NETTALI.COM-Le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) a passé en revue, ce week-end, la situation du secteur. Il demande une équité dans la répartition des ressources humaines et du traitement salarial.

La répartition égale des spécialistes dans le secteur de la santé est un grand défi que le pays n’arrive toujours pas à relever. Non seulement ils ne sont pas nombreux, mais leur répartition laisse à désirer. En conclave ce week-end à Ziguinchor, le Comité exécutif national (Cen) du Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) a dénoncé le gap en infrastructures et en ressources humaines dans les trois régions de la Casamance (Kolda, Ziguinchor, Sédhiou). Selon le secrétaire général du Sames, la carte sanitaire de la Casamance a connu, certes, une amélioration, mais d’importants gaps doivent être comblés. La région manque notamment de médecins spécialistes en anesthésie-réanimation, en pédiatrie, en cardiologie et en ophtalmologie. “Il y a un seul médecin en ophtalmologie qui exerce dans toute la Casamance. Les blocs Sou de Ziguinchor, Oussouye et Thionk-Essyl restent toujours fermés. Les départements de Bounkiling et de Médina Yoro Foula n’ont toujours pas de centre de santé. Tous ces déficits remettent à l’ordre du jour les mesures incitatives pour l’exercice en zone difficile’’, fustige le docteur Yery Camara, dans les colonnes de EnQuête. A son avis, la présence de l’UFR santé de l’université Assane Seck de Ziguinchor peut également permettre d’améliorer la disponibilité des spécialistes en favorisant la signature de conventions, en appuyant la recherche locale et en participant au fonctionnement d’un EPS 3.

Par ailleurs, le Dr Camara a déploré la sécurité au travail. Pour lui, le secteur de la santé est l’exemple typique du “cordonnier mal chaussé’’, car il existe de rares structures sanitaires qui assurent les conditions préconisées. C’est pourquoi, dit-il, l’Etat du Sénégal doit impérativement assurer la santé et la sécurité au travail dans le secteur de la santé, en mettant en place un service de médecine du travail dans chaque hôpital. “L’étude de la contractualisation nous a permis de constater que la carrière des médecins, pharmaciens et chirurgiensdentistes ne favorise pas une motivation des agents. Cela, au vu des grandes disparités salariales entre ces agents et les autres cadres du ministère de l’Economie et des Finances ou de la Justice, malgré la disponibilité des résultats de l’étude sur le système de rémunération’’, souligne-t-il.

En outre, soutient-il, la santé est le seul secteur où la responsabilité ne donne droit à aucun traitement particulier. “Les infirmiers-chefs de poste, les médecins-chefs de district, les médecins-chefs de région et les chefs de division n’ont aucune indemnité liée à leur fonction, contrairement aux autres secteurs’’, explique-t-il.

“Le Sénégal doit octroyer une indemnité liée à la fonction aux agents’’

A l’en croire, seule l’équité dans le traitement salarial des fonctionnaires peut garantir la motivation des agents. Le Sénégal, dit-il, doit s’y atteler, en octroyant une indemnité de logement, une indemnité liée à la fonction et payer correctement les agents de santé pour ralentir l’exode des spécialistes qui sont des ressources très convoitées, comme l’a démontré cette crise sanitaire. Ainsi, le Sames demande la revalorisation de l’indemnité de risque dérisoire des agents de santé, l’indemnisation des agents de santé et victime de Covid-19. Ils veulent l’intégration des enfants des agents de santé décédés parmi les pupilles de la Nation et la décoration posthume des défunts. Selon le Sames, cette période de baisse drastique des cas de Covid-19 doit être mise à profit pour assurer une bonne couverture vaccinale par une campagne de vaccination hardie. “Cette campagne requiert la disponibilité de doses suffisantes de vaccins. C’est pourquoi pour réussir ce pari, la communauté internationale doit savoir que seule l’équité vaccinale et la redistribution des doses peut assurer l’élimination ou le contrôle de la Covid-19. Tant qu’une partie du monde ne sera pas correctement vaccinée, personne ne sera à l’abri d’une résurgence de la pandémie’’, fait-il savoir.

Par ailleurs, le secrétaire général du Sames alerte l’opinion nationale et internationale sur l’impérieuse nécessité de la reconstruction de l’hôpital Aristide Le Dantec qui a formé des générations de médecins et permis de soigner des millions de Sénégalais. Selon lui, cette infrastructure est devenue vétuste et dépassée. “En cette veille de joute électorale, on est au regret de constater que certains maires, qui n’ont ni investi dans la santé ni libéré les fonds issus de l’Etat pendant leur mandat, se permettent d’en solliciter un nouveau. On a constaté que le calvaire des internes et des médecins en spécialisation, qui sont menacés d’exclusion à chaque veille d’examen pour nonpaiement des frais d’inscription, continue de plus belle. L’Etat doit résoudre ce problème de formation des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes et se prononcer de manière définitive sur leurs statuts’’, dénonce-t-il. A son avis, le Sénégal ne peut pas se passer d’une concertation entre le ministère de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé pour disposer d’une formation en santé conforme à ses ambitions en matière de développement du système de santé. La question de l’industrie pharmaceutique a aussi retenu l’attention, lors de cette réunion du Sames.

D’après le docteur Yery Camara, le panel sur l’industrie pharmaceutique leur a permis de faire le point sur la réflexion sur le processus de réforme du secteur mené par le Bureau opérationnel et de suivi du PSE (Boss). “Bien que la souveraineté pharmaceutique soit véritablement une nécessité, le Sames doit dénoncer cette manière cavalière de vouloir mener une réforme d’un secteur sans impliquer les acteurs et les partenaires sociaux en particulier’’, déplore le médecin. Selon lui, pour la régulation du secteur de la pharmacie, la mise en place d’une autorité de régulation est un passage obligé, afin de produire des vaccins contre la Covid-19 de qualité au Sénégal. Ce, dit-il, pour être conforme avec les directives communautaires, mais également pour assurer l’accompagnement du développement de l’industrie pharmaceutique