NETTALI.COM - Une des célébrités du barreau dakarois, Me Moussa Sarr était l’invité de l’émission « Toute la Vérité », ce dimanche. Face à Pape Cheikh Sylla, la robe noire a proposé la mise en place d’un Conseil supérieur de la justice pour mettre fin à la polémique afférente à la présidence du Conseil supérieur de la Magistrature par le chef de l’Etat.

« Il peut se retirer du Conseil supérieur de la magistrature », recommande-t-il, à l’endroit du chef de l’exécutif. Toutefois, l’avocat a tenu à mentionner que cette place du président de la République dans le Conseil supérieur de la magistrature n’est pas « synonyme d’absence d’indépendance  de la justice». De l’avis de Me Sarr, il faut revoir la composition de ce conseil pour permettre à d’autres forces de la société d’y siéger, aux côtés des magistrats.

« Personne ne peut accepter une République des juges. Le principe de l’indépendance de la justice n’est pas de créer une République des juges. Mêmes les magistrats ne se battent pas pour une République des juges, ils se battent pour travailler dans des conditions d’indépendance », précise-t-il sa pensée.

« Nous avons une perception politique de l’indépendance de la justice »,  relève Me Moussa Sarr, faisant remarquer que ce débat ne survient que quand des hommes politiques sont poursuivis. A l’en croire, « l’une des plus grandes menaces sur l’indépendance de la justice, c’est le pouvoir d’argent ». L’invité de la Sen Tv de rappeler que « la corruption est un phénomène qui existe partout ». « Ce n’est pas le propre d’un secteur, ce n’est pas la particularité des praticiens du droit », rejette-t-il certains accusations. « C’est des enquêtes délicates avant d’aller dans le sens d’une accusation. Il n’est pas facile de rapporter la preuve », invite-t-il à la prudence ceux qui sont tentés de vouloir jeter le discrédit sur les magistrats.

L’avocat, sur un autre registre, a préconisé une meilleure délimitation des pouvoirs du procureur de la République.  « Dans notre système judiciaire, le procureur de la République a trop de pouvoirs », dira-t-il ; non sans souligner que ce dernier « ne doit pas délivrer des mandats de dépôt ». Pour lui, ce rôle doit être dévolu aux magistrats de siège, juges des libertés et de la détention.   Ainsi, il milite pour une réduction, à une année maximum, de la durée de la détention provisoire.

« Il faut que l’Etat revoie, à la hausse, le budget du ministère de la Justice », plaide encore Me Sarr. Qui souhaite une augmentation des moyens du personnel d’appui. « Ce personnel doit être mis dans des conditions décentes pour exercer correctement son travail », ajoute Moussa Sarr. « Pour l’essentiel, leurs revendications sont légitimes. L’Etat doit améliorer leurs conditions. Depuis plusieurs années, on fait la sourde oreille sur leurs revendications », défend-t-il la cause des greffiers, qui se signalent souvent par des mouvements d’humeur.