NETTALI.COM - Le Centre d’étude et de recherche, Afrikajom, rend public, en ce jour du lundi 7 septembre, son premier rapport public sur l’état de la gouvernance démocratique au niveau des seize Etats de la zone ouest africaine

Le Centre d’étude et de recherche, Afrikajom, rend public, en ce jour du lundi 7 septembre, son premier rapport public sur l’état de la gouvernance démocratique au niveau des seize Etats de la zone ouest africaine. Dans le document, parcouru par Sud Quotidien, Afrikajom dresse la liste des pathologies de la démocratie qui menacent la paix et la stabilité dans la plupart des dits Etats et recommande à la Cedeao entre autres d’organiser un sommet des chefs d’Etat réservé à la limitation des mandats présidentiels à deux pour tous les Etats membres.

Intitulé : «Les nouvelles pathologies de la démocratie en Afrique de l’ouest : Crise de l’Etat de droit, de la démocratie représentative et de la gouvernance», ce rapport rendu public en ce jour du lundi 7 septembre est le premier du genre du Centre d’étude et de recherche Afrikajom. Fort de 72 pages, le document dont la sortie initialement prévue en début de l’année 2020 a été retardée par la pandémie de la Covid-19, passe en revue les questions liées à la gouvernance de la démocratie, à l’Etat de droit, à la gestion des droits humains au niveau de tous les quinze Etats de la Cedeao et la Mauritanie. Ainsi, de ce diagnostic profond de l’état de la gouvernance démocratique au niveau de chaque pays mais aussi à l’échelle sous-régionale dressé par Afrikajom, il est ressorti un «grave processus d’inversion des mécanismes de fonctionnement de l’Etat de droit, des droits humains et des transitions démocratiques dans cette région depuis 2000», entrainant un «recul des droits humains au niveau de tous les Etats et sur tous les aspects : droit civils et politiques, droits économiques, sociaux et culturels».

Loin de s’en tenir là, cette étude d’Afrikajom, un Think tank créé en 2018 par Alioune Tine, toujours au sujet des défis qui menacent aujourd’hui la stabilité et la paix dans l’espace ouest africain, fait également état d’une faiblesse des institutions et mécanismes régionaux et internationaux de régulation, tout à fait inadaptés au contexte africain ainsi que l’apparition de nouvelles pathologies de la démocratie en Afrique de l’ouest entrainant de nouvelles formes de résistance et l’émergence de nouveaux acteurs : depuis le Printemps Arabe, M23 jusqu’au M5. «Après l’ère des coups d’Etat militaires, brutaux, sanglants archaïques avec parfois l’assassinat de chefs d’Etat au pouvoir, aujourd’hui, l’Afrique de l’ouest fait face à de nouvelles formes de coups d’Etat propres, cosmétiques entérinés et validés sans problème par la communauté internationale», a notamment déploré ce rapport d’Afrikajom qui cite entre autres les coups d’états électoraux «conçus par des fraudes avec très souvent la complicité d’organes de régulation ou d’arbitrage du contentieux électoral» et les coups d’Etat constitutionnels «conçus par des révisions constitutionnelles intervenant en cours de mandat et susceptibles d’interprétation permettant de contourner ou de déverrouiller les dispositions relatives à la limitation de mandats».

Ainsi, pour éradiquer la menace que font planer ces phénomènes sur le ciel bleu de la région ouest africaine déjà tourmentée par «trois crises étroitement interconnectées que sont entre autres, les crises sécuritaires au Nigéria (depuis 2009), au Mali (2012) et au Niger et Burkina Fasso (2014- 2015), la crise de l’Etat, de la démocratie, des droits de l’homme et de la gouvernance causée par le dysfonctionnent dans la mise en œuvre des outils juridiques et les mécanismes de gestion au niveau de la plupart des Etats, faute d’une volonté politique, ainsi que la pandémie de la Covid-19 qui risque de plonger les Etats de l’espace ouest africain dans une récession économique sans précédent, Afrikajom recommande à la Cedeao d’organiser un sommet des chefs d’Etat réservé à la limitation des mandats présidentiels à deux pour tous les Etats membres.

Dans la même perspective, Afrikajom prône de lutter contre l’impunité en renforçant les moyens et l’indépendance des juridictions régionales, sous-régionales et nationales, de faire l’état des lieux sur l’application par les Etats membres du protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance et le protocole relatif au mécanisme de prévention, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité. Il en est de même de la libération de tous les détenus et prisonniers d’opinion. Aux seize Etats, ce premier rapport d’Afrikajom recommande également de promouvoir et de renforcer au plan national les mécanismes judiciaires et les mécanismes de lutte contre la corruption, de renforcer le système judiciaire national.

A la Guinée, il a été demandé d’annuler le référendum constitutionnel et les élections législatives boycottées par l’opposition du 22 mars dernier afin d’ouvrir des concertations avec tous les acteurs pour parvenir à un consensus qui puisse garantir la paix et la sécurité. A l’Etat du Sénégal, il a été aussi recommandé de renforcer la stabilité et la sécurité constitutionnelle, surtout sur la question de la durée et du nombre de mandats présidentiels.

Pour rappel, Afrikajom est un Think tank créé en 2018 par Alioune Tine. Il se veut aussi cadre d’élaboration d’une stratégie prospective, pro active, novatrice, créative et interactive essentiellement centrée sur la promotion de la bonne gouvernance.