NETTALI.COM - Administrateur de la page La météo dakaroise de Riad et écologiste, Riad Kawar, explique pourquoi on connaît une vague de chaleur au Sénégal. Il explique ce phénomène par une anomalie thermique.

 «Depuis quelques jours, nous ressentons une forte chaleur, même nocturne, sur la majeure partie du Sénégal. Cela est dû à une anomalie thermique (inversion de températures) en altitude, ayant contribué à piéger vers le sol la chaleur produite par l’ensoleillement, les gaz de l’activité humaine et l’évapo-transpiration (transpiration des êtres vivants). En temps normal, cette chaleur est censée s’évacuer en montant dans une atmosphère de plus en plus froide, éliminant ou rabaissant l’effet de serre, responsable de la chaleur. Seulement, depuis quelques jours, une masse d’air située entre 1 000 et 2 000 mètres d’altitude, plus chaude que l’air arrivant d’en bas, a recouvert les 3/4 Nord du pays, empêchant le dégazage de toutes les émissions humaines et animales, ainsi que la chaleur du rayonnement solaire réfléchi au sol. Cela est dû à l’approche de fin de saison des pluies, et cette sensation de chaleur a perduré à cause d’un autre phénomène météorologique positionné au même moment en mer : une tempête tropicale rotative, s’éloignant dans l’océan, mais faisant barrage aux vents de l’Est, et donc aux chances d’activités orageuses encore possibles, et arrivant du Mali. Cela a contribué à piéger cette anomalie thermique sur le Sénégal. La situation s’améliorera un peu dans les jours à venir. Mais nous devrions connaître de nouvelles vagues de chaleur courant Octobre», explique le technicien.

Selon lui, ces anomalies sont de plus en plus récurrentes, et cette fréquence qui croît résulte forcément d’un changement dans l’écosystème global. «Le changement climatique est une réalité, et un problème sérieux à prendre en compte. Surtout pour les pays Sahéliens, exposés à la désertification», fait-il savoir.

Et les conséquences de telles anomalies sont multiples, ajoute-t-il. Il s’agit de la «perturbation des fréquences des pluies, sachant que le Sénégal est à 60 % dépendant de l’agriculture pluviale », de la hausse des symptômes respiratoires et autres, avec une pollution piégée, de l’accroissement des températures ressenties, pouvant altérer l’écosystème, de la désertification progressive et du stress hydrique. «Ce qu’il faut savoir, c’est que nos écosystèmes ont véritablement changé en l’espace de quelques années. La déforestation de la moitié Nord du Sénégal a permis l’installation de microclimats néfastes, favorisant les vents secs, par l’absence d’assez d’évapotranspiration. Ce qui retarde l’installation des hivernages, et favorise les effets climatiques extrêmes, comme les vagues de chaleurs, par exemple. Une forêt organisée en microclimats est capable de réguler l’atmosphère jusqu’à au moins 2 000 mètres d’altitude», constate-t-il.

Selon lui, la solution est  de «reboiser le pays et imposer des couloirs de divagation au bétail».

En tout cas, prédit-il,  «on ressentira un meilleur climat ces jours-ci, avec quelques chances de pluie dans le pays, puis un retour assez récurrent des chaleurs jusqu’à la troisième semaine d’octobre. Il devrait faire meilleur courant Novembre.»