NETTALI.COM - Même s'il juge nécessaire de renforcer le dispositif de prévention et d'endiguement du blanchiment d'argent et du terrorisme devant les nouveaux périls qui nous guettent, l'ancien ministre de la Justice, El hadj Amadou Sall, relève des incongruités dans les projets de texte et pointe la procédure par laquelle l'on a fait passer ces lois. 
Les «manquements» dans les projets de loi portant modification du Code pénal et du Code de procédure pénale sont battus en brèche par l'ancien garde des Sceaux, ministre de la Justice, El Hadj Amadou sall, qui était, ce dimanche, invité à l'émission Grand Jury, sur la RFM.
 
Face à  Babacar Fall, l'avocat a relevé « des erreurs et des insuffisances» dans les textes soumis à l'appréciation des parlementaires, qui les ont validés, vendredi dernier.
D'abord sur la forme, l'ex-ministre,  sous Abdoulaye Wade, juge que le texte est «inopportun».  «Il n’y a que deux choses qui ont changé. Le dernier alinéa qui est devenu 275-75-79, 2 ou 279-3, on l’a enlevé pour le mettre ailleurs. Et on a modifié, disons, on a changé la nature de la peine. Avant, la peine était une peine criminelle de travaux forcés à perpétuité. Aujourd’hui, ce n’est plus une peine de travaux forcés à perpétuité ; c’est une peine de réclusion criminelle à perpétuité ou de détention criminelle à perpétuité, qui n’existe pas dans notre droit positif, d’ailleurs. Pour dire, dans la technique de rédaction, il y a une grande erreur», a relevé celui qui était ministre de la Justice, lorsque le gouvernement procédait en 2007, à des réformes portant sur le Code Pénal.
 
Me Amadou Sall croit savoir que «la réclusion criminelle n’existe pas dans notre droit positif ». «La réclusion criminelle existe en France. C’est ça qui a remplacé les travaux forcés à perpétuité. La détention criminelle concerne les crimes et délits politiques», compare-t-il.
 
L'invité de la RFM a également souligné des incongruités dans les modifications du Code pénal et du Code de procédure pénale. «On a ajouté trouble à l’ordre. Vous savez, moi, en 2015, j’ai été arrêté et jugé, condamné à 3 mois avec sursis. Si j’étais jugé sous l’emprise de la loi de 2016 pour les faits pour lesquels j’étais poursuivi, j’aurais pu être condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Vous imaginez ! Parce que ça fait des éléments constitutifs de l’infraction de terrorisme. Il fallait bien que dans la rédaction de ce texte, qu’on dise trouble à l’ordre public, quand c’est des troubles graves à l’ordre public dans une entreprise terroriste. Oui, je peux comprendre. Mais, bon, des politiciens qui manifestent, on ne peut pas avoir ça», dit-il., non sans préciser que, contrairement aux allégations d'une certaine opposition, lesdits projets de loi ne sont pas «liberticides». 
 
«A la suite des événements que nous avons connus, des manifestations qui étaient relativement importantes, si on introduit de nouvelles lois qui répriment sévèrement les manifestations et autres, on dit, on crie à des textes liberticides....Mais en face, il faut aussi avoir l’honnêteté de dire…», a-t-il encore mentionné.