NETTALI.COM - Près de 1676 enfants ont été victimes de violence de toute nature et 2 petites filles à mobilité réduite ont été victimes d’inceste, selon les chiffres de l’Aemo (Action éducative en milieu ouvert) du département de Pikine. Tandis que 429 affaires de viol ont été déposées, de janvier à nos jours, sur la table du Procureur de la République. 112 dossiers en instruction incriminent des adultes et 317 concernent des mineurs. Ces chiffres font froid dans le dos.

En 2021, 1676 enfants ont été victimes de viol, attouchements, inceste et excision. Les statistiques effarantes sont de l’action éducative en milieu ouvert (Aemo). Ils révèlent qu’en 2021, 53 enfants ont été victimes d’actes pédocriminels, dont 10 (dix) victimes d’abus sexuels au terme desquels, elles sont devenues mères. Malgré elles. Parmi ces dix adolescentes, 2 (deux) en situation de handicap ont été abusées sexuellement par leur père et sont tombées enceintes. La sensibilité du cas de ces deux adolescentes à mobilité réduite rend la prise en charge plus pointue, car il faut nécessairement une assistance psycho-sociale. Mais également une assistance psycho-psychiatrique, du fait de la complexité de ces cas qui se sont déroulés dans le département de Pikine. Awa Baldé Diop, chef de service de l’Action éducative en milieu ouvert du département de Pikine et de Keur Massar, a de la peine quant à l’ampleur du phénomène, malgré les efforts consentis pour éradiquer ce fléau dont souffre la banlieue. «Pour l’année 2021 jusqu’au mois de novembre, nous avons enregistré 1676 cas victimes de violence de toute nature. Mais directement, il y a 53 adolescentes qui ont été victimes d’actes de viol, d’attouchements, et d’abus sexuels. En parlant d’abus sexuels, 10 de ces adolescentes sont en état de grossesse et certaines sont devenues des mamans. Parmi les dix victimes, il y a 2 qui sont en situation de handicap et ont été victimes d’inceste de la part leur père. C’est la raison pour laquelle nous avions jugé nécessaire de leur faire bénéficier d’une assistance psycho-psychiatrique et psycho-sociale», renseigne-t-elle. Les adolescentes, victimes de ces abus sexuels, sont âgées entre 13 et 20 ans. Parmi ces ados, certains ne sont pas exempts de reproches du fait qu’il existe des adolescents qui sont auteurs de maltraitance physique et d’abus sexuels. Ces derniers sont au nombre de 05, d’après les chiffres de l’Aemo.

Pour lutter contre ce fléau qui sévit dans la banlieue, la directrice Awa Baldé Diop exhorte les parents à redoubler de vigilance et d’assistance, car le plus souvent, les acteurs se trouvent dans l’environnement proche des enfants, à savoir les voisins, parents proches, amis. C’est ainsi qu’un outil de signalement a été mis en place, avec l’appui de l’Unesco. Il suffit aux délégués de quartiers et certaines «badjenou Gox» d’écrire un message de signalement afin qu’ils agissent auprès du procureur pour prendre rapidement la victime en charge. Le document fait l’économie des 6 petites filles du département de Keur Massar victimes d’excision. Ces dernières ont entre 3 et 6 ans. Ces actes pénalement condamnables ont poussé l’Aemo à organiser des visites à domicile, des accompagnements médicaux et l’accompagnement psycho-social. Mais également de procéder à des affectations de personnel psycho-social dans les différents postes de police et gendarmerie afin d’assurer un bon accompagnement lors des entretiens pour les cas signalés.

Phénomène nouveau, la prostitution clandestine et déguisée, via les réseaux, des mineurs s’amplifie de plus en plus dans la banlieue. La directrice de l’action éducative en milieu ouvert (Aemo), Awa Baldé Diop tient à préciser que parmi les cas rencontrés, il y a celui d’une petite fille qui est tombée enceinte. «Parfois, elles le font dans le département de Pikine ou en dehors, comme dans les quartiers des Almadies. Aussi, avec l’internet, il est plus facile de trouver des correspondants un peu partout. Les plus instruites, munies de leurs carnets d’adresse, font leurs activités hors du département. La prostitution via les réseaux est devenue une activité privilégiée chez les jeunes du fait qu’il n’existe plus de frontière entre les jeunes.»

429 cas de viol sur la table du procureur de la République

Dans la nuit du 18 au 19 novembre dernier, les éléments du commissariat de Rebeuss avaient surpris en plein ébat sexuel sur la corniche Ouest de Dakar, I. Cissé, un homme âgé de 32 ans et S. M. Thioub, un garçon de 14 ans. Tous les deux ont été arrêtés pour acte-contre nature. Placé en position de garde à vue, le mineur avait déclaré qu’I. Cissé l’avait transformé en objet sexuel, en le conduisant très souvent à la plage pour le contraindre à entretenir des rapports sexuels. Après l’acte, il achetait son silence en lui remettant de l’argent. Interrogé, I. Cissé a avoué les faits. Dans ses déclarations il avait soutenu qu’à chaque fois qu’il a envie de satisfaire sa libido, il pense aux hommes. Suffisant pour qu’il soit déféré devant le procureur de la République pour acte contre-nature, viol et pédophilie. Tandis que S. M. Thioub a été mis à la disposition de l’Aemo. I. Cissé est en détention préventive pour acte contre-nature, viol et pédophilie. Son dossier est actuellement en cours d’instruction, comme les 112 autres dossiers instruits au palais de justice de Dakar. Pourtant, le viol est devenu un crime. Mais, cela ne semble pas décourager les prédateurs sexuels, majeurs ou mineurs. De même, les histoires de mœurs n’ont pas connu une régression. Des faits de viol s’accumulent chaque jour sur la table du Procureur de la République. Plusieurs d’entre eux sont en cours d’instruction dans les cabinets de juges. Cette année judiciaire 2021-2022, le maître des poursuites a requis de nombreuses ouvertures d’information judiciaire concernant des cas de viol sur des mineurs. D’après les mêmes sources, à la date du premier janvier 2021 à nos jours, 112 dossiers sont liés à des abus sexuels exercés sur des mineurs de moins de 13 ans. Des chiffres effarants qui donnent le tournis et qui renseignent sur l’ampleur du phénomène. Au tribunal de Dakar, il n’y a pas que le parquet qui s’occupe des histoires de mœurs. Le tribunal des mineurs a aussi son lot de plaintes et de complaintes. Des enfants ont été déférés au parquet de Dakar pour des histoires de viol sur des mineurs. Selon les mêmes sources judiciaires, 317 affaires de mineurs sont liées à des actes de viol.