NETTALI.COM - Me Abdoulaye Tine enfonce le clou, après avoir amené la Cour de justice de la CEDEAO à invalider le système de parrainage. De l’avis de cet avocat, qui démonte ainsi la ligne de défense de la majorité, il est malvenu d’invoquer la souveraineté du Sénégal. Il excipe de l'intervention du Sénégal dans la crise post-électorale gambienne pour muscler son argumentaire. 

Me Abdoulaye Tine, qui avait introduit le recours amenant la Cour de justice de la CEDEAO à ordonner à l’Etat du Sénégal de supprimer la loi sur le parrainage dans un délai de 06 mois, réagit aux interprétations suscitées par la décision de l’organisation sous régionale.  A l’en croire, le Sénégal ne peut pas invoquer sa souveraineté pour se soustraire à cette décision. « C’est très malvenu aujourd’hui de dire que le Sénégal est souverain. Je suis désolé, le Sénégal a une souveraineté qui est passée depuis de longue date d’une souveraineté nationale à une souveraineté intégrationniste ou une souveraineté, en tout cas, régionale dans le cadre de la CEDEAO », a, dans une note, déclaré Me Abdoulaye Tine, qui se trouve présentement à Paris.

Pour expliquer le caractère contraignant de cette décision, il cite l’intervention du Sénégal en Gambie.  « Aujourd’hui, je considère qu’au Sénégal, on est dirigé par une junte politique, mais tout de même équivalent à junte militaire qui a pris le pouvoir par des élections où le président n’a pas été dûment élu parce que l’élection n’a pas été inclusive, ouverte et démocratique, comme le prévoit le protocole de la CEDEAO », a ajouté Me Abdoulaye Tine .

Pour rappel, dans un arrêt, la Cour de justice de la Cedeao, saisie en décembre 2018 par l’Union sociale libérale (USL), un parti présidé par l’avocat Abdoulaye Tine, a estimé que le système de parrainage adopté pour la présidentielle de 2019 " viole le droit de libre participation aux élections".

"La Cour décide que les formations politiques et les citoyens du Sénégal qui ne peuvent se présenter aux élections du fait de la modification de la loi électorale [en 2018] doivent être rétablis dans leurs droits par la suppression du système de parrainage, qui constitue un véritable obstacle à la liberté et au secret de l’exercice du droit de vote, d’une part, et une sérieuse atteinte au droit de participer aux élections en tant que candidat, d’autre part", indique l’arrêt de 32 pages rendu le 28 avril 2021.

Par cette décision, la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) porte un coup sévère au code électoral sénégalais, qui avait consacré, en février 2019, la réélection du président Macky Sall dès le premier tour.