NETTALI.COM - Est-il opportun de mettre 10 milliards dans la confection de tenues scolaires pour les élèves, alors que les urgences assaillent, telles que les abris provisoires ? Le syndicaliste Abdou Faty ne souscrit pas à cette mesure.

Dès la prochaine rentrée scolaire, il sera confectionné, par des artisans locaux, les tenues scolaires devant habiller les potaches. Un budget de 10 milliards F CFA est prévu à cet effet. La décision a été annoncée par le chef de l’Etat, Macky Sall, lors du Conseil présidentiel pour l’insertion et l’emploi des jeunes, tenu le 23 avril 2021.

Mais une circulaire datée le 3 août 2021, du ministère de l’Education nationale faisant état de la mise en œuvre du programme national de confection des tenues scolaires, suscite le débat. Le secrétaire général du Sels/A, Abdou Faty, estime que, dans ce contexte de Covid-19, mobiliser 10 milliards F CFA pour confectionner des tenues est inopportun et impertinent. “Nous vivons dans un contexte particulier et cette pandémie nous a renseigné beaucoup de choses pour que notre école soit efficace. Pour qu’elle soit de qualité, il faut s’inscrire dans une dynamique de résorber les abris provisoires, clôturer les écoles, mettre des points d’eau, d’avoir assez de tables-bancs et recruter assez d’enseignants’’, déclare Abdou Faty, dans les colonnes de Enquête ce lundi.

Ainsi, souligne le syndicaliste, vouloir mobiliser 10 milliards F CFA dans la confection des tenues, pose problème. C’est ce qui le pousse à dire “que la confection des tenues n’est pas une question nouvelle, car il y a beaucoup d’académies au Sénégal où la tenue est de rigueur’’. Il prend l’exemple de l’expérience heureuse de Ziguinchor, initiée à l’époque par l’inspecteur Ndéné Barror, qui se poursuit jusqu’à présent. A ses yeux, ce sont ces initiatives qu’il faut dupliquer partout au Sénégal. “Ce sont des initiatives endogènes, heureuses qui sont là et ce sont les populations, les communautés, les partenaires, les communes qui sont mobilisés’’, note-t-il. Il suffit de les encadrer et de les appuyer, d’injecter la majeure partie de l’argent dans le système éducatif de manière durable, ajoute-t-il. Car “la question des tenues est conjoncturelle, dans le seul but de faire travailler des artisans’’. A ce propos, poursuit le syndicaliste : “Résorber les abris provisoires, avoir des points d’eau, clôturer les murs des écoles, confectionner des tables-bancs est une manière de faire travailler les artisans locaux, les jeunes Sénégalais.’’

Il conclut : “Toute autre attitude est suspecte. Mettre 10 milliards F CFA avec tout ce que l’on sait autour des marchés dans ce pays… L’école ne mériterait pas cela.’’