NETTALI.COM - "Quand un black marque, tout le stade est debout". Cette phrase de Noël Le Graet sonne mal au moment où le racisme gagne du terrain dans le milieu du football. A travers un texte publié sur le site de la ville de Gorée dont il est le maire, Me Augustin Senghor a apporté une cinglante réponse à son homologue français. Dans son message que nous vous proposons in extenso, le président de la Fédération sénégalaise de football n'a pas raté le boss du football français.

"Quand un black marque un but, tout le stade est debout" !

Waw ! Génial comme trouvaille pour justifier que le racisme n’existe pas dans le Football !

Et quand cela sort de la bouche du Président de la Fédération Française de Football, Monsieur Noël Le Graet, un homme admiré et respecté pour l’immense travail abattu dans le Football français et mondial, un modèle pour les jeunes dirigeants du Football dans le monde entier, moi y compris, cela fait de l’effet, à coup sûr !

Conclusion du constat de Monsieur Le Graet : il n y a pas plus de 1% de racisme dans le Football !

Mais je voudrais poser respectueusement quelques questions à Monsieur Le Graet en espérant qu’il me fera l’honneur de me répondre : Quand le black marque " le fameux but ", tout le stade est-il debout pour le but ou pour le black ?

Autre question, quand le blanc ou le beur marquent "ce but", il se passe quoi dans tout le stade ?

Enfin, quand un stade est debout, ça fait quoi ? Ça célèbre le but ? Ou ça insulte un black ? Ou bien ce sont les deux en même temps selon le camp auquel une partie du public appartient ?

Si le stade célèbre un but black, c’est donc il n y a pas de racisme dans les stades. Ainsi soit-il ! C’est fini et on passe à autre chose !

On oublie les insultes racistes, les cris de singe, les jets de bananes, c’est 1% du spectacle.

Le ballon continue de rouler, les buts continuent à être marqués, les stades se lèvent à chacun de ces buts, c’est cela qui compte.

Le racisme dans les stades, c’est juste anecdotique.

"Cela n’existe pas ou peu dans le Sport en général et le Football en particulier", osez vous avancer ?

Honorable Mr Noël Le Graet, souffrez que l’humble ( et peut-être insignifiant) Président d’une Fédération de Football dont beaucoup des ressortissants originaires jouent dans vos stades vous contredise !

Le racisme est une réalité à 100% dans le sport mondial en général et dans le Football en particulier car l’inacceptable ne peut être inscrite sur une échelle de proportionnalité et de pourcentage.

Le racisme est inacceptable dans son entièreté, il n’existe ni à 1% ni 30% et il n ya pas de demi-racisme.

Et c’est dans vos propos que je m’en vais chercher mes arguments de contradiction car vous ne dites rien moins que le blacks doivent s’estimer heureux de soulever les tribunes de vos stades (logiquement remplies d’un public majoritairement blanc, un honneur pour eux) à chaque fois qu’ils marquent des buts.

A vos yeux, cela semble compenser suffisamment voire largement les actes de racisme qui ont cours dans les stades.

Ce disant, vous condamnez à contrario ces joueurs blacks à l’exploit perpétuel pour trouver grâce aux yeux de ce "stade debout" et être traités comme l’égal des autres joueurs sur le terrain le temps de la célébration d’un but.

Mais gare à ce pauvre black si à l’action suivante, il rate une passe décisive, un but ou provoque un penalty !

Le stade "debout ou assis" aura alors le droit de lui envoyer ses bananes, de le "singer" de lui rappeler la "couleur sale" de sa peau. Ce qui est épargné aux autres joueurs.

Et par enchantement, personne n’aura vu, personne n’aura entendu, personne n’aura remarqué, même pas la VAR sur ce coup ci.

De temps à autre, l’arbitre, pour en finir, trouvera plus simple de renvoyer aux vestiaires le joueur black qui réagit de manière proportionnelle ou proteste auprès de lui à ces attaques racistes.

Finalement, un black de moins sur le terrain, le spectacle n’en sera que plus beau, pourrait-on dire.

Chaque jour, sur les stades du monde ou devant nos écrans, nous assistons à ce spectacle désolant et les discours tels que celui prêté Monsieur Le Graet, un dirigeant du Football dont la voix compte, sont malheureusement pour nous informer que le Racisme dans le Sport et surtout dans le Football a de beaux jours devant lui.

Pour gênante que la problématique du racisme dans les stades puisse être pour les dirigeants que nous sommes, il ne faut pas recourir à l’exorcisme nihiliste pour y remédier.

Il ne faut non plus banaliser ni minimiser le racisme dans les stades comme un fait isolé, un épiphénomène ou un mal nécessaire juste pour " sauver ce beau spectacle " qu’est le Sport ou le Football.

Le remède par la dédramatisation sera tout aussi inopérant qu’une simple anesthésie n’a jamais guéri une blessure( pour la victime du raciste) ou maladie (pour le raciste).

Je demeure persuadé que si l’on mettait la même énergie et la même rigueur à trouver la solution à ces faits de racisme (après en avoir accepté l’existence) que celles qui ont permis de créer la VAR pour traquer certains faits de jeu qui , jadis, échappaient aux arbitres et officiels de match, le racisme ne serait pas ramené au taux de 1% idéalisé par Monsieur Le Graet ; il disparaîtrait tout simplement de nos stades.

En attendant, le racisme est bien là dans nos stades, debout ou assis en tribunes, en mouvement sur la pelouse, dans les couloirs menant aux vestiaires et saute aux yeux, même de ceux qui ont pris le parti de les fermer pour ne rien voir.

Le racisme fait aujourd’hui partie du décorum et de l’ambiance des stades quel que soit le niveau de compétition, particulièrement en Europe lors des grandes joutes sportives. L’admettre serait un immense pas vers sa conjuration.

Je vous réitère mon grand respect et mon immense considération, Cher Président Le Graet mais de grâce, ne dites plus que le racisme n’existe pas ou peu dans vos stades !

Ce n’est pas exact et je sais que vous le savez.

Sportivement !
Respectueusement !