NETTALI.COM - Alioune Ndao, magistrat à la retraite et exProcureur spécial de la Cour de répression de l'enrichissement illicite, n'a pas pris de gants pour dire que si la justice n'est pas indépendante, la faute incombe aussi bien à l'exécutif qu'à certains magistrats. Selon lui, il ne faut pas que ses collègues se voilent la face, il y a un réel problème de confiance entre les justiciables et la justice". 

"C’est la première fois que des attaques physiques sont portées sur des sièges de juridiction. Il y’a un réel problème de confiance entre les justiciables et la justice. C’est faire preuve de cécité que de le nier comme certains magistrats le font. A force de se bander les yeux, la situation s’enfonce. Il est temps que les acteurs de la justice ouvrent les yeux. Le reproche récurrent, c’est le traitement de la justice accusé de manquer de devoir d’indépendance. Un reproche fondé. Pas tout le temps, mais cela arrive dans certains dossiers qui intéressent l’Exécutif. Il s’agit des 5% des dossiers qui constitue la figure de la justice car c’est dans ces cas qu’on attend une attitude digne à l’endroit du peuple", peste Alioune Ndao.

Selon lui, les responsabilités sont partagées. L’exécutif ne veut pas apporter les réformes nécessaires parce que le Président use et abuse de son pouvoir. La faute incombe également à certains magistrats qui, pour conserver leur poste ou obtenir privilège, jouent le jeu de l’exécutif et contribuent à ternir l’image de la justice. "L’Ums se doit de le les identifier et les dénoncer", peste-t-il.

Comme solution pour une indépendance effective de la presse, il propose une indépendance ou une autonomie budgétaire. "On ne peut pas comprendre que le pouvoir exécutif donne au pouvoir judiciaire ses moyens, c'est inadmissible", dit-il.

Il faut également, selon lui, retirer au ministre de la Justice le pouvoir de nomination dans la gestion des carrières des magistrats.

Mieux, pense-t-il, il faut accorder aux magistrats le droit de se syndiquer et de faire des  grèves. "On ne peut pas comprendre que les autres corps aient ce droit et que les magistrats ne puissent pas le faire. Pourquoi ne pas le faire, si l'on sait  qu'en France, au Burkina et au Mali, les magistrats ont le droit de se syndiquer", fait-il remarquer.