ukraine pour noter l’hécatombe des commentaires. De nombreux intervenants ne se nourrissent que de revues de presse internationales pour livrer leurs opinions. De même dans une émission qui traite de questions juridiques sur une certaine chaîne de télévision, il est fréquent d’entendre distiller des hérésies juridiques, surtout en ce qui concerne la procédure pénale. Et Pire, beaucoup de désinformation sur les sujets traités.

Être chroniquer est donc une chose sérieuse. Le choix aussi doit l’être. Il ne suffit donc plus d’être professeur de lycée, conseiller municipal, activiste, pour pouvoir trôner dans une émission télé. A suivre Oumar Faye par exemple débiter des arguments d'une vacuité terrible sur le pétrole et le gaz, prouve qu’il y a de quoi être inquiet pour l'information de nos concitoyens. Pourquoi le Cnra ne s’est-il jamais offusqué de la présence de Birima Ndiaye sur le plateau de la TFM à l’émission « Jakarloo » ? De quel banckground et de spécialité, peut-il se prévaloir ? De même, certaines tribunes d’opinions sur la Sen TV, sont une catastrophe, en plus d’être parfois orientées et visant des personnalités politiques ou dirigeants d’entreprises.

Il y a vraiment à s'inquiéter des profils qu'on nous sert, au regard du background des concernés : professeur de philo de lycée, écrivain sans ouvrage connu, rappeurs reconvertis en activistes, etc.

Il est aussi au-delà, surtout question de ne pas confondre éloquence et savoir ; de même, il y a une différence à faire entre un discours qui plaît parce que conforme à ce qu’on a envie d’entendre (opinions politiques favorables à l’opposition voire au pouvoir) et la vraie info qui se résume à des faits vérifiés avant diffusion.

Et le phénomène qui est de nos jours en train de gangréner la presse, c’est le fait d’associer des journalistes et des animateurs sur les plateaux. Ils finissent par se contredire et à se marcher sur les pieds, lors des interviews ou lors de la conduite des émissions. Une interview s’apprend et ne s’improvise pas. De plus la connaissance des faits est capitale pour challenger les invités.

Les communicateurs traditionnels, ne les oublions pas, sont devenus de vraies plaies pour la presse. Mamadou Mbaye Garmi, Lamine Samba et le fils de Ablaye Mbaye Peekh se sont récemment illustrés, lors d’une récente émission « Quartier Général », de fort mauvaise manière en se lançant dans un concours de louanges, évoquant tantôt la générosité de Matar Ba, ministre des sports pour son humilité, tantôt sa disponibilité et son ouverture (parce qu’il répond au téléphone et rappelle..). Ce sont eux qui avaient donné le ton de l’émission avant que les journalistes sportifs ne tentent de challenger le ministre des sports. Ce qui est dommage à constater avec ces animateurs et communicateurs traditionnels, c’est le manque de distance avec les invités. Comme lorsque le ministre arrive sur le plateau et se met à taquiner Pape Cheikh Diallo sur son embonpoint ; ou lorsque Matar Ba dit des journalistes sportifs présents qu’ils sont « ses amis ». Il y a une désinvolture et une telle proximité qu’on se demande s’il est parfois nécessaire de faire certaines émissions.

Il y a en tout cas de quoi s’interroger. Mais qu’est-ce qu’il est bavard ce Pape Cheikh Diallo avec ses propos empreints d’une grande vacuité et des futilités. Il rit de tout et ne fait preuve d’aucune retenue sur des sujets sérieux, sensibles et difficiles. Difficile en effet de tirer quelque chose de ses émissions, tant lui-même se comporte désormais comme un communicateur traditionnel.

L’on parle beaucoup de nos jours d’infotainment, mais si le télespectateur ne doit rien tirer d’une émission dominée par la complaisance, il vaut mieux dans ce cas ne pas embrasser certains sujets à caractère politique, économique, social, etc. et inviter simplement des humoristes, tels que Sanekh, kouthia ou Sa Ndiogou parce qu’on saura déjà à quoi s’attendre.

Bien sûr que le Cnra doit sanctionner des manquements, mais s’il veut jouer pleinement son rôle, il a un boulevard de dérives, d’incompatibilités à corriger et à sanctionner. Mais vraiment en dernier ressort.