NETTALI.COM- Invité de l’émission « Jury du dimanche », le professeur assimilé à l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Cheikh Ibrahima Niang, alerte sur la politisation de la gestion de la pandémie du Coronavirus. Pour lui, cela pourrait conduire à la catastrophe.
Si au début de l’épidémie, « il y a eu une union sacrée » autour de la maladie à Coronavirus, le professeur assimilé à l’institut des sciences de l’environnement de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Cheikh Ibrahima Niang se désole que « le discours politique s’en soit mêlé ». Or, regrette-t-il, « dans la lutte contre les épidémies, dès que la politique prend le dessus sur les choses, nous avons un rapetissement, une décrédibilisation du discours ».
Pis, il souligne que « la politisation d’une épidémie conduit vers la catastrophe ». Par conséquent, le professeur Niang estime qu’il faut demander aux acteurs politiques une sorte de trêve et ils vont régler leurs comptes après. Car, dit-il, « pour le moment, on a besoin de l’unité de toute la société quelles que soient les identités politiques, culturelles ou sociales ». « Pour remobiliser les troupes, il faut partir de ce concept que Cheikh Anta Diop a développé qu’il appelle le mode de production africaine. Quand la société est confrontée à un défi qui la dépasse, elle fait taire ses querelles internes. Elle crée une cohésion, un bloc à partir duquel, on fait face à l’adversité. Il y a des valeurs qui dépassent nos clivages. Parmi ceux-là, c’est d’abord la conscience de qui souffre de nos querelles intestines », dit-il.
Si l’invité de JDD en appelle à une cohésion, il considère que nous avons besoin d’une société qui a besoin de bondir sur l’épidémie et de l’éliminer. Il s’y ajoute que la particularité de cette maladie comparée aux autres maladies, c’est l’amplitude. « Nous avons une épidémie qui touche un grand nombre d’individus et les variants se font de plus en plus contagieux et on ne voit pas le bout du tunnel. On ne sait pas s’il y aura un quatrième et cinquième vague. Nous sommes dans l’incertitude. Les chiffres que nous avons sont terrifiants mais c’est encore plus terrifiant sur la réalité du terrain. Ce sont les embouteillages dans les cimetières, ces personnes qui meurent dans les maisons et qui ne sont pas déclarées et ces changements de profils qui me le font dire. Nous avons une violente attaque de l’épidémie contre « borom Bayré Yi », contre « Borom Daradja Yi ». C’est-à-dire ceux qui ont un capital social et un capital émotionnel qui les rapproche de la population », argumente le professeur.