NETTALI.COM - Depuis trois jours, c’est devenu un calvaire d’enterrer au Cimetière municipal de Pikine. Il n’y a plus une parcelle de terre pour inhumer les morts. L’association Sama Suuf, Ma Yokk Sama Armeel dénonce le vol des parcelles mitoyennes qui est, selon elle, la cause de cette situation.

Il n’y a plus de place au cimetière de municipal de Pikine. C’est la croix et la bannière, depuis quelques jours, pour enterrer les morts, dans un contexte d’explosion des cas de décès, avec la 3e vague de la Covid-19. L’association Sama Suuf, Ma Yokk Sama Armeel dénonce cette situation et révèle qu’avant-hier mercredi, jusqu’à 20 h au cimetière, des membres cherchaient d'éventuelles poches restantes ou de "vieilles" tombes où mettre en terre trois dépouilles. “Aujourd'hui, on a enterré 22 personnes dans ce cimetière déjà plein’’, fulminent les membres dans la note parvenue à “EnQuête’’.

Pourtant, pendant que les populations de la banlieue galèrent pour enterrer leurs morts, 12,7 hectares de terre vierge bordent le cimetière. Il s’agit du titre foncier DP-50, mitoyen au cimetière, qui appartient à l'État du Sénégal. Des terres que de prédateurs fonciers sont en train de se partager sans réaction de l'administration locale, dénoncent les membres de l’association. Déjà, renseignent-ils, 11 000 m2 ont été soustraits illégalement. Un hangar de 2 818 m2 y a été construit par le député-maire de Keur Samba Kane, Ibrahima Khalil Fall. A qui, dit-on, cette parcelle a été prêtée à titre précaire et révocable.

Selon Sama Suuf, Ma Yokk Sama Armeel, le sieur avait déclaré “y développer du maraîchage, mais s'est débrouillé avec des agents des impôts et domaines pour transformer ce titre en bail en 2017’’. Il y a construit, soutiennent les membres du collectif, un hangar qu'il loue à 1 000 000F CFA les 600 m2. “Le reste des 11 000 m2, c'est 8 182 m2 où des particuliers ont illégalement construit 46 maisons correspondant à ce que, dans la zone, on appelle quartier Peul Fouta. Beaucoup de ces constructions portent la marque ‘Arrêt Descos’. Mais les gens remblaient la nuit et construisent les week-ends’’, fustige l’association Sama Suuf, Ma Yokk Sama Armeel.

Outre ce 1,1 ha bâti, ladite association a cité un nommé C. Sall qui s'est débrouillé, lui aussi, pour faire main basse sur 2 ha (20 000 m2). “A notre rencontre le 28 juin 2021 avec le sous-préfet de Pikine-Dagoudane, ce dernier a brandi une liste de 27 parcelles vendues, achetées sur le site, avec les noms des vendeurs et des acquéreurs. Il n'a pas voulu nous donner des détails. En tout état de cause, nous lui avons clairement signifié que les investigations qui nous ont permis de savoir pour les prédateurs que nous avons identifiés plus haut, nous allons les continuer. Nous allons dénoncer tous ceux qui ont volé les parcelles et cirer partout leurs noms. Nous n’avons pas peur des menaces mystiques et autres’’, prévient Sama Suuf Ma Yokk Sama Armeel.

Pendant ce temps, Pikine superpose ses disparus.