NETTALI.COM – Décrivant l’état des libertés publiques, Maitre Assane Dioma Ndiaye parle de violation systématique de la présomption d’innocence. Selon la robe noire, au Sénégal, n’importe qui peut être arrêté pour se retrouver en prison. Par ailleurs, sur l’affaire des 94 milliards, le président de la Ligue sénégalaise des droits humains évoque le mérite d’Ousmane Sonko et relève dans l’émission Objection de ce dimanche, les incohérences et imperfections de la commission d’enquête parlementaire.

« Ousmane Sonko est logique dans sa conception. Il a déposé une plainte, il estime qu’il y ‘a des faits qui sont caractéristiques d’infraction pénale. Quand il saisit le procureur et que le procureur ne donne aucun crédit à cette plainte, il ne peut se rabattre sur une commission parlementaire qui n’a aucune prérogative juridictionnelle. La commission n’a pas pour vocation de juger et de dire que tel à raison ou pas. L’enjeu d’une commission départementale est d’essence démocratique. Comment éclairer les citoyens, faire des recommandations et dire attention ce qui s’est passé c’est ça », a laissé entendre Me Assane Dioma Ndiaye. Non sans ajouter que le leader de Pastef a bien fait de tirer sur la sonnette d’alarme.

« Les 94 milliards, cet argent qui est sorti aurait dû rester dans le Trésor et servir aux projets de développement. Maintenant, si Ousmane Sonko estime qu’il a des bases raisonnables pour porter plainte devant le juge parce qu’il pense qu’en sortant cette somme, c’est parce qu’il y a eu des dessus, des pots de vin. Le mérite d’Ousmane Sonko s’il n’avait pas tiré sur la sonnette d’alarme peut-être que les 94 milliards seraient intégralement sortis. Mais aujourd’hui, au moins sans avoir la preuve que tous les 94 milliards ont été payés, il y a au moins deux chiffres, l’un avancé par l’Etat 3 milliards et quelques et 46 milliards. Donc, je pense que ça serait mieux que la justice s’en saisisse et là on saurait ce qui s’est passé », recommande l’expert en droit.

En outre, l’invité de Baye Oumar Gueye n’a pas été tendre avec la justice sénégalaise. Interpellé sur l’affaire Khalifa Sall, Me Assane Dioma Ndiaye regrette le rejet du rabat d’arrêt par la Cour Suprême.

« C’est une décision taillée sur mesure, tout le monde peut être arrêté par seulement le fait du principe d’innocence, tout le monde est en sursis », alerte le président de la Ligue sénégalaise des droits humains.

Autre anomalie décelée par Me Assane Dioma Ndiaye dans le fonctionnement de la justice sénégalaise, c’est l’arrestation de Guy Marius Sagna.

 « On est aux antipodes de la légalité. Un citoyen qui est arrêté, à qui on a d’abord reproché un certain nombre de post. Au finish, on s’est rendu compte que ces post ne réclamaient pas d’éléments constitutifs d’une infraction quelconque. Finalement, on est allé chercher un post qui a semble-t-il, été publié par son mouvement », regrette-t-il avant de revenir sur la qualification des faits.

« Pour ce qui est de la qualification des faits, le parquet est passé complètement à côté. Quand on parle de fausse alerte, c’est donner une information précise par rapport à une attaque terroriste. Cela ne doit pas relever de l’hypothétique et de l’aléatoire. C’est un fait précis qui peut être de nature à créer une psychose, dans le post visé, on est dans l’analyse politique », conclut-il