NETTALI.COM - Le coordonnateur du Forum social mondial alerte sur une hausse du prix de l’eau, après celui de l’électricité. C’est dire que le Sénégal vit les contrecoups d’une tension de trésorerie causée par des choix économiques dont la SENELEC elle-même n’est qu’une victime.

La hausse du prix de l’électricité, par le jeu de la manipulation politicienne, charrie toutes affabulations et fantasmagories. Un prisme déformant cherche à occulter que la Société nationale d‘électricité vit l’effet de retard néfaste de la « la tension budgétaire » évoquée par le représentant du Fonds monétaire international (FMI), le 13 novembre 2018, à l’occasion de la Revue annuelle conjointe de coopération entre le Sénégal et la Banque mondiale. Pour rassurer son monde, l’alors ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, soutenait que cette tension était  «voulue et même souhaitée». Le ministre parlait déjà de menace de hausse des prix du carburant et de tout ce qui est produits pétroliers, pour justifier cette émergente tension-là. «Rien que pour cette année (2018), nous avons mis à la disposition de la Senelec pas moins de 70 milliards de francs Cfa, une reconnaissance de dette de près de 125 milliards de francs Cfa. Ce sont autant de ressources qui sont prélevées dans d’autres secteurs. C’est cela la vérité», disait-il. En clair, la situation que vit aujourd’hui la SENELEC est moins la conséquence des ratés d’une gestion interne que les contrecoups  d’autres facteurs comme la dette de l’Etat vis-à-vis de l’entreprise et le rétrécissement du pouvoir de subvention.

Pour mémoire, en septembre 2017 déjà, le FMI avertissait le gouvernement sénégalais sur la hausse de la dette à la suite d’une  mission de revue dirigée par M.Ali Mansoor. Dans plusieurs sorties, Macky Sall a essayé de minimiser les conséquences de cette dette contractée sous le ministère de Amadou Ba. Cependant, l’économiste Meïssa Babou n’y était pas allé du dos de la cuillère pour enfoncer un coin dans l’arc : « Six (06) mois avant la dernière présidentielle, alors invité à Sud Fm je parlais déjà d’une banqueroute si l’on n’arrêtait pas le ministre Amadou Ba. Aujourd’hui, le temps  m’a donné raison. Nous sommes en train de subir les conséquences des actions d’autorités qui ne comprennent que dalle (…). Le ministre a enfoncé le pays dans des projets inutiles comme le Train Express régional, l’autoroute Ila Touba…». Son collègue universitaire Mounirou Ndiaye, dans un entretien-vérité avec nettali.com début mai 2018, a   abordé la question de la dette que l’on a octroyée au Sénégal pour un redressement. Et c’est pour dire que cette dette aurait dû aider le pays à se redresser et à se passer de dettes futures. Mais pour lui, c’est le contraire qui se produit.  Il en veut aussi pour preuve, le taux de productivité de 18% qui a été, selon lui, « très faible» par rapport à l’utilisation de cet endettement sans oublier une croissance non inclusive qui concerne une part importante d’intérêts étrangers. Conséquemment, on assiste à une sorte de retour aux ajustements structurels, sur fond de tension de trésorerie. Cette atmosphère, par-delà le secteur de l’énergie, ne va épargner aucun pan de la vie socio-économique. Dans les colonnes du quotidien « EnQuête » ce samedi, le coordonnateur du Forum social mondial prédit la hausse du prix de l’eau.

Enfin, en plus de la dette de l’Etat doit vis-à-vis de l’entreprise publique, il y a le contrat de performance qui lie l’Etat à la Senelec. Il s’agit d’un aspect de la question, tout aussi méconnu, qui induit ce gap sur lequel a communiqué la Senelec. Celui-ci impose en effet à la société nationale, un Revenu maximum autorisé (Rma) qui détermine des revenus tous les trois ans qu’elle ne peut dépasser. Ce revenu est évalué et calculé sous le contrôle de la Commission de régulation du secteur de l’électricité. Et tous les trois (3) mois, il est revu pour voir s’il n’existe pas de gap entre ce que la Senelec doit gagner ou perdre. A charge pour l’Etat de compenser.