NETTALI.COM - Même saluée, la liberté provisoire accordée, avant-hier, à Guy Marius Sagna, n’en est pas moins gênante pour certains puristes du droit qui estiment que le droit a été chassé du prétoire par la politique.

C’était devenu une patate très chaude entre les mains du gouvernement. Les manifestations s’intensifiaient ; des organisations internationales de défense des Droits de l’homme commençaient à s’intéresser au dossier ; les avocats s’apprêtaient à saisir la Cour de justice de la CEDEAO devenue bête noire des juges sénégalais dans bien des dossiers célèbres.

Mais le clou de cette lutte a été, sans nul doute, la mobilisation, vendredi dernier, devant le Camp pénal de Liberté 6. Ils étaient nombreux à retrouver, enfin, l’espoir quant à une libération prochaine de leur camarade Guy Marius Sagna. Mais rares étaient prêts à parier que les choses iraient aussi vite. C’est-à-dire en seulement 4 jours. Comme dans les affaires Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall, tout est allé très vite. En fait, ce que bon nombre de Sénégalais ignoraient, c’est qu’au même moment, les négociations allaient bon train entre acteurs politiques. Au-delà même du cadre formel du dialogue national. D’ailleurs, à ce propos, un avocat de Guy Marius Sagna témoigne que la dernière lettre incendiaire du leader de Frapp France Dégage n’a pas du tout été fortuite. Mieux, il certifie que Maitre El Hadj Amadou Sall est même allé au Camp pénal pour rencontrer l’ex-détenu, avec la bénédiction du doyen des juges. C’était suite à sa constitution par le Front de résistance nationale (FRN). “Moi qui vous parle, je vous assure qu’un confrère, à qui je voue beaucoup d’estime et de respect, s’est rapproché de moi pour me demander, suite à notre deuxième demande de liberté provisoire qui a été rejetée, d’en introduire une autre en la signant par son nom. Il était sûr qu’il obtiendrait gain de cause et je ne sais pas pourquoi. Je l’ai envoyé paître’’, insiste-t-il.

Auparavant, deux autres requêtes avaient été introduites, mais se heurtaient, à chaque fois, au niet catégorique du parquet. A en croire la robe noire, rien n’a changé, en termes de droit, dans les arguments de la défense. “La seule chose qui a changé, c’est la donne politique. La deuxième fois, nous avons même fait appel devant la chambre d’accusation qui a rejeté notre demande’’. Selon l’avocat, cette affaire a été mise sur la table par le Front de résistance nationale qui a exigé la libération de l’activiste. “Comme il fallait y mettre les formes, on a mandaté un avocat pour introduire à nouveau une demande de liberté provisoire. Peutêtre ils se sont dit que le conseil des avocats constitué depuis le début n’accepterait pas d’être complice de cette machination de la justice’’, regrette la robe noire dépité.

Ainsi court-circuités, les avocats, tout en se réjouissant de la libération de leur client, promettent de poursuivre le combat sur le plan international, pour exiger l’arrêt pur et simple des poursuites.

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