NETTALI.COM - La Sûreté urbaine du commissariat central de Dakar a discrètement géré une rocambolesque affaire de lavage de faux billets estimés à 5 00 millions F CFA. Quatre personnes dont la plaignante, ont été déférées au parquet. D’autres sont activement recherchées.

En franchissant le portail de la Sûreté urbaine du commissariat central de Dakar, il y a quelques jours, la dame S. K. Bassène ne se doutait pas qu’elle venait de creuser sa tombe. Ce jour-là, elle s’est présentée devant les enquêteurs pour porter plainte contre le nommé M. Diallo qu’elle accuse de l’avoir escroquée de la somme de 723 000 euros, soit 472 millions F CFA. Selon ses déclarations, M. B. Diallo lui a fait croire qu’il pourrait lui faire le change en francs CFA, des devises en euros qu’elle détenait. Un échange qui a eu lieu dans un appartement meublé sis à Yoff, en présence de son frère D. Bassène. Mais, confie-elle aux policiers, depuis ce jour-là, elle n’avait ni reçu son argent, ni vu à nouveau le sieur Diallo qui était devenu injoignable.

La commerçante s’étant estimée victime des agissements frauduleux de M. Diallo qu’elle a connu par le biais d’un certain M. Aliou, un Camerounais, a également ajouté que M. B. Diallo lui avait amené un individu qui s’était présenté comme le DG d’une banque de la place. C’est ce dernier qui le convaincra de la possibilité du change.

C'est ainsi qu'après avoir auditionné la commerçante, les enquêteurs de la Sûreté urbaine ont entendu le frère D. Bassène. Selon des sources d'EnQuête, ce dernier a confirmé la déclaration de sa soeur, précisant que les faits ont eu lieu le 29 janvier dernier ; et qu’il a reçu de M. Diallo, un montant de 600 000 F CFA via un transfert d’argent, sur instruction de sa sœur S. Bassène.

Une enquête qui s’est poursuivie à travers des réquisitions téléphoniques et auprès de l’opérateur de transfert. Les résultats ont permis de mettre la main sur M. B. Diallo, localisé et interpellé le 13 courant à Nord Foire.

Lors de son face-à-face avec les hommes du commissaire Bara Sangaré, il reconnaît en partie les faits qui lui sont reprochés et avouera avoir escroqué la nommée S. Bassène de la somme de 3 millions F CFA, dans une affaire de lavage de billets noirs reçus d’elle. Il a aussi précisé que ces billets noirs étaient en euros. C’est la raison pour laquelle S. Bassène a estimé la somme à 400 millions F CFA. Devant les enquêteurs, celui déclarera qu’il s’agissait de faux billets. Qu’il en a profité pour la gruger de cette somme de 3 millions, en lui faisant croire qu’il peut les laver. Interrogé sur la nature des billets, il soutiendra les avoir brûlés. A propos de son acolyte M. Aliou, celui-ci soutiendra l’avoir fait passer pour le DG d’une banque, afin de mieux réussir son coup. Ce dernier, a ainsi laissé entendre qu'il a reçu 300 000 F CFA pour son rôle, avant de rentrer chez lui au Cameroun.

Les enquêteurs ont alors opéré une perquisition au domicile de M. B. Diallo où ils trouveront le passeport d’une dame répondant au nom de F. Barry de nationalité guinéenne. Convoquée, à son tour, à la SU pour les besoins de l’enquête, elle a soutenu être l’épouse de M.B. Diallo et qu’elle était en voyage à Dubaï dont tous les frais de son voyage ont été pris en charge par son mari qui lui a offert gracieusement 9 000 dollars. Elle confiera par la suite que M. B. Diallo est connu des archives judiciaires pour avoir été déféré, dans le passé par la gendarmerie pour une affaire liée au lavage de faux billets de banque. Avant d'ajouter qu’il fréquente des étrangers spécialisés dans le trafic de faux billets. Et la plaignante de craquer et d'avouer avoir remis de faux billets. Les investigations des policiers ont ensuite mené à N. Naidouba, une autre personne avec qui M. B. Diallo communiquait beaucoup. L’individu a ainsi confié aux enquêteurs avoir reçu des faux billets de S. K. Bassène.

La plaignante, entendue à nouveau pour connaître l’origine des liasses en euros qu’elle a prétendu avoir remis à M. B. Diallo, elle a tenté sen vain selon des sources d’expliquer leur origine comme étant les bénéfices de ses activités qui sont loin d’avoisiner la somme de 472 millions F CFA. Pressée de questions, elle a fini par avouer avoir remis de faux billets au sieur Diallo. Elle expliquera qu’on lui a conseillé de ne pas parler de billets noirs dans la plainte, mais de billets authentiques pour éviter d’avoir des problèmes parce qu’elle savait, avec son frère, le caractère faux des billets. Face à cette nouvelle tournure de l’affaire, elle a été placée en garde à vue.

Auditionnée une nouvelle fois, elle a soutenu que les 472 millions F CFA auxquels elle avait fait allusion dans sa plainte, constituent la valeur des billets noirs en euros remis à M. Diallo. “M. B. Diallo s’est présenté chez moi avec une machine pour laver les billets. Il a fait une expérience de lavage des billets noirs dans la chambre de D. Bassène en ma présence’’, a-t-elle précisé. D. Bassène, qui a été convoqué de nouveau, a fini par confirmer les nouvelles déclarations de sa soeur. Avant d’ajouter que les 472 millions devaient être lavés par M. Diallo. Il devait prendre un pourcentage de l’argent récolté. Au terme de leur période de garde à vue, M. B. Diallo, S. K. Bassène, D. Bassène et N. Naidouba ont été déférés au parquet.

Les autres personnes citées font l’objet d’intenses recherches.