NETTALI.COM - "Plus de 100 000 spectateurs connectés via la plateforme dédiée au « pay per view » dont beaucoup ont dû débourser 5000 F par Orange Money et une autre partie par carte bancaire" ; "20 000 places occupées dans le stade". Vrai ou faux, c’est un sacré gros magot qu’a dû encaisser Gaston Mbengue qui a avancé ces chiffres au cours de la matinale de la TFM de ce lundi 3 janvier. De quoi se frotter les mains pour ce businessman qui ne parle en général que de fric, d'intérêt et de profits. N’oublions surtout pas l’apport des sponsors qui se font certes rares, mais certains résistent encore malgré l’image écornée de la lutte. Bref des perspectives de recettes à priori importantes qui contredisent le discours de Gaston Mbengue qui fait toujours valoir le peu de rentabilité de la profession de promoteur. II était parti ce cher Don King, mais il est pourtant bien revenu dans l'arène. Allez savoir pourquoi.

Mais c'est une vérité que de constater que les combats ne sont plus ce qu’ils étaient avant. Ils sont devenus bien fades. La faute aux lutteurs devenus subitement si calculateurs qu’ils ne mouillent plus assez le maillot. Signe des temps, pour beaucoup, c’est l'heure de la pré-retraite a sonné pour cette génération des Balla Gaye, Gris-Bordeaux, etc. Ils n’ont certainement plus leurs jambes d’antan et la force qui les habitaient, il y a quelques années. Et peut-être plus le même entrain. La même fougue. Il semble désormais que soit venue l'heure de l’accumulation pour mieux préparer sa retraite. Ils ne semblent désormais raisonner que par l’argent, vainqueurs ou vaincus. C'est quand finalement bien peinard la lutte. La preuve par les trois combats successifs Siteu-Papa Sow, Boy Niang-Tapha Tine et Balla Gaye 2-Bombardier qui ont tous été départagés sur décision arbitrale. De quoi laisser les spectateurs férus de spectacle et de pugilats sur leur faim. Une ambiance en tout cas loin d’être propice au développement de la lutte. Mais aussi à la revalorisation de son image. Tel ce combat Papa Sow-Siteu qui a fini par une blessure à la tête et du sang. On se croirait chez les toreros. Bref de quoi décourager fortement et davantage les annonceurs qui avaient déjà déserté en masse l’arène, au regard de la mauvaise image teintée de violence qu’elle renvoie désormais tous les jours. la belle époque de Shell, Orange, Tigo, est derrière nous.

Gaston qui a affirmé apporter de la stabilité dans le pays, s’est lui-même plaint de la violence en qualifiant les acteurs de ces actes de barbarie, lors des combats, de gens irresponsables, sans personnalité, ni hauteur d’esprit. Ne devrait-il pas attendre, ce cher Gaston d’être plus exemplaire que ceux-là pour se permettre de les juger ? Le fait que les stades soient remplis, fait évidemment ses affaires, mais ne devrait-il pas se préoccuper de l’image qu’il renvoie, s’il veut pouvoir donner des leçons de morale ou de savoir-être. Car avec ses récents propos infames jetés à la figure de Barthélémy Dias, il est descendu bien bas dans l’estime de beaucoup de gens. A la vérité Gaston aime titiller, adopter une posture offensive, hostile dès lors qu’une question d’un journaliste ne lui convient pas.     

Ses propos à l’endroit de Barthélémy Dias ont été d’une grande violence. Il ne s'en rend peut-être pas compte. Le promoteur n’est pas une lumière, c’est sûr. Il n’est pas non plus connu pour son raffinement. Et le pire, c’est qu’il n’avait pour logique que celle de défendre le régime de Macky Sall face à une redoutable opposition bouillante et offensive dont Barth est l’un des symboles. « On va dire que je suis raciste. Mais dans ce pays, il y a des centaines de milliers de Mbengue, des centaines de milliers de Ndiaye, des centaines de milliers de Diop, de Sarr, de Fall… Mais les Dias ne font pas cent. ». Mais de là à « brûler tous les Dias », il y a des limites qu’on ne devrait pas franchir. « si on brûlait tous les Dias, personne ne l’aurait senti », avait asséné le promoteur.

Qu’y gagne-t-il réellement, lui qui a prétendu à l'émission ne pas être soutenu par l’Etat, alors qu’il aurait mérité de l'être, au regard de son rôle de pacificateur social ? Il semble que ce soit le contraire, la vérité. Pour l’homme d’affaires qui ne prêche jamais dans le désert, on imagine mal qu’il se donne de la peine pour des autorités qui ne lui renvoient pas l’ascenseur !

