NETTALI.COM - Le patron du PSG Nasser Al-Khelaifi, mis en examen pour des soupçons de corruption dans la candidature de Doha à l'organisation des Mondiaux d'athlétisme, a gardé le silence face aux juges parisiens le 11 juin, selon un interrogatoire consulté lundi par l'AFP.

"J'use de mon droit au silence", a-t-il répondu à chacune des 28 questions posées par les magistrats.

"Toutes les réponses utiles avaient déjà été apportées", dans deux notes adressées fin mai aux magistrats, "et il n'y avait aucun élément nouveau dans l'enquête depuis le précédent interrogatoire", ont expliqué à l'AFP les avocats du Qatari, Me Francis Szpiner et Renaud Semerdjian.

Le 20 mars, Nasser Al-Khelaifi s'était déjà rendu chez les juges financiers Renaud Van Ruymbeke -parti à la retraite cet été- et Bénédicte de Perthuis. A l'époque, il s'était expliqué et avait échappé à une mise en examen. Reconvoqué par la suite, il ne s'était pas présenté et avait été finalement mis en examen par courrier le 23 mai.

En mars, les juges l'avaient notamment interrogé sur des versements suspects fin 2011, en pleine campagne du Qatar pour obtenir l'organisation des Mondiaux d'athlétisme 2017.

A quelques jours du vote, le fonds "Oryx Qatar Sports Investment" (QSI) -fondée par Khalid Al-Khelaïfi, qui gère les affaires de son frère Nasser- avait versé au total 3,5 millions de dollars à Pamodzi, une société de marketing sportif détenue par Papa Massata Diack.

Ce Sénégalais, surnommé "PMD", était alors le responsable exclusif des droits marketing de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), présidée de 1999 à 2015 par son propre père Lamine Diack. Ce dernier est mis en examen dans cette enquête et son fils est recherché par la justice française depuis plusieurs années.

Les magistrats cherchent à déterminer si, en contrepartie de ces versements, Lamine Diack a favorisé les candidatures qataries d'une part en appuyant le report des dates d'organisation des compétitions, compte-tenu des températures élevées au Qatar, et d'autre part en obtenant auprès de membres de l'IAAF des votes favorables lors de la sélection.

Doha ne sera finalement pas retenue pour 2017 mais obtiendra les Mondiaux-2019, les juges y soupçonnant un rattrapage du potentiel pacte de corruption.

En mars, Nasser Al-Khelaïfi avait expliqué qu'en 2011 il n'était pas au courant de ces versements d'"Oryx QSI", société détenue aujourd'hui à égalité par les deux frères, selon son interrogatoire dont a eu connaissance l'AFP. Il avait toutefois fourni le contrat, non signé et non daté, censé justifier ces versements.

Occupé à l'époque par le rachat du PSG, "je n'ai été impliqué à aucun niveau, ni dans les discussions, ni dans l'organisation des Championnats du Monde, ni ceux de 2017, ni ceux de 2019", avait-il alors affirmé.