NETTALI.COM - Réponse du berger à la bergère. Après les graves accusations portées contre sa personne par le juge Yaya Amadou Dia, le Premier président de la Cour d’appel de Kaolack apporte la réplique. Face à la presse ce vendredi, le juge Ousmane Kane n’a pas porté de gants pour répondre à son collègue.

Le Premier président de la Cour d'appel de Kaolack bat en brèche toutes les accusations de corruption judiciaire portées contre lui par le juge Yaya Amadou Dia. Mieux ou pis,  il traîne dans la boue son collègue qui, selon lui, ne fait que déshonorer la justice sénégalaise.

«L’ignominie du président Yaya Amadou Dia.» C’est en ces termes que le juge Ousmane Kane a démarré sa conférence de presse, ce vendredi à Kaolack. Etayant ses propos, il ajoute : «Au sommet de l’ignominie, trône le mensonge.» Le Premier président de la Cour d’appel de Kaolack dit reprocher son collègue, le juge Dia, de s’être absenté du service sans autorisation et d’avoir refusé de rendre ses clés disponibles pour l’ouverture de son bureau et le retrait des dossiers qu’il y avait enfermés. Poursuivant son argumentaire, le président Ousmane Kane renseigne que «le premier mensonge» du juge Yaya Amadou Dia réside dans l’affaire Oumar Gaye. «J’ai tenu une assemblée générale pour amener tous les magistrats de la Cour à discuter du problème de procédure dans l’affaire Oumar Gaye qui commençait à prendre des proportions anormales. J’ai effectivement avoir dit avoir discuté personnellement avec le substitut en charge de l’audience pour partager avec lui sur les nombreuses incongruités qui ont accompagné le traitement du dossier», a expliqué magistrat.

Poursuivant, il précise que l’accusé Oumar Gaye n’a pas été condamné pour meurtre, mais pour acte de barbarie. Le crime de meurtre, rappelle-t-il, a été attribué à ses co-accusés par la Cour d’assises. «Oumar Gaye a coupé les tendons d’un cadavre dont la mort a été attribuée à d’autres. Ainsi, on ne peut pas commettre un acte de barbarie sur un mort. Aussi répugnant que cela puisse apparaître, l’acte de l’accusé s’appelle mutilation ou profanation de cadavre, même non inhumé, puni d’un emprisonnement de 3 mois de prison à 1 an et d’une amende de 50 mille à 180 mille. Pour une telle infraction, un pauvre paysan a été condamné à la perpétuité et a purgé au moment de sa libération 8 années de prison, soit 8 fois la peine maximale encourue», a expliqué le juge Kane, laissant entendre qu’il a rétabli le sieur Oumar Gaye dans ses droits. Il dit assumer cette décision tout comme celle d’avoir mis en un terme à la détention «scandaleuse, arbitraire et inhumain d’un pauvre». Très en verve, Ousmane Kane assimile son collègue à «un juge gros menteur mais piètre espion fouineur».

S’agissant des accusations selon lesquelles il aurait libéré un certain Lamine Sène par une audience spéciale pour le tirer des griffes de la chambre criminelles, il répond : «Lamine Sène n’était pas justiciable de la Chambre criminelle. Poursuivi pour arrestation illégale et séquestration, ce dernier avait été renvoyé devant le tribunal des flagrants délits de Kaolack. Lequel s’était déclaré incompétent en estimant que les faits étaient criminels. Le Procureur avait immédiatement fait appel de la décision car le tribunal avait commis une erreur monumentale.» Dans le même ordre d'idée, le Premier président de la Cour d'appel de Kaolack nie avoir libéré le sieur Khalifa Thiandoum avant de faire de lui un fournisseur de la Cour d’appel. A l’en croire, le sieur Thiandoum était fournisseur de la Cour d’appel depuis 2012.

«Il est un magistrat effronté et prétentieux. Il ne voit pas ses lacunes»

Sur la liquidation de l’astreinte, il indique «manifestement, le Président Dia ne sait pas comment se juge une liquidation d’astreint». «Le propos qu’il me prête sont mensongers, ça je lui ai lu les commentaires sur l’article de la loi applicable, la doctrine et la jurisprudence français, qui unanimement reconnaissent que la liquidation de l’astreinte n’est pas une opération mathématique. Ce magistrat impoli et incompétent a boudé la suite de la délibération», a expliqué le juge Ousmane Kane, traitant dans la foulée son collègue de magistrat «effronté et prétentieux».

Pour Ousmane Kane, son accusateur traîne une carence professionnelle doublée d’une impolitesse inouïe. C’est la raison pour laquelle, justifie-t-elle, «j’ai décidé de reprendre les choses en main et de réclamer tous les dossiers qu’il détenait par devers lui. Imbu de sa personne, il ne voit pas ses lacunes qui sont un déshonneur pour lui et la magistrature et risque de péril judiciaire certain pour les justiciables». Faisant dans le déballage, il révèle : «Il (Le juge Yaya Amadou Dia, ndlr) a échappé à deux reprises au Conseil de discipline. Ce semblant d’impunité l’encourage à persister dans ses pratiques exécrables, même si par ailleurs tout le monde le traite de fou. Si cette folie était avérée, il faudrait l’éloigner des juridictions pour préserver l’image et la dignité de l’institution judiciaire, celle de tous ceux qui, chaque jour, la servent humblement». A la question de savoir s’il va porter plainte pour laver son honneur, il dit attendre la décision du ministre de la Justice à qui le dossier a été remis.