NETTALI.COM - Le différend opposant la Direction générale des impôts et des domaines (DGID) à Woodside Energy entre dans une phase décisive. Après plusieurs mois de tensions, les deux parties sont convoquées devant le tribunal le 18 décembre. Une pièce maîtresse versée par le Fisc pourrait rebattre les cartes dans ce dossier à 41,47 milliards de francs CFA.

Le contentieux entre la DGID et Woodside Energy s’apprête à connaître une étape cruciale. Convoquées devant le tribunal ce 18 décembre, les deux parties devront défendre leurs positions après un renvoi ferme prononcé lors de la dernière audience. Cette fois, Woodside est tenue de déposer ses observations, un moment déterminant pour la suite de la procédure.

Selon nos informations, la DGID a ajouté au dossier un document jugé stratégique : une lettre signée par Abdoulaye Daouda Diallo, alors ministre des Finances et du Budget, adressée à la ministre du Pétrole et des Mines, Sophie Gladima. Cette correspondance analyserait l’impact fiscal de la cession totale des droits et intérêts de Far Sénégal RSSD au profit de Woodside Energy.

Dans cette lettre, Abdoulaye Daouda Diallo affirme sans ambiguïté que la cession effectuée par Far Sénégal « ne bénéficie d’aucun dispositif dérogatoire » au Code général des impôts. En clair, l’opération est entièrement soumise au régime fiscal de droit commun. Une précision qui va directement à l’encontre de la défense de Woodside, laquelle soutenait que la transaction échappait à tout redressement fiscal.

Pour la DGID, ce document conforte son argumentaire et réduit les marges de contestation de la compagnie pétrolière australienne.

Au cœur du litige se trouve un montant colossal : 41,47 milliards de francs CFA. Woodside conteste la somme réclamée par le Fisc depuis 2023 et cherche à faire annuler les titres de perception émis à son encontre. L’entreprise a porté l’affaire devant le tribunal de Dakar, puis devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), sous l’égide de la Banque mondiale.

Le différend ne se limite plus au cadre national. L’arbitre italien Attila M. Tanzi, choisi par le Sénégal, a accepté sa mission le 18 septembre 2025. La procédure, enregistrée au CIRDI depuis le 30 mai 2025, oppose l’État sénégalais — représenté par le cabinet Gide — à Woodside Energy, assistée par Herbert Smith Freehills Kramer.

La bataille fiscale s’étend désormais sur deux fronts : judiciaire au Sénégal et arbitral à l’international. Les conclusions que déposera Woodside le 18 décembre pourraient conditionner la suite de ce long bras de fer, dont l’enjeu dépasse largement le cadre financier pour toucher à la gouvernance du secteur pétrolier sénégalais.