NETTALI.COM – Dans un entretien avec Le Soleil, l’immunologue, Tandakha   Ndiaye Dièye liste quelques préalables que le Sénégal doit régler avant l’acquisition de vaccins anti-Covid-19. Ce médecin conseille aux autorités d’anticiper sur la mise en place d’un dispositif de conservation qui va préserver la propriété des vaccins. Sans quoi, explique-t-il, l’immunité collective recherchée à travers la vaccination de masse ne sera pas atteinte.

« La vaccination des Sénégalais annoncée par le président de la République est une très bonne chose », se réjouit, d’emblée, Tandakha Ndiaye Dièye, dans un entretien avec « l’astre de Hann », paru ce lundi.

« Le plus souvent, mentionne-t-il, pour éradiquer une maladie infectieuse, il faut une vaccination obligatoire. Actuellement, même les profanes parlent de ces vaccins. La fabrication de ces vaccins en un temps si court, moins d’un an, est une victoire scientifique. Depuis le début de la Covid-19, il a été démontré que les sujets atteints développaient des anticorps neutralisants. C’est un indice qui présageait de la possibilité de mettre au point un vaccin. Nous n’avons pas parvenu à avoir un vaccin avec le Sida, le Paludisme parce que nous n’avons pas de bons anticorps neutralisants. Sans cela, c’est difficile de mettre au point un vaccin. Par contre, dans le cas de la maladie à coronavirus, nous avons beaucoup d’anticorps qui peuvent neutraliser le virus au cours de l’infection ».

A en croire ce médecin, « il faut remporter la bataille de la logistique ». « Il faut aller vite, travailler à mettre en place tout un dispositif permettant d’aller vers la vaccination au moment opportun. Il y a plusieurs vaccins qui sont conservés à moins de 70 degrés Celsius. Nous devons travailler pour ne pas avoir une rupture de la chaîne de froid. Il faut aussi la même exigence pour le transport. Il faut assurer l’alimentation permanente en énergie pour le fonctionnement des congélateurs. Nous devons anticiper pour avoir un bon dispositif de transport et de conservation des vaccins », exhorte-t-il encore.

Dr Dièye, de renchérir : « L’Allemagne, les Etats-Unis et d’autres pays ont travaillé en amont pour disposer d’une chaîne de froid appropriée pour conserver les vaccins. Le virus mute. Sans la vaccination, nous risquons d’avoir d’autres vagues. Le vaccin nous permet d’avoir une immunité collective. Les onze vaccins disponibles dans le Programme élargi de vaccination couvrant plus de 14 maladies ont permis d’avoir une immunité collective chez les enfants.  L’Israël a vacciné 20 % de sa population contre la Covid-19. Ce sont les autorités qui ont été les premières à recevoir les doses. Aux États Unis, Joe Biden a été vacciné. Les Etats-Unis ont vacciné des millions de personnes. En Angleterre, ils ont atteint le million de vaccinés. C’est une course à la vaccination ».

Ainsi, à la question de savoir s’il y a  urgence à vacciner les Sénégalais après l’acquisition des vaccins, il détaille : « Nous avons une autre situation en Afrique où la propagation du virus est lente. En plus de cela, nous n’avons pas, pour le moment, des stocks de vaccins. Beaucoup de pays européens avaient fait leur commande avant que le vaccin ne soit découvert. Cela m’étonnerait qu’un seul pays africain ait fait la même chose. Nous devons nous préparer parce que jusqu’ici, nous ne maîtrisons pas beaucoup de paramètres. Cette Covid-19 a créé beaucoup de surprises. Si les Américains et les Européens parviennent à maîtriser le virus après la vaccination, ils laisseront l’Afrique se démerder ».