Des inepties qui auraient d’ailleurs dû tomber sous le coup de la loi. C’est Macky Sall à la vérité, qui devait non seulement fermement condamner ce discours raciste, infecte et inadmissible de la part d’un humain et en république ; mais encore et surtout se démarquer de Gaston Mbengue qui revendique son soutien assumé et son amitié pour le président. Parce qu’au fond Mbengue n’a fait, avec cette sortie, que participer à la promotion de Dias fils, au regard du surcroît d’exposition médiatique qu’il lui offre dans ce pays de gens émotifs qui ont une fâcheuse tendance à prendre fait et cause et avec une facilité déconcertante, pour les personnes dans des postures de victimes. Une attitude du promoteur de lutte qui ne fait au fond que desservir son « ami » et « petit frère », comme il aime à le rabâcher pour désigner le président de la république.

Des situations malheureuses qui doivent finalement pousser les journalistes à prendre davantage de précautions dans le choix des invités. Ils devraient se focaliser sur ceux-là qui apportent une plus-value informationnelle plutôt que ces amuseurs publics de la trempe de Gaston Mbengue qui ne sont en général là que pour passer des messages qui ne servent que leurs propres intérêts. Si ce n’est pas écorcher des lutteurs ou ces ministres et DG, sponsors potentiels de ses combats de lutte qu’il n’arrive pas à joindre au téléphone, c’est en général pour encenser Macky Sall. Quel est donc l’intérêt de l’inviter sur un plateau ? Gaston Mbengue en commettant cet acte gratuit, s’était certainement dit que de toute façon, rien ne lui arriverait.  Sa posture n’est en réalité rien d’autre qu’une des mauvaises manifestations de l’adversité politique qui se joue dans un paradigme musculaire violent, en lieu et place d’un discours intelligent, contradictoire et structuré.

Au-delà du personnage Gaston qui reste un symbole de la lutte, les combats de lutte et la violence qu’ils charrient, constituent des désagréments importants pour les populations de Pikine, habitant aux alentours de l’Arène nationale. Celles-ci ne dorment plus que d’un seul œil, gagnées qu’elles sont par l’inquiétude liée à l’assiégement de leur localité, en proie aux nuisances sonores, aux attroupements et aux nombreuses scènes de violence d’après combat. Les passants se font agresser sous la menace d’armes blanches, couteaux et machettes notamment. Des automobilistes, pris dans le piège des embouteillages créés par les foules et les véhicules de cette nouvelle corniche, sont tout simplement menacés et braqués par des jeunes en et visiblement dans un état second. Mais ce sont surtout les femmes qui font le plus les frais de cette violence urbaine new-look, en se faisant arracher leurs cheveux naturels importés parfois à coups de centaines de milliers de francs et qu’elles affectionnent tant ; leurs bijoux, chaînes en or et autres sacs notamment n’échappent pas à une razzia organisée. Ces scènes de violence sont, en effet, connues pour être récurrentes pour ne pas être le résultat d’actions planifiées et coordonnées par des bandes de jeunes, sans doute désœuvrés, qui ont adopté un certain mode opératoire de vol à la tire rodé et sur fond de terreur.

Inquiétante comme situation que celle qui prévaut autour de l’Arène nationale de Pikine. Et c’est à une vraie incurie sécuritaire que nous assistons dans ce pays jadis si paisible.

Mais heureusement que lors du dernier combat, les forces de sécurité en nombre important, ont assuré du fait d’une zone bien quadrillée.

A la vérité, la lutte est un sport qui ne sert que 4 groupes de personnes : les deux lutteurs, le promoteur et le CNG. Gaston nous a appris que les lutteurs se cachent de leurs suiveurs qui sèment le désordre lorsqu'ils vont signer et encaisser leurs cachets. Une manière certainement de dire qu'ils n'ont rien pour cela, aucune raison de semer la violence, mais de les mettre en mal pour servir ses intérêts qui sont d'avoir des combats paisibles.

Si la lutte veut continuer à être le sport national dont les Sénégalais seront fiers, elle doit redorer son blason en se débarrassant de ses amateurs violents. Les lutteurs doivent surtout chercher à assurer le spectacle pour les spectateurs qui paient cher les tickets d’entrée. Tels ceux-là qui étaient toujours dans des postures offensives lors des combats. Les exemples sont nombreux : Moustapha Guèye avec son « j’attaque, je cogne et je gagne », Eumeu Sène, Gris-Bordeaux, Ama Baldé, et même Balla Gaye sont de cette trempe-là. Ce dernier était malheureusement méconnaissable contre Bombardier. Mais Gaston nous a appris qu’il a bel et bien été battu sur une action qui a débuté dans l’arène et qui a fini en dehors du cercle. A la vérité, il semblait bien manquer de hargne, d'entrain et surtout de forme physique. Comme d'ailleurs la lutte qui a perdu de sa superbe.