NETTALI.COM - De l’enfance en caserne aux ponts des navires de combat, Oumar Wade incarne l’excellence militaire, forgée par l’effort, la constance et la maîtrise de soi. Sa nomination au poste de Chef d’Etat-major général des armées sénégalaises consacre une trajectoire faite de rigueur, de loyauté et de vertus silencieuses.
Chaque mot posé sur l’édifice du Vice-Amiral d’estrade Oumar Wade, tout juste promu Chef d’État-major général des Armées sénégalaises, s’apparente à une pierre précieuse enchâssée dans le marbre de sa destinée. L’homme incarne cette lignée rare d’officiers que le devoir cisèle avec la précision d’un orfèvre, un alliage subtil et impérieux de rigueur, de bravoure silencieuse et de verticalité morale.
Il y a d’abord l’enfance encasernée, surgissant comme un moule intransigeant, façonnant l’endurance et forgeant l’esprit de dépassement bien avant que l’ambition ne prenne forme.
Suit l’apprentissage du commandement, dans la poussière vibrante des cours d’honneur, là où les ordres résonnent et où s’inscrivent à jamais les valeurs cardinales.
Enfin, l’ascension s’accomplit, patiente et méritée, de celui qui ne doit rien au hasard mais tout à l’effort, à l’exemplarité et à la constance d’un homme qui trace sa trajectoire comme on grave une œuvre dans la pierre éternelle.
Cette grandeur-là, Cheikh Tidiane Kouyaté de la promotion 1984 du Prytanée militaire de Saint-Louis, la raconte sans emphase inutile, avec la lucidité de ceux qui connaissent les hommes depuis leurs premières armes. Sa parole éclaire un caractère : «Oumar Wade est mon aîné pour ne pas dire mon ancien de trois ans au Prytanée. Dans nos rapports, en tant qu’enfants de troupe, l’ancienneté compte énormément. C’est un cadre où la hiérarchie est fortement marquée et les liens qui nous unissent aux ancien sont solides puisqu'ils nous initient à la vie militaire dès notre entrée à l’école. Des rapports forts se tissent, indélébiles», témoigne-t-il.
Les premières armes d’une vocation
Cette fidélité au souvenir, cette précision dans le récit, disent déjà beaucoup. Il ne s’agit pas de flatter, mais d'attester, d’honorer une vérité vécue. Car C. T. Kouyaté ne parle pas seulement en ancien cadet. Il parle en témoin privilégié d’une excellence devenue destin. Et d’ajouter, cette fois avec une admiration qui affleure, presque teintée de fierté fraternelle : «Je connais Oumar depuis l’école. Oumar a toujours été brillant : à l’étude comme dans sa carrière d’officier. Il a accompli un parcours exemplaire dans la marine qui l’a mené au poste de Cemga aujourd’hui.»
Dans ces mots, il n’y a ni surprise ni miracle, seulement la reconnaissance du mérite. Comme si, pour ceux qui l’ont côtoyé dès l’adolescence, l’accession au sommet était moins une consécration qu’une suite logique. Le Vice-Amiral d’estrade Oumar Wade a simplement atteint la hauteur que son caractère, forgé par la discipline et l’exigence, commandait. Il s’impose aujourd’hui comme le premier marin à accéder au poste de Chef d’État-major général des Armées sénégalaises, consacrant ainsi une trajectoire hors du commun.
A l’école de la mer et du commandement
Formé à la discipline avant même d’avoir rêvé d’embrasser les flots, Oumar Wade accomplit, de 1981 à 1988, l’un des parcours les plus exigeants qu’offre la République : le Prytanée militaire de Saint-Louis. Là, s’affirme le socle, ascèse, endurance, loyauté, sur lequel se construira toute une destinée. En 1988, il rejoint officiellement les Forces armées du Sénégal au titre des classes préparatoires. Très vite, l’horizon se dégage vers le large : en 1990, il prend le cap de Brest, mythique sanctuaire de la formation navale française. Il y obtient le diplôme d’ingénieur, spécialité Énergie/Propulsion, science du mouvement, puissance maîtrisée, cœur technique des navires de combat. De 1993 à 2008, le marin se fait chef. Affecté successivement à divers bâtiments de la Marine nationale, il apprend la mer par tous les temps et sous tous les commandements, avant de recevoir les siens propres. Il sert à bord de plusieurs unités navales où il occupe des fonctions à la fois techniques et de commandement. Il dirige successivement la Vedette Côtière Rapide Sine-Saloum II, l’EDIC Falémé II puis le Patrouilleur de Haute Mer Njambuur. Il exerce également diverses responsabilités stratégiques en tant que commandant d’unité au Centre d’Instruction Naval et chef du service «Energie», notamment à bord du MS/Le Joola, du Phm Njambuur et du Phm Fouta.
L’expérience qui forge le chef
Son parcours, riche d’une longue expérience en mer, s’est aussi construit à terre où il a alterné les fonctions opérationnelles et décisionnelles : Chef du Bureau Emploi à la Division Opérations, officier adjoint au Chef de Cabinet du Cemga, Chef du Bureau Planification Opérations, Commandant en second du Groupement Naval Opérationnel, Observateur militaire à la Mission de l’Onu en République Démocratique du Congo, Chef de la Division Opérations à l’État-major de la Marine, puis Officier adjoint au Chef d’état-major de la Marine nationale. Il sera ensuite nommé Secrétaire général de la Hassmar avant d’accéder au poste de Chef d’état-major de la Marine nationale.
A la tête de la Marine, il conduit la mise en œuvre de la composante maritime du Format 2025 des Armées. Cette période se distingue par des avancées majeures : création et ouverture de l’École de la Marine nationale en juin 2022, finalisation du programme d’acquisition des trois patrouilleurs de haute mer type Walo, et mise en service des stations fluviales renforçant la sécurité des voies intérieures.
Le 10 avril 2023, il est promu Vice-amiral et nommé Chef de l’Etat-major particulier du Président de la République. Etoffée par une formation d’élite, sa trajectoire est jalonnée de diplômes et qualifications de très haut niveau. Diplôme de Qualification Supérieure de Sécurité, Spécialité Énergie-Propulsion, International Maritime Officers Course (Imoc), diplôme d’État-major interarmées (ACSC7, Royaume-Uni), qualification en Démobilisation-Désarmement-Réintégration, Brevet de l’École Supérieure de Guerre Navale (États-Unis), diplôme du Royal College of Defense Studies (Royaume-Uni) ainsi qu’un Master en Sécurité et Stratégies obtenu au King’s College de Londres. Le Vice-amiral Oumar Wade porte les distinctions honorifiques suivantes : Officier de l'Ordre national du Lion, Officier dans l’ordre du Mérite, Médaille d’honneur de la Marine nationale, Officier dans la Légion d’honneur française, Chevalier dans l’Ordre du Mérite maritime français. Il a également été décoré de la Croix du Mérite de la Guardia Civil dans sa catégorie d’Argent ainsi que de la Médaille de la Mission d’observation des Nations Unies pour la République démocratique du Congo.
La force tranquille d’un commandant en chef
Mais derrière ce palmarès éclatant, ce n’est pas la gloire ni la reconnaissance qui définissent l’homme. Sa grandeur se lit dans la maîtrise de soi, la force tranquille et l’intelligence des situations qu’il déploie au quotidien. «C’est une personne très humble, pondérée, qui ne parle pas beaucoup mais qui agit plus. C’est une bonne personne à tout point de vue. C’est quelqu'un d'extrêmement intelligent, très modéré et d’un commerce très facile. Il ne cherche pas à se faire voir. Mais derrière son calme, il est d’une très grande rigueur», renchérit C. T. Kouyaté. Une discrétion qui n’est ni effacement, ni réserve de façade : elle dit une maîtrise absolue de soi, une intelligence des situations, une force tranquille forgée dans la discipline militaire. Chez lui, le silence n’est jamais creux : il prépare la décision, précise la pensée, affine le geste.
Ce que confirme le Colonel Jean Paul Diockel Ndiaye : «J’ai effectué une mission en France avec lui. Dans l’avion on était côte à côte, mais il parle peu. Cependant, quand on l’interpelle dans le cadre du travail c’est quelqu’un qui a le commerce très facile. Il est généreux dans les idées. J’ai beaucoup appris de lui durant cette mission. Il ne sort jamais des mots pour ne rien dire». Dans les centres névralgiques du commandement comme sur les théâtres opérationnels, son autorité s’exprime dans l’efficacité, sa présence dans l’action, son aura dans l’exemple. Il est de ceux dont la voix compte d’autant plus qu’elle ne se hausse jamais. Un chef qui ne parle que lorsque chaque mot doit peser, toucher juste, et faire avancer.
«Il consacre généralement ses dimanches à son quartier d'enfance»
Cette maîtrise du silence et de l’action, cette capacité à faire parler ses actes plutôt que ses mots, ne se limite pas aux salles de commandement ni aux ponts des navires : elle irrigue également ses rapports humains, la manière dont il tisse et entretient ses liens les plus précieux. La même rigueur, la même fidélité et le même sens du devoir qui gouvernent ses décisions stratégiques guident ses relations personnelles et son engagement envers ceux qui l’ont accompagné depuis l’enfance. Ainsi, pour mesurer la profondeur de son humanité et la constance de ses attaches, il suffit d’écouter ceux qui l’ont connu dès les premières armes. Fallou Sèye, ami d’enfance et camarade de la promotion 81, ne se contente pas de témoigner. Il énonce, au nom de nombreux camarades, l’essence même de ce que représente le Vice-amiral Oumar Wade.
Chaque mot est chargé de fierté contenue, chaque phrase résonne comme l’écho d’une admiration forgée depuis les premières années de formation. Il déclare : «Le Vice-amiral Wade accorde une importance particulière aux relations humaines. Il consacre généralement ses dimanches à son quartier d'enfance et à sa famille, tout spécialement à ses parents, auxquels nous rendons ici un hommage appuyé. Les anciens enfants de troupe et ses camarades de promotion du Prytanée militaire de Saint-Louis, occupent une place privilégiée dans sa vie. Il apporte par ailleurs une contribution significative aux actions de solidarité menées au sein de sa promotion.»
Dès cette énumération, la force de l’homme se révèle dans le respect des origines et des liens forgés dans l’acier des années de formation. Chaque geste, chaque choix, chaque engagement témoigne d’une grandeur silencieuse, faite d’équilibre, de loyauté et de générosité, qui dépasse la simple mesure des grades et des distinctions. Comme pour accompagner le Cemga dans cette célébration de son exemplarité, Fallou Sèye conclut, avec la gravité et la solennité que commande un tel moment : «Nous lui souhaitons courage, abnégation et réussite dans les hautes responsabilités qui lui sont confiées au service exclusif de la Nation sénégalaise.» Une bénédiction quasi nationale, résonnant comme l’écrin symbolique de l’entrée en fonction du Vice-Amiral d’estrade Oumar Wade, le 12 février prochain, pour succéder à l’illustre Général d’armée Mbaye Cissé, admis à la deuxième section avec tous les honneurs et la reconnaissance de la République.






