NETTALI.COM - Le  directeur du cabinet Synapsus Consulting s'est prononcé sur le débat sur l'éventualité d'un troisième mandat du Président Macky Sall. Mamadou Seck considère que " les actes qui sont en train d’être posés font penser plus que c’est oui que non". Il accuse les dirigeants africains de refuser d'entrer dans l'histoire.

" On ne sait pas ce qui l’a motivé à être dans son "Ni oui ni non". Mais les actes qui sont en train d’être posés, font penser plus que c’est Oui que Non puisque tous ceux qui s’insurgent contre le troisième mandat sont écartés et tous ceux qui disent qu’un troisième mandat est juridiquement défendable sont confortés dans leur position", a déclaré Mamadou Seck sur ITV.

Le directeur du cabinet Synapsus consulting qui analysait la problématique du non respect du nombre de mandats présidentiels en Afrique a soutenu que " c’est toujours un refus de nos dirigeants à entrer dans l’histoire".

Et de poursuivre : " maintenant le danger, c’est d’entrer dans une forme de juridisme puisque, aujourd’hui, on peut tout faire avec le droit. On peut dire une chose et son contraire. Tout est question de perspective et d’interprétation".

Outre l'argument juridique, M. Seck souligne que "moralement, c’est un troisième mandat qui n’est pas défendable". Aussi convoque-t-il l'histoire en rappelant que : " c’est un troisième mandat qui a fait partir son prédécesseur ( Abdoulaye Wade) et quelque part même, son arrivée au pouvoir, on peut le mettre sur le crédit d’un troisième mandat qui a été refusé à son prédécesseur".

" Ceux qui défendent ça, pensant que des troisième mandat existent en France et aux Etats Unis, c’est une erreur. Il n’y a plus de troisième mandat en France depuis 2008. Il a été introduit dans la constitution une disposition par le président Sarkozy. Aux Etats Unis, le 22e amendement de 1947 a bloqué les mandats à deux", rectifie l'invité de Alassane Samba Diop.

" Un refus inconscient d'entrer dans l'histoire "

Au delà du Sénégal, M. Seck estime que c'est une question assez problématique. Selon son constat, c’est le modèle démocratique qui s’essouffle. " Depuis 1990, on a abordé une nouvelle histoire politique au plan mondial puisque c’était le triomphe de la démocratie. Et après 30 ans d’expérimentation très cahoteuse, nous vivons réellement une forme de blocage qui a été alimenté par, souvent, les leaders qui sont censés exercer le pouvoir et qui sont censés porter un discours nouveau", argue le consultant.

Et de poursuivre avec l'exemple Alpha Condé avec qui regrette-t-il, "on aurait pu attendre ça de tout le monde sauf de lui pour avoir vécu des tares de mal gouvernance politique". " Une fois arrivéeau pouvoir, il aurait pu servir d’exemple en tant qu’opposant historique en République de Guinée", se désole-il.

M. Seck qui assimile cette situation à " une forme de crise de leadership en Afrique", a également cité le cas de la Côte d'Ivoire avec le projet de troisième mandat controversé de Ouattara. " C’est un refus inconscient d’entrer dans l’histoire. Il aurait pu aussi servir d’exemple. On a l’impression qu’il a envoyé son supposé défunt successeur au charbon et c’est ça qui l’a perdu", assène-t-il.

Et de conclure : " la réalité de nos Etats est qu’aujourd’hui quand vous désignez un successeur, tout le monde va lui pointer du doigt et toutes sortes de pratiques, bonnes comme mauvaises, vont s’abattre sur lui".