NETTTALI.COM - Ismaïla Madior Fall absent du gouvernement. La nouvelle avait étonné plus d'un. Et pourtant, ce départ n’est point la conséquence d’une détérioration des relations entre le chef de l’Etat et l’ex-garde des Sceaux. Ce dernier, nous a t-on soufflé, était dans le collimateur de puissants magistrat qui voulaient sa peau.

Le départ du gouvernement du  professeur Ismaïla Madior Fall en a surpris plus d’un. En plus d’avoir dirigé le ministère de la Justice d’une main de maître dans un contexte politique agité, le constitutionnaliste avait accompli toutes les missions que lui avait confié le Président, usant de ses talents de constitutionnaliste pour défendre avec une telle froideur, tous les chantiers liés à la constitution. Il a eu à défendre, notamment dans les médias, toutes les réformes engagées sans coup férir, et même contre l'avis de ses collègues, qui étaient en majorité en désaccord avec lui sur ses positions. Mais Isamela Madior n'en avait cure. Avec lui et le Président Sall, la confiance est absolue et celui-ci a fini par en faire son « juriste attiré ». Qui plus est, l'ex garde des sceaux n’est pas de ces jeunes loups aux dents longues habités par des ambitions politiques qui gêneraient le leader de l’Alliance pour la République. Pourquoi donc Ismaëla, a t-il été débarqué ?

NETTALI.COM est en tout cas en mesure de révéler que le souhait du président de la République n’a pas été pas de voir Madior Fall quitter l’attelage. En réalité, l’ex-garde des Sceaux fait les frais de l’atmosphère de méfiance maladive qui avait fini de s’installer entre certains pontes de la magistrature et lui. En clair, de hauts magistrats qui murmurent à l’oreille du président Macky Sall, auraient conseillé à ce dernier de changer de ministre de la Justice. Ces juges, selon nos sources, soupçonnaient le désormais ministre d’Etat de manœuvrer contre leurs intérêts, en voulant toucher au Conseil constitutionnel. De plus, l'on nous apprend que certains magistrats qui étaient des interlocuteurs privilégiés des autorités, ne voyaient plus d'un bon oeil l'ascension d'Ismael Madior ainsi que sa proximité avec le chef de l'Etat.

Macky a-t-il cédé à des pressions, au moment de décider du sort de Fall ? On peut le dire ainsi. Mieux, à force de creuser, il nous est revenu que les incompréhensions entre Ismaïla Madior et ces hauts gradés de la magistrature, sont antérieures à la présidentielle de 2019.  Il fallut que le chef de l’Etat fît montre d’autorité pour garder son ministre, qui aurait pu partir depuis longtemps.

En définitive, si le constitutionnaliste est retourné au Palais comme ministre d’Etat, c’est parce que le président Sall veut le mettre hors d‘atteinte d’un conflit périlleux, touchant à la vie des institutions. C'est en effet uniquement son titre qui a changé mais celui-ci va être encore plus proche du chef de l'Etat et continuera d'avoir l'oreille de celui-ci.

De même, Ismaëla Madior Fall ne semblait plus être dans les bonne grâces des notaires, en particulier les barons qui voyaient en lui, un ministre qui cherchait à initier la réforme de leur statut, tout en prenant l'option de créer de nouvelles charges de notaires avec les stagiaires.

A noter qu'Isamaël Madior Fall a géré tous les dossiers juridiques sensibles durant la gouvernance de Macky Sall. Le dossier mandat de 5 ans de Macky Sall est finalement passé à 7 ans. Un dossier qui avait soulevé un tollé, suivi d'un désaccord de la part d'une très grande partie des collègues du constitutionnaliste. Le référendum aussi avait fait grand bruit, la loi qui la soutendait, était en effet considérée, aux yeux d'une certaine opinion comme piégée et dans le but de ne laisser le moindre choix aux votants. La loi sur le parrainage citoyen avait aussi soulevé pas mal de passion, considérée par une bonne partie de l'opinion et de l'opposition politique, comme un moyen de réduire le nombre de candidats et aussi d'écarter certains, dans la foulée. La dernière actualité sur la possibilité d’un 3ème mandat et la nuance "en principe" du ministre sur la question, relevée dans une interview avec le journal EnQuiête et qui a tranché d'avec sa position passée, a soulevé un débat qui aujourd'hui, ne manque pas de laisser entrevoir l'option d'un 3ème mandat par le Président Sall, auprès d'une certaine opinion. Sur cette question aussi, le ministre a été vertement critiqué. Critiqué de toute part et faisant son travail avec une certaine froideur, Ismaël Madior a toujours la confiance du Président Sall.