NETTALI.COM- Invité de l'émission Jury du dimanche, Alioune Tine a plaidé pour la libération de Hissène Habré incarcéré à la prison du Cap Manuel suite à sa condamnation à la perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires (Cae).

La colère des victimes du régime de Hissène Habré risque de s'accentuer avec la déclaration de Alioune Tine qui plaide pour une liberté provisoire en faveur de l'ex-homme fort de N'Djamena. Le fondateur d’Africa Jom Center justifie sa demande par des raisons humanitaires. " Je n’envisage pas de mettre Hissène Habré en liberté définitivement. Je parle du détenu qui a 78 ans, qui a les maladies de son âge, lui accorder une mise en liberté provisoire, est une question humanitaire", argue le militant des droits de l'homme.

Furieux de la décision du juge d'accorder une permission de 6 mois à l'ancien Chef- 'Etat tchadien, il déclare : " je pense que ce n’est pas demander la lune. Je suis en phase avec les victimes pour qu’elles aient les indemnités mais j’estime qu’il a des droits et il faut les respecter".

Par ailleurs, Alioune Tine s'est prononcé sur la disparition de Idriss Deby. Il trouve la mort du Président tchadien "tragique et suspecte". " Les gens demandent qu’une enquête soit ouverte. C’est très difficile à dire à l’heure actuelle mais, le grand paradoxe dans cette affaire, vous savez la guerre, c’est une façon de faire la politique. Et, ici, nous avons deux choses : on nous a annoncé qu’il a gagné les élections avec près de 80% et le lendemain on nous dit qu’il a été tué dans le cadre d’une guerre civile. C’est ça le paradoxe", analyse Alioune Tine, convaincu qu'il s'agit d’un coup d’Etat. " Ils ont dissout le parlement, le gouvernement, ils ont instauré le couvre-feu et ils ont fermé les frontières et ont pris le pouvoir à la place du président de l’Assemblée nationale", argue-t-il tout en pointant du doigt l’Union Africaine, "presque morte à cause des Présidents".

Quid des conséquences de cette disparition? " Deby et le Tchad étaient pratiquement les garants de la sécurité au Sahel et sur le bassin du lac Tchad. Aujourd’hui, ce sont les gens du G5 Sahel et de la France qui sont garants de la sécurité du Tchad. Aujourd’hui, il a fallu la mort de Deby pour qu’on rappelle les 1200 soldats qui étaient dans la zone de lutte pour sécuriser le Tchad", dit-il. Et de poursuivre : " On est dans le désarroi. Que va devenir le G5 Sahel sans Déby? Cette disparition est un échec sécuritaire dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. En réalité, on ne peut pas compter sur une force étrangère pour sous-traiter sa propre sécurité. Et l’Afrique sous-traite sa sécurité et il faut y mettre un terme. La réflexion consiste à voir quelles sont les stratégies pour la sécurité régionale par rapport aux menaces actuelles et quelles sont les réponses africaines. L’Afrique n’a pas la main sur le Sahel et ses problèmes de sécurité ne sont jamais évoqués par les partis politiques".
Sur les conséquences de la mort de Deby au Tchad, Alioune Tine soutient que " c’est une vulnérabilité globale".

A son avis, ce qu’il faut aujourd’hui, " c’est de faire de grandes assises pour repenser les transitions démocratiques et repenser les Etats". Car, pour lui, " on ne peut pas avancer si on ne procède pas par une réflexion globale, d'autant que sur le plan de la sécurité, diplomatique, la recherche des moyens c’est important or c'est Macron le patron du G5 Sahel".