NETTALI.COM - Il l’avait prédit. Il a vu juste.  Face à la presse samedi 6 juin dernier pour faire le bilan des 3 mois de présence du Coronavirus au Sénégal, le Professeur Moussa Seydi avait alerté.

«A l’heure où je vous parle, il y a beaucoup de patients graves qui sont à domicile. Ils refusent de venir à l’hôpital, du fait de la stigmatisation. Parmi ces patients, il y a même des personnes qui travaillent dans le secteur de la santé», lançait-il.

Les faits lui ont donné raison. Quelques jours après sa déclaration, les morts  liés au Covid-19 se comptent tous les jours. Et les cas graves inondent les services de réanimation. En moins de 10 jours (du 9 au 18 juin), le Sénégal a enregistré 24 décès dus au coronavirus. Ce qui pousse à la réflexion.

Les 10 morts enregistrées en 48 heures (lundi et mardi) et les 3 autres dans la seule journée de mercredi, sont en partie la résultante d’une absence ou retard de prise en charge de ces malades qui rechignaient à se faire dépister du Coronavirus.

«90% des victimes de ces 3 derniers jours sont décédées soit à domicile, soit à leur arrivée à l’hôpital en détresse respiratoire, avant même une prise en charge médicale effective. Certains sont morts même avant d’être installés dans leur lit d’hospitalisation», confient des sources hospitalières.

D’autres sources de confier que «depuis le début de la prise en charge, nous avons constaté près de 30 morts à domicile ou en phase pré-hospitalisation. Si une personne atteinte du virus arrive en retard à l’hôpital, alors qu’elle souffre d’autres pathologies, nous ne pensons pas que l’hydroxychloroquine associée à l’azytromycine puisse la sauver. Il faut un diagnostic précoce, dès les premiers symptômes. Malheureusement, avec la stigmatisation, beaucoup préfèrent rester chez eux en attendant d’être totalement gagnés par la maladie. Ce qui est très dangereux pour le patient lui-même et très difficile à gérer pour les centres de traitement.» 

Ce qui fait dire au psychologue-conseiller, Khalifa Babacar Diagne, qu’«à l’heure actuelle, le constat semble être partagé que la plus grande faiblesse de la lutte contre la covid-19 dans notre pays, c’est la stigmatisation». «La stigmatisation est dangereuse dans la lutte contre la covid-19 pour deux raisons. D’abord, c’est une maladie dont pour la prise en charge la coopération des malades et porteurs du virus est nécessaire pour maîtriser la chaîne de contamination. Ensuite, c’est une maladie pour laquelle la prise en charge de certaines catégories de la population doit être précoce  (personnes âgées ou atteintes de pathologies constituant une opportunité pour le covid-19 ou comorbidités) ; sans quoi une mort certaine les attend, comme cela a été le cas de certains compatriotes décédés à leur domicile ou aux urgences parce qu’y étant arrivés tardivement. La révélation du Professeur Seydi, selon laquelle parmi les personnes qui refusent d’aller dans les structures de santé, du fait de la stigmatisation, il y a des agents de santé, illustre à suffisance l’ampleur du mal».

Nombre de spécialistes de la santé sont unanimes à dire que la hausse des morts ces derniers temps a un facteur détonnant : la stigmatisation dont sont victimes les malades du Covid-19. Au point que même ceux qui sont morts de cette maladies ne sont pas acceptés dans les…cimetières.