NETTALI.COM - Lors d’un panel organisé dans le cadre du Forum social mondial virtuel, la pertinence de cette initiative a été discutée entre acteurs gouvernementaux, influenceurs, altermondialistes et membres de la société civile.

Le début d’année 2021 a apporté avec lui bien des malheurs de ceux constatés un an plus tôt. La pandémie de coronavirus perpétue une deuxième vague plus virulente. Ses conséquences sur l’économie des pays africains restent dramatiques. Mais les luttes entamées pour les réduire trouvent encore des porte-étendards. C’est dans ce cadre que s’est tenu, hier, un panel pour partager les informations sur l’Initiative de Dakar pour l’annulation de la dette africaine. Des échanges déroulés dans le cadre du Forum social mondial virtuel 2021. Organisé par l’Initiative pour l’annulation de la dette africaine (IADA), l’atelier a permis de fédérer des actions en vue de la mise en place d’une campagne internationale afin d’amener les créanciers à annuler la dette publique africaine. Une approche décrite par Mamadou Mignane Diouf, Coordonnateur du Forum social sénégalais : “L’idée de ce comité d’initiative, c’est de convoquer très prochainement une conférence internationale et panafricaine pour rassembler tous les mouvements sociaux, toutes les initiatives, tous les chercheurs, tous ceux qui travaillent sur la question de la dette, en Afrique, en Europe, en Amérique latine, en Amérique du Nord et dans le monde.’’

Un plaidoyer pour l’annulation de la dette africaine avait été soutenu par le président de la République Macky Sall, quelques mois après l’arrivée de la pandémie en Afrique. Ceci, dans l’optique de dégager assez de ressources pour faire face au virus et à ses conséquences économiques. Très vite, cette approche a été magnifiée par différentes organisations africaines et internationales, dont le Forum social mondial. Cette adhésion trouve un accès dans un large public. Le panel d’hier n’était qu’une parmi les 660 activités à dérouler plus de 1 600 associations qui se sont inscrites au Forum social mondial dans plus de 83 pays. Souvent aux côtés du président de la République dans cette quête, l’artiste Youssou Ndour s’est voulu clair dans son intervention. Egalement coprésident de l’IADA, le lead vocal du Super Etoile a précisé que “nous ne quémandons pas, nous ne demandons pas de rééchelonnement, encore moins de suspension, mais l’annulation pure et simple de la dette. Un combat juste et légitime que nous parviendrons à gagner, si nous nous mettons tous ensemble’’.

                                                                                                  “Nous ne quémandons pas’’

Un de ses collègues au sein de l’appareil gouvernemental a apporté une vision complémentaire de la nécessité de libérer les Etats africains de leur dette publique. Selon Mor Ngom, “au-delà de l’intérêt immédiat, l’annulation de cette dette qui constitue 14 % des revenus des pays africains, a une portée plus essentielle, dans la mesure où elle contribue à la refondation des rapports qui structurent le nouvel ordre mondial pour plus de justice et d’équité, même au sein des Nations Unies’’. Une ouverture du ministre conseiller du président de la République qui a permis de revenir sur l’histoire de la dette des pays africains.

Une des personnalités centrales du mouvement altermondialiste, Gustave Massiah, a rappelé que la crise de la pandémie et du climat s’inscrit dans une autre plus large, correspondant aux dysfonctionnements du système international actuel. Après la Conférence des nonalignés de Bandung de 1960, rappelle-t-il, “les Etats qui se sont décolonisés ont mis en avant leur droit au développement. Cela a abouti à l’apparition économique et politique, en 1973 et 1977, des nouveaux Etats sur la scène mondiale avec la première et la deuxième augmentation des prix du pétrole qui a mis en crise le système international post-décolonisation. La dette a été utilisée pour répondre à cette offensive des pays décolonisés. Et le mot d’ordre utilisé était simple : endettez-les ! Donc, il y a eu une politique construite d’endettement des pays colonisateurs pour reprendre le contrôle de l’économie mondiale et des nouveaux acteurs dans les commanderies mondiales. Pour consolider cela, les institutions de Bretton Wood (Banque mondiale, FMI, etc.) ont été mises en place’’.

Avec Enquête