NETTALI.COM – Le dernier Eurobond sur les marchés financiers a eu le don de relancer la polémique sur la tendance haussière de la dette du Sénégal, alourdie par les contrecoups néfastes du Coronavirus. Pour que nul n’en ignore, les services du ministère des Finances et du Budget estiment que cette dette s’établit à 58%, si l’on ne prend pas en compte la dette contractée par les entreprises parapubliques et celle liée à l’effet Covid.  

Le directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor, Cheikh Tidiane Diop, était, hier, vendredi, invité à l’émission « Kassabor » sur la RTS. Il a été interrogé  sur le thème « Eurobond : le Sénégal à l’assaut du marché financier ».

Quand on lui a demandé pourquoi le taux d’endettement du Sénégal se situe à 68, 8 %, le directeur de la Comptabilité publique de préciser : « A la différence de nombreux pays auxquels l’on nous compare, il y a dans ces 68, 8 % un pourcentage de 6 % représentant la dette liée aux entreprises parapubliques comme la SENELEC et Air Sénégal. Le Sénégal a adhéré aux Normes spéciales de diffusion de données. Cette norme statistique nous prédispose à élargir le périmètre de la dette. La dette de l’administration centrale se situe à 62,8%, si on exclut la dette liée aux entreprises parapubliques qui s’établit à  849 milliards F Cfa. La dette liée à l’effet COVID fait 3,4 % du PIB.  On se retrouve alors avec une dette de 58% par rapport à un plafond de 78 % ».

En outre, le haut fonctionnaire du ministère des Finances a souligné que le Sénégal ne souffre d’aucun problème de trésorerie. Il en veut pour preuve, les remboursements épuisés sur l’Eurobond de 2014, au mois d’avril 2021. «Emprunter, c’est anticiper sur des revenus », dit-il, précisant que les gains générés par des activités productives vont permettre de rembourser la dette, en créant des « accélérateurs », comme les autoroutes.  « Le Sénégal est vertueux, par rapport à sa trajectoire macro-budgétaire », rassure-t-il.

De l’avis de M.Diop, le Sénégal pouvait prendre les 4,5 milliards d’euros qu’on lui a proposés et franchir le plafond de 70% fixé par l’UEMOA. « Malgré la suspension des  critères de convergence, le Sénégal, qui est une référence en matière de politique de maitrise de la dette dans l’espace UEMOA, a joué la carte de la prudence et de la rationalité », note-il.

Sur un autre registre, Cheikh Tidiane Diop a détaillé les visées de la nouvelle Stratégie de recouvrement de moyen terme (SRMT). « Le directeur général des impôts et domaines parle du « Plan Yataal ». Cela veut dire que l’on va compter sur nos propres ressources internes. En 2017 / 2018, le PIB du Sénégal a explosé pour atteindre 14 000 milliards. Ces 14 000 milliards ont porté notre taux de pression fiscale à 16% alors qu’on était à 20%. On doit rattraper à l’horizon 2022 / 2023 ce gap de 4% pour aller à un déficit budgétaire de 3% et qui réduit son déficit budgétaire réduit son taux d’endettement », précise le directeur de la Comptabilité publique et du Trésor.

Qui plus est, fait-il remarquer : « c’est la consolidation budgétaire pour la maitrise du déficit budgétaire qui est à 5% du PIB à cause du Covid qui a poussé à un gel des critères de convergence. Le Sénégal n’a jamais eu de problème pour payer sa dette extérieure. La preuve, l’Eurobond de 2014 a été payé régulièrement. En juin 2023, le Sénégal va atteindre au resserrement du déficit budgétaire à hauteur de 3 % ».