NETTALI.COM – Inamovible chef de la diplomatie sénégalaise de 2000 à 2010 et proche de plusieurs chefs d’Etat africains, Cheikh Tidiane Gadio est un grand connaisseur des dynamiques terroristes qui, en tapinois, menacent la stabilité du continent. Ainsi, il alerte sur un plan secret élaboré par les djihadistes qui poussent leurs pions en Afrique et révèle que le Sénégal est au centre des convoitises.  

Vendredi, à l’Assemblée nationale, en marge de l'examen du projet de loi portant report des élections locales, Cheikh Tidiane Gadio a alerté sur le dessein des terroristes notre pays. « Les djihadistes ont dit qu'ils ont besoin d'une façade maritime. Ils ciblent clairement le Sénégal et le Bénin. Nous devons tous prendre conscience que la situation de notre pays n'est plus celle qu'elle était avant. Notre pays est convoité, envié et infiltré», révélait-il.

«On est en train de faire traiter à l’Afrique des problèmes qui sont venus d’ailleurs. Et nous, nous attirons l’attention des Africains que les internationales terroristes sont prêtes à transformer l’Afrique en épicentre du terrorisme mondial », soulignait l’ancien ministre des Affaires étrangères qui animait, en novembre 2019 à Dakar, une conférence lors de la 27e édition de la Journée internationale de l’écrivain africain.

Le vice-président à l’Assemblée nationale croit savoir qu’en déménageant toutes leurs opérations en Afrique, les terroristes savent que c’est plus facile. « Aujourd’hui, on sait que les terroristes du Sahel veulent un accès à la façade maritime. Et ils pensent que le meilleur verrou qu’ils doivent faire sauter pour accéder au Bénin c’est le Burkina Faso. Et s’ils accèdent au Bénin, au Togo, ils ont déjà attaqué la Côte-D’ivoire, ils attaquent la 1ère puissance économique ouest-africaine qui est le Nigéria. Ensuite, ils attaquent la République Démocratique du Congo. L’Afrique, l’eau, les terres et les forets intéressent beaucoup les terroristes. Ce sont des entrepreneurs de l’économie criminelle qui sont bien organisés», dit-il avant d’ajouter : «Donc, quand on nous dit que c’est un problème limité au Sahel, c’est ne pas comprendre la gravité de la situation que nous vivons. Ils sont partout dans le continent. Et pour les pays qu’ils n’ont pas attaqués, ils organisent des systèmes à l’interne. Les mutations se déroulent sous nos yeux sans qu’on fasse attention, jusqu’au jour où ils se sentiront trop forts, ou bien jusqu’au jour où ils demanderont que la rébellion et la révolte viennent de l’intérieur et qu’ils viennent simplement en Afrique».

En juin 2017 déjà, invité à « Quartier Général » sur TFM, Cheikh Tidiane Gadio déclarait : « On ne peut pas surveiller nos frontières. Nos armées, aux moyens rudimentaires, ne disposent pas de satellites de surveillance. Les terroristes sont en avance sur nous. Car elles ont compris notre vulnérabilité ».

« Nous ne maitrisons pas l’ampleur du dégât qui guette présentement l’Afrique. Les terroristes qui ont été malmenés au Moyen - Orient, ont déménagé leurs opérations en Afrique et particulièrement dans le Sahel. Ils sont pour principal objectif de créer le califat islamique en Afrique sur l’axe Sénégal-Djibouti. Ils cherchent, pour le moment, de maillons faibles comme le Mali, le Niger, où ils s’installent », relevait-il.

« Le Sénégal les intéresse peut-être plus que les autres pays et ils ont leurs stratégies », soutient Gadio, non sans préciser que ces groupes djihadistes n’attendent que le moment propice pour sévir.

Pour l’ex-chef de la diplomatie sénégalaise, le pays de la teranga ne devait pas être mis à l’écart au moment de la création du  G5 Sahel, d’autant plus que, dit-il, « Léopold Sédar Senghor était en première ligne au moment de l’invention du concept du Sahel ». « Stratégiquement et tactiquement, c’est pas bon pour le Sénégal », ajoute-t-il, mettant l’accent sur la qualité de contributeur de troupes du Sénégal, qui est bien présent dans le cadre de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali).

Pour Cheikh Tidiane Gadio, l’Afrique doit se mettre ensemble, mutualiser et ses forces, ses intelligences et ses expertises pour aller à l’assaut des gens qui n’ont aucun respect pour les Africains. Sinon ils vont balkaniser le Mali en trois Etats. Et ensuite, ils vont casser d’autres pays en Afrique. « Ces gens ont un agenda lourd », conclut-il.