NETTALI.COM - La dernière polémique née du contentieux entre Elimane Kane et son employeur qu’est l’ONG Oxfam au delà des passions qu’elle a suscitées méritent de notre part une lucide réflexion.
En effet, ces organisations ont leur propre agenda et leur propre matrice d’actions prioritaires définies selon leurs objectifs et ceux de leurs bailleurs. Nos Etats leur offrent un cadre juridique, fiscal et diplomatique leur permettant d’implémenter leurs projets et activités.
Par la force des choses et aussi à cause de la défaillance des pouvoirs publics, elles occupent la place devenue vacante du fait d’une désertion des responsabilités par ceux qui avaient la légitimité régalienne de les prendre en charge.
L’Afrique est devenue un terreau fertile pour les ONG car elle leur offre de la pâte à modeler et des opportunités de déploiement. La mal gouvernance, les carences dans les domaines de la santé et de l’éducation, les problèmes démographiques et environnementaux, le manque d’une vision stratégique de développement ont ouvert un boulevard aux ONG qui ont ainsi fait de nos pays une zone de prédilection par excellence. Beaucoup de bailleurs conscients du mauvais usage fait de leurs financements se sont détournés de nos gouvernants pour ne plus voir leurs appuis budgétaires servir à engraisser des élites prévaricatrices et boulimiques en prébendes.
Il y a une logique implacable des relations entre les organisations, qui tient les cordons de la bourse, fixe fondamentalement le cap.
Et comme, nous sommes dans des contrées où les arbitrages ne mettent pas l’accent sur les priorités et l’équité sociale, les ONG ont finalement pu avoir une assise solide grâce à une stratégie de compensation de certains manquements. Dans certains endroits reculés du Sénégal, l’action de ces organisations a eu plus d’impact que celle de l’Etat central.
Au-delà du débat sur de telles structures, leurs agendas et les valeurs qu’elles promeuvent, il nous faut indubitablement remettre le curseur à l’endroit en faisant de ceux qui ont concouru et eu l’onction des populations les seuls garants et conducteurs de notre projet de société comme nous le souhaitons et en phase avec les aspirations profondes de la cité.
Le jour où nous parviendrons à lutter efficacement contre la corruption et la concussion en gérant de manière efficiente et cohérente nos deniers publics avec une comptabilité publique fidèle et dépouillée des scories de la surfacturation, nous pourrons sans nul doute nous passer des injonctions et même de la présence des ONG.
Tout notre mal est lié à notre système de gouvernance et à la cupidité de nos élites qui ne se préoccupent que très peu de l’intérêt général dans leur écrasante majorité.
La solution pour constituer des remparts et des boucliers devant préserver un modèle social conforme à notre système de valeurs ne passera que par une garantie d’un Etat de droit faisant de la bonne gouvernance son credo et de l’intérêt général son leitmotiv.
Ceci passera forcément par une lutte efficace contre la corruption et l’enrichissement illicite afin que nos avoirs puissent servir nos causes essentielles avant que d’autres ne viennent en sauveurs et nous imposer de facto leurs conditions et modalités d’accompagnement.
En fin de compte, nous nous rendons compte que nous sommes les seuls responsables de tout ce qui nous arrive car ceux qui bénéficient de notre confiance pour présider à nos destinées n’assument pas comme il se doit leur mission.
Une vigilance citoyenne alerte reste essentielle pour une prise en charge d’une telle préoccupation devenue capitale.

Sarakhe NDIAYE