NETTALI.COM - Symboliquement lancée le 7 juillet dernier au Niger, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) suscite déjà un débat intellectuel passionnant. Des experts africains rappellent que des préalables devaient être posés avant de recourir à ce mécanisme.  

De l’avis de l’économiste Ndongo Samba Sylla, les pays signataires de l’accord se lancent dans un « pari risqué », car « de nombreux préalables n’ont pas été posés Dans un entretien exclusif avec l’Agence de presse africaine (APANEWS), il pense que « les pays africains auraient dû passer en revue la théorie économique, regarder les faits historiques et situer tout cela par rapport aux caractéristiques du continent ».

Il croit savoir qu’avant de se lancer dans le libre-échange, il faut une monnaie de commerce.

Le mieux, pour M. Sylla, est de se doter d’infrastructures dignes de ce nom, car les barrières tarifaires et non tarifaires ne constituent pas le principal obstacle au commerce intra-africain.

Le co-auteur de l’ouvrage « L'arme invisible de la Françafrique. Une histoire du franc Cfa », de se baser sur une étude du Fonds monétaire international (FMI) pour souligner que le développement des infrastructures en Afrique a quatre fois plus d’impact que le démantèlement des barrières commerciales.

Ndongo Samba Sylla, qualifie ainsi la ZLECA de projet « afro-libéral ». « On se retrouvera avec des Etats dénationalisés au plan économique, incapables d’utiliser les tarifs douaniers pour protéger certains secteurs et dépourvus de politique monétaire autonome parce qu’étant dans une zone monétaire où ils ne décident de rien », alerte celui qui est en première ligne dans le combat contre le F Cfa.

« Ce sont les pays déjà industrialisés qui font du libre-échange. (…) Tous les pays qui se sont développés, l’ont été grâce au protectionnisme. Ce n’est qu’après leur industrialisation, qu’ils se sont mis à vanter les mérites du libre-échange. Et même après cela, ils continuent à dresser des barrières protectionnistes pour certains secteurs clés », ajoute-t-il.

« L’idée de base du panafricanisme, c’est que l’intégration politique est le point de départ de l’intégration économique. Quant aux afro-libéraux, ils disent intégrons-nous à travers les marchés et l’unité politique viendra après  », conseille-t-il, aux chefs d’Etat africains.