NETTALI.COM- Lemaitre des poursuites a, après un long réquisitoire, demandé, hier, à la chambre criminelle de reconnaitre les inculpés dans l’affaire du massacre de Boffa Bayottes,  coupables des faits pour lesquels ils sont poursuivis et de les condamner à la réclusion criminelle à perpétuité. Il  a ,aussi, requis deux ans de prison ferme contre deux parmi eux qui avaient récemment bénéficié d’une liberté provisoire. Les avocats de la partie civile ont, quant à eux, demandé 20millions pour chaque mort, blessé et rescapé.

Ouvert le 21 mars dernier, le procès sur la tragédie de Boffa Bayottes, qui a fait 14 morts, 7 blessés et 3 rescapés, se poursuit à la Chambre criminelle du tribunal de grande instance (TGI) de Ziguinchor. Plaidoirie des avocats de la partie civile et réquisitoire du maitre des poursuites, le magistrat Ismaïla Diallo, ont rythmé la journée d’hier. Séance au cours de laquelle la partie civile a demandé à la chambre “une application exemplaire de la loi’’, en reconnaissant les inculpés coupables des chefs d’inculpation pour lesquels ils sont poursuivis et d’allouer 20 millions de francs CFA à chaque victime, blessé et rescapé de “cette barbarie inouïe’’.

Cette demande de la partie civile,  détaille Enquête, n’est pas tombée dans l’oreille de sourds, puisque le maitre des poursuites a, à son tour, demandé à la chambre de reconnaitre coupables les détenus du massacre et de les condamner à la réclusion criminelle à perpétuité. Le magistrat Idrissa Diallo fonde sa religion sur plusieurs éléments tirés de la procédure.

Il s’agit, entre autres, des relevés des appels téléphoniques, notamment le jour des faits, l’existence de plusieurs mails, tous compromettants du journaliste René Capain Bassène supposé être le cerveau de la tuerie. Mails dans lesquels il demande, en outre, au “donneur d’ordre’’ César Atoute Badiane, le commandant du Front Sud, de “prendre en otage les coupeurs de bois’’, de “riposter rapidement’’, de “sévir dans la plus grande sévérité’’, “de réagir pour forcer le Sénégal à la table de négociations’’ ou encore certains communiqués et déclarations où il parle de “l’imminence de la tuerie’’ et “du sang qui va couler’’.

Le représentant du ministère public s’est aussi appuyé sur les différentes récriminations du journaliste contre le projet Puma, la coupe de bois, l’exploitation du zircon, les différentes réunions préparatoires au massacre, l’accoutrement des auteurs, les armes qu’ils portaient, les contradictions relevées lors des passages de certains témoins à décharge qui, pourtant, ont “chargé’’ leurs proches. S’y ajoutent les aveux circonstanciés de leur codétenu Jean-Christophe Diatta et de la lettre d’adieu de feu Bourama Toumboul Sané, Président du Comité inter-villageois de surveillance de la forêt des Bayottes-Est, qui s’est suicidé, après sa première interpellation par les gendarmes. Document dans lequel il écrit, en substance, que “sa vie n’est plus nécessaire’’, qu’il n’est ni de près ni de loin responsable de ce massacre et que le comité qu’il dirige est infiltré par des membres qui “préfèrent verser du sang’’.

 “Ils ont pour la plupart été bornés sur le théâtre des faits’’

Le maitre des poursuites a, en outre, fondé sa conviction sur le bornage des téléphones sur le théâtre des faits, la géolocalisation des accusés, leurs agendas la veille et le jour de la tuerie, les démarches de René Capain Bassène et d’Omar Ampoy Bodian en Guinée-Bissau auprès du chef de guerre César Atoute Badiate.

Selon lui, les résultats produits par la Sonatel ne peuvent souffrir d’aucune contestation. “Ils ont pour la plupart été bornés sur le théâtre des faits’’, a-t-il indiqué. A l’en croire, tous ces éléments matériels et les données techniques permettent d’asseoir la culpabilité des accusés dans cet “acte de guerre posé par les auteurs des faits’’ et qui a “basculé la région de Ziguinchor dans l’horreur’’.

Pour toutes ces raisons, il a demandé à la chambre criminelle de reconnaitre les 14 inculpés, le journaliste René Capain Bassène, l’agent de poste et chargé de mission du MFDC Omar Ampoy Bodian, le commandant en chef du Front Sud d’Atika, la branche armée du MFDC, César Atoute Badiate, jugé par contumace et les autres détenus coupables des chefs d’inculpation pour lesquels ils sont poursuivis, avant de requérir la réclusion criminelle à perpétuité.

Pour rappel, ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, de participation à un mouvement insurrectionnel, d’assassinat, de tentative d’assassinat, de séquestration ayant entrainé la mort, de vol en réunion avec usage d’armes et de violence. Ils sont aussi poursuivis pour détention illégale d’armes de la 1re catégorie, de complicité d’assassinat, de complicité de tentative d’assassinat et de complicité de séquestration ayant entrainé la mort, de complicité de vol en réunion avec usage d’armes