NETTALI.COM - Bernard Tapie est mort ce dimanche matin à 78 ans, a annoncé sa famille. Il a marqué le sport français de son empreinte, notamment à travers l'Olympique de Marseille.

Touche à tout, que ce soit dans le monde de l'entreprise, du sport, de la politique, de l'art et des médias, autant de domaines qu'il a souvent rendus indissociables tout au long de sa vie, Bernard Tapie est mort à 78 ans ce dimanche matin d'un cancer. L'ancien homme d'affaires était malade depuis l'été 2017.

Attiré par la lumière

Celui qui tenta à 23 ans de percer dans la chanson sous le pseudonyme de Bernard Tapy, avec notamment le single «Je ne crois plus les filles», fit ses premiers pas dans le commerce comme vendeur de télévisions. C'est à travers la petite lucarne qu'il se fera connaître - et apprécier - du grand public dans les années 80 : son parcours d'homme d'affaires avisé (il réalise d'énormes plus-values en revendant des entreprises auparavant récupérées pour un franc symbolique), lui ouvre en effet la porte des plateaux télé, où sa personnalité et son bagout lui confèrent rapidement une certaine popularité.

OM, grandeur...

C'est à travers le sport que Bernard Tapie atteindra ensuite très rapidement une aura publique et médiatique très forte : admiré par certains, détesté par d'autres, il bouscule d'abord les codes financiers du cyclisme professionnel en créant en 1984 sa propre équipe, La Vie Claire, sous les couleurs de laquelle Bernard Hinault remporte son cinquième et ultime Tour de France (en 1985), un an avant le succès de son coéquipier américain Greg LeMond, recruté à prix d'or par l'entrepreneur français.

Celui qui était né à Paris le 26 janvier 1943 se tourne alors vers le football et reprend en 1986 l'Olympique de Marseille, qui devient rapidement le club phare de l'Hexagone grâce, notamment, à d'ambitieuses campagnes de recrutement. Sept ans plus tard, l'OM compte quatre titres de champion de France, une Coupe de France et, surtout, la première Coupe d'Europe des clubs champions (devenue la Ligue des champions) jamais remportée par un club français, en 1993 face à l'Ac Milan.

... et décadence

Devenu dans l'intervalle une personnalité incontournable en France, ce qui l'amène par exemple à débattre en 1989 face au président du Front National Jean-Marie Le Pen en direct sur Tf1, Bernard Tapie, alors député à Marseille, est nommé trois ans plus tard ministre de la Ville sous la présidence de François Mitterrand.

C'est à partir de cette époque que la trajectoire jusque-là ascendante de celui à qui tout semble réussir connaît de sérieux revers. Parmi les plus marquants, celui de tentative de corruption dans le cadre d'un match de Championnat entre Valenciennes et l'OM, quelques jours avant le sacre européen de 1993. Elle vaudra à Bernard Tapie une condamnation à plusieurs mois de prison ferme, en 1996.

Cette peine fut assortie d'une inéligibilité de trois ans, qui, de fait, mettra un terme définitif à sa carrière politique. Dans la même période débutait le long feuilleton du conflit opposant ce dernier au Crédit Lyonnais dans le cadre de la revente d'Adidas, qui vaudra notamment à l'homme d'affaires une mise en faillite personnelle

Jamais très loin des projecteurs

Ces coups d'arrêt successifs n'auront pas eu raison de l'énergie d'un homme aux multiples ressources. Tour à tour écrivain, acteur, chanteur, animateur de télévision, patron de presse, Bernard Tapie traversera les années 2000 assez loin du sport, excepté un court passage comme directeur sportif de l'OM en 2001-2002.

L'affaire Adidas, véritable feuilleton administratif et judiciaire, l'accompagnera durant toutes ces années : après avoir récupéré 404 millions d’euros sur décision du tribunal arbitral en 2008, il sera définitivement condamné à rembourser cette somme en mai 2017. Poursuivi pour «escroquerie» pour l'arbitrage controversé de cette affaire, faisant face à un réquisitoire du Parquet qui réclamait cinq ans de prison, Bernard Tapie avait été relaxé en première instance le 9 juillet 2019. Après un deuxième procès en mai 2021, la cour d'appel de Paris avait mis sa décision en délibéré au 6 octobre.

En septembre 2017, il avait révélé qu'il était atteint d'un cancer de l'estomac. Face à la maladie, le septuagénaire était resté le même : combatif et toujours doué pour les formules marquantes. Au fil des évolutions de son état de santé, il apparaissait régulièrement dans les médias, pour y remercier les médecins, parler politique, échafauder des projets et se retourner une dernière fois. À l'image de cette tirade dans les jardins des Tuileries devant les caméras de France 2, à l'automne 2017 : «Quand on a 70 ans et plus, il faut accepter que l'on va aller vers l'épreuve ultime qui est la mort. Et pour moi, ce n'est pas une catastrophe. J'ai vécu d'une manière incroyable, formidable, chanceuse. J'ai connu des moments de bonheur inimaginables.»

(Source : Lequipe.fr